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Allié ou rallié politique : De qui se moque Souleymane Ndéné Ndiaye ?

COUP DE GUEULE
Samedi 6 Mai 2017

Il est vrai que, prisonnier de ses déclarations irréfragables sur la transhumance, Jules Ndéné à travers des justifications vaseuses et enquiquinantes cherche à se blanchir devant une opinion qui a fini de se faire une opinion négative sur sa personne, sa personnalité et ses convictions.


La cellule de communication de l’Union Nationale pour le Peuple UNP /Bokk Jëmù, parti dirigé par Souleymane Ndéné Ndiaye a sorti ce jeudi 27 avril 2017 un communiqué dans lequel elle essaie en vain de justifier la décision amorale de leur leader de rejoindre le camp présidentiel. «Ce qui a le plus pesé sur la balance de la décision prise reste la fin des propos de Monsieur Macky Sall quand il dit que c’est pour l’intérêt du pays. Au-delà des relations d’amitié, de parenté ou autres, l’appel à la construction du Sénégal est plus fort que tout» justifie-t-elle dans ledit communiqué. Et cela ne suffisant pas pour justifier ce ralliement, cette alliance ou cette transhumance de leur mentor, les  communicants de Jules Ndéné ajoutent que «de hautes personnalités du pays, religieuses ou politiques, leur ont fait l’amabilité d’appeler pour donner leur avis qui n’était autre chose que d’accepter».

Last but least, la cellule de com de l’UNP, pour mettre le holà à la palanquée de philippiques qui pleuvent sur Ndéné, évoque le passé politique d’Abdoulaye Wade quand dans les années 90 le président Abdou Diouf mettait en place le gouvernement de majorité présidentielle élargie (GMPE). Je la cite :
«Lors de crises qui ont secoué le Sénégal entre 1981 et 2000, le président de la République d’alors Abdou Diouf et son remplaçant à la tête du pays, Me Abdoulaye Wade se retrouvaient autour de l’essentiel : l’intérêt national. C’est à partir de 1991 qu’il y a eu des retrouvailles. Rappelez-vous du gouvernement de majorité présidentielle de 1991. Du 08 avril 1991 au 18 octobre 1992, l’opposant Wade a été ministre d’Etat auprès du président de la République. Le dialogue a également prévalu au lendemain des élections de 1993 remportées par le candidat du PS, Abdou Diouf au 1er tour avec 58,40% aux dépens de Me Wade qui a engrangé 32,03%. C’est ainsi que le président Wade s’est retrouvé dans le gouvernement de Diouf entre 1995 et 1997 comme ministre d’Etat auprès du président de la République.»

Le fait de vouloir de faire dans la contorsion ou tortuosité politique pour justifier la transhumance larvée du dernier Premier ministre d’Abdoulaye Wade ne fait qu’enfoncer ce dernier. Soit les communicants de Ndéné prennent les Sénégalais pour des imbéciles (au sens de demeurés ou débiles), soit ils sont politiquement incultes au point de vouloir évoquer comparativement le contexte politique des années 80-90 qui n’a rien à voir avec celui que nous vivons aujourd’hui ; et cela aux seules fins de justifier une transhumance mal assumée.

Pour rappel, en 1979, le désastre économique était si abyssal qu’il fallait des mesures de réhabilitation pour remettre sur les rails notre économie exsangue. C’est ainsi qu’un Plan de stabilisation à court terme d’un an est mis en place en 1979; il sera suivi d’un Plan de redressement économique et financier (1980/85) et d’un Plan d’ajustement à moyen et long terme (1986-1992).
Selon les sources du document "L’état du Monde", «déjà en 1987 on vivait de grands bouleversements sociaux. C’est ainsi que la grève des de l’Ucad, déclenchée le 22 janvier 1987, aboutit à des confrontations entre étudiants et forces de l’ordre.

Plusieurs dizaines d’étudiants furent blessées. D’autres sont arrêtés. Et Jules Ndéné est un acteur de ces mouvements estudiantins qui ont donné le tournis au pPrésident Diouf. C’est dans la même année plus précisément le 13 avril 1987 où 6 265 agents de la police sénégalaise ont été radiés de leur corps professionnels pour avoir manifesté leur mécontentement. Donc le contexte social était explosif. A cela s’ajoutait une situation économique désastreuse. La dette extérieure du Sénégal a atteint 1,8 milliard de dollars en sus de la balance des paiements qui était déficitaire de 61,4 milliards de francs CFA.

Dans cette même année pré-électorale, il y a eu une effervescence politique avec une coalition de cinq partis de l’opposition politique en l’occurrence l’ADS (Alliance démocratique sénégalaise) dirigée par Abdoulaye Wade, leader du Parti démocratique sénégalaise (PDS). Ce dernier revendiquait un code électoral plus fiable pour l’organisation d’élections transparentes et démocratiques. Mais Abdou Diouf, dans une logique de fraudes, ne se pliait pas aux revendications de l’opposition. Ainsi le président sortant gagne les élections présidentielle et législatives avec des scores qui atteignent les 70%.

Le soir même du 28 février, des émeutes ont éclaté dans tout le pays ; des manifestants sillonnaient les rues de Dakar pour protester contre les fraudes qui, selon eux, avaient permis au parti gouvernemental et à son chef de l'emporter. Dès le lendemain, le président Abdou Diouf décrétait l'état d'urgence. Le couvre-feu était imposé à Dakar de 21 heures à 6 heures du matin ; les écoles primaires, les lycées et l'université ont été fermés ; tout rassemblement interdit. 120 personnes, dont Wade, ont été arrêtées. Le 8 mars 1988, celui-ci et douze leaders de l'opposition étaient inculpés "d'incitation à la violence et de manœuvres et actes de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques".

Le procès de Me Wade a eu lieu en mai, après avoir été reporté une première fois. Il a été condamné à un an de prison avec sursis. En juillet, cependant, le dialogue a semblé se renouer. Mais une table ronde ayant réuni le pouvoir et l'opposition échoua. Peu après, Me Wade quittait volontairement le pays jusqu’en mars 1989. L'accueil qui lui a été réservé à son retour fut triomphal. 

La situation est demeurée aussi tendue sur le front social. L'agitation séparatiste s'est poursuivie en Casamance, faisant des victimes parmi les forces de l'ordre et nécessitant l'envoi de renforts militaires dans la région. L'enseignement a connu une année blanche au bout de sept mois de grève. A cela s’est ajouté le conflit tragique qui a opposé le Sénégal à la Mauritanie en 1989.

Toutefois, l'opposition politique a continué à manifester, sans toutefois présenter un front très uni. Le 27 mars 1990, à un profond remaniement ministériel marqué surtout par le départ, longtemps réclamé par l'opposition, de Jean Collin, secrétaire général de la présidence de la République et ministre d'État. 

Et le 8 avril 1991, plusieurs opposants notoires, dont Me Abdoulaye Wade, leader du Parti démocratique sénégalais (PDS), ont ainsi été associés à la gestion du pays, dans le gouvernement d’Habib Thiam, nommé Premier ministre la veille.

Cet élargissement de la majorité présidentielle a visé à sortir le pays de la grave crise économique, sociale et politique dans laquelle il se débattait depuis plusieurs années. Wade et compagnie quittèrent le 18 octobre 1992, pour se consacrer à la bataille électorale.
Malgré un code consensuel obtenu en 1992 sous la direction de feu Kéba Mbaye, les élections de 1993 ne garantirent pas la transparence du scrutin.

Et c’est dans ce contexte de contestation électorale qu'est intervenu, le 15 mai suivant, l'assassinat de Babacar Sèye, le vice-président du Conseil constitutionnel. Unanimement condamné, cet acte prémédité a encore alourdi le climat politique, très tendu depuis la proclamation des résultats controversés de l'élection présidentielle. Le pouvoir fit procéder à l'interpellation de Me Wade et de trois autres responsables de son parti, et à son inculpation, le 1er octobre, pour complicité d'assassinat et d'atteinte à la sûreté de l'État.

La dévaluation du franc CFA intervint le 12 janvier 1994. Et le 16 février 1994, ce fut le massacre des policiers sur l’avenue Général De Gaulle avec comme conséquence, l’incarcération du leader du PDS pendant six mois. Après un non-lieu, Abdoulaye Wade prit part au nouveau gouvernement d’Abdou Diouf le 15 mars 1995 avec quatre ministères».

Ainsi vouloir comparer l’entrisme de Wade dans un contexte social, économique, politique surchauffé avec la transhumance déguisée de Souleymane qui attend d’être acté par des postes et prébendes, c’est insulter l’ingéniosité politique et le parcours courageux du chef historique du PDS qui ont débouché sur la première alternance démocratique du Sénégal.

Maintenant, quel est le seul fait d’arme politique qui autorise Jules Ndéné à vouloir assimiler son accointance avec Macky aux entrismes de Wade ?

Il est vrai que, prisonnier de ses déclarations irréfragables sur la transhumance, Jules Ndéné à travers des justifications vaseuses et enquiquinantes cherche à se blanchir devant une opinion qui a fini de se faire une opinion négative sur sa personne, sa personnalité et ses convictions. Libre à lui de transhumer, de rallier, de s’allier, de s’accointer avec son ami, frère, condisciple Macky Sall. Mais l’on n’acceptera pas qu’un renégat galvaude et falsifie l’histoire en se couvrant d’un manteau d’ange.

Serigne Saliou Guèye

 

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