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Guédiawaye, hors des clichés

COUP DE COEUR
Dimanche 8 Octobre 2017

1967-2017 : Guédiawaye, hors des clichés
 

Aujourd’hui 4ème ville sénégalaise la plus peuplée avec près de 350.000 habitants, Guédiawaye a 50 ans. C’est l’âge d’or d’une Cité-dortoir issue du déguerpissement d’anciennes habitations de Dakar dont le visage a beaucoup changé tout au long de ces cinq dernières décennies. En effet, de baraquements de déguerpis, Guédiawaye est devenu la ville aux cinq communes d’arrondissements (Sam Notaire, Wakhinane-Nimzatt, Golf Sud, Ndiarème Limamoulaye et Médina Gounass). Ce changement tarde à tordre le coup aux idées reçues négatives accolées à la cité de la mer qui chante. Pourtant, entre ses murs, il y a tant de mondes qui s’éveillent et ne rêvent pas de nouveaux horizons. Nous avons choisi de raconter l’histoire et la vie à Guédiawaye à travers les yeux de différentes personnes. Chacune est intimement liée à la ville. La première partie est consacrée à la genèse de Guédiawaye.

La première expérience urbaine du Sénégal indépendant
Pour évoquer la genèse de Guédiawaye, Ousseynou Faye jouit d’une certaine légitimité. Enseignant-chercheur au département d’Histoire de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar et travaillant sur les questions d’urbanité, M. Faye est l’auteur de « Dakar et ses cultures. Un siècle de changements d’une ville coloniale », publié en août 2017 chez l’Harmattan. Il habite Guédiawaye depuis 30 ans.
« Il n’existe pas encore de monographie spécifique sur l’histoire de Guédiawaye. On sait que de banlieue de Dakar, il est devenu une ville », informe l’universitaire Ousseynou Faye. Si l’écriture est en retard, les échos de l’oralité ont parcouru la nappe phréatique de certaines parties du quartier de Wakhinane, les hauteurs érigées du Lycée Limamou Laye et les espaces sablonneux des cités édifiées le long du littoral. Une oralité méthodologique qui évoque un « 1er » et de « 2ème Guédiawaye ». Il y a d’abord eu un premier lot des déguerpis à partir de 1967. Ce sont ces quartiers qui sont nommés « 1er Guédiawaye » en opposition aux recasements des années 1970 naguère appelés « 2ème Guédiawaye ».


« La création de la ville de Guédiawaye est à loger dans une tradition urbaine en matière de lotissements de recasement, reprend l’historien Ousseynou Faye. C’est une expérience qui a commencé avec la Médina. Il s’agit de populations qui ont été déguerpies du quartier du Plateau et du centre-ville de Dakar. L’expérience a été poursuivie avec la création de la Gueule Tapée et de Pikine. Réinstaller ailleurs des populations du centre-ville, c’est cette tradition urbaine qui est à l’origine de la création de Guédiawaye ».

Contexte
NdiarèmeC’est une mise en place qui prend le relai de la politique de la question urbaine pendant la colonisation. « Dans les années 1960, Senghor, après avoir vaincu le « péril rouge » du communisme, exerçait un présidentialisme froid après une réforme constitutionnelle (passage du régime parlementaire à celui présidentiel). Après le contrôle politique de la rue, Senghor s’est attaqué au contrôle social de la rue », analyse Ousseynou Faye. Mais la politique de déguerpissement découle également d’un constat. Avec la préparation du Festival mondial des arts nègres (Fesman) de 1966, les pouvoirs publics voulaient enlever « les laideurs et les balafres de Dakar qui étaient à leurs yeux les malades mentaux, les lépreux mais aussi tous les baraquements et habitats précaires ». Ville dortoir à ses débuts, la création de Guédiawaye est la première initiative urbaine des autorités sénégalaises post indépendance contrairement, par exemple, à la Médina, une installation décidée par les colons.

Investissements de peuplement
Les populations, une fois installées, se sont approprié leurs lieux de résidence. Nimzatt Topito est devenu, par exemple, quartier Cheikh Wade même s’il y a la survivance d’anciens noms comme Angle Mouss, Baye Gaïndé, Wakhinane. Une installation qui n’a pas respectée les standards des investissements de peuplement que sont les routes bitumées, les éclairages de rues, les évacuations des eaux usées et de pluie, la construction d’hôpitaux, de marchés, etc. 50 ans après, malgré quelques esquisses, la création de piliers d’une citadelle continue de souffrir de manquements.

Installation
Les premiers déguerpis de 1967 sont les populations habitant Baye Gaïndé (actuel Hlm 1 & 2). Ils sont installés dans ce qu’on appelait jadis « 1er Guédiawaye ». « Ce sont les quartiers situés autour des arrêts « Double Less » et « Dial Mbaye » jusqu’aux actuels Hlm Las Palmas. Alors que les recasés des années 1970 ont quitté Nimzatt Topito de Dakar pour s’installer dans les quartiers actuels de Cheikh Wade, de Whakhinane ou de Angle Mouss », renseigne Ousseynou Faye. Pour ce dernier, qui habite Hamo IV de Guédiawaye depuis 1987, même s’il avoue y passer ses week-ends depuis 1975, la création de la ville répondait à plusieurs objectifs. « Le premier était de décongestionner et d’assainir Dakar en essayant de construire de nouvelles habitations qui donneront par la suite les Hlm. Le deuxième objectif devait permettre à un ensemble de propriétaires d’accéder aux titres de propriété officiellement établis. Alors que le troisième but était de réunir les conditions afin de respecter le réglementarisme hérité de la colonisation. Il s’agissait aussi de faire en sorte que la citadinité soit portée par toutes ces populations d’ex-déguerpis avec l’aménagement de fontaines publiques, par exemple. Enfin, avec le recasement des baraquements, les autorités publiques envisageaient de faire rayonner le tourisme car l’habitat précaire était une laideur. Dakar devait être la vitrine du succès de la ville africaine, du Sénégal indépendant ».

Par Moussa DIOP

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