Cent jours suffisent pour constater que vous êtes victime de votre amour pour le Sénégal. Qu’il me soit permis de vous adresser cette missive dont mon cœur a dicté les lignes. Je m’assume en assumant les conséquences qui en découleront. Nous sommes dans une phase qui ne saurait profiter aux arrivistes. Le temps se charge de dévoiler les manœuvres des opportunistes. Dieu arbitrera !
Cent premiers jours permettent aux hommes de juger les actes pour mieux jauger la pertinence du choix des hommes investis de la confiance de leurs concitoyens. Pour vous compte, M. le Maire, c’est la sérénité devant tant d’injustices qui l’emporte.
Durant mon enfance, les hommes m’ont fait voir en la prison une souillure qui suit, jusque dans l’au-delà, toute personne qui y séjournerait. En cela seulement, j’avais peur de ceux qu’on élargissait. Coupable ou innocent ? Qu’importe !
En lisant, il y a sept ans, les dernières lignes de L’étranger, j’avais dit à ma tendre mère, Bertine qu’un séjour carcéral ne saurait m’ébranler. Oui, Meursault est en chacun de nous. Ce n’est pas le marginal, mais la victime de l’acharnement d’une certaine forme de justice qui m’intéresse.
« Dieu. L’âme. La responsabilité. Cette triple notion suffit à l’homme. Elle m’a suffi. C’est la religion vraie. J’ai vécu en elle. Je meurs en elle. Vérité, lumière, justice, conscience, c’est Dieu. Deus, Dies.»
Tel est le sens de la vie de mon maitre spirituel, Victor HUGO.
En cette nuit du 07 mars 2017, je me suis dit, dans la solitude de ma chambre : je peux être emprisonné!
Votre seul exemple m’a instruit de la bêtise humaine dans laquelle excellent les carriéristes.
Ils ont mobilisé d’immenses ressources pour entacher votre honorabilité. S’offrant au spectacle ridicule, ils ont montré au peuple sénégalais l’extrême amateurisme de celui qui s’acharne à vouloir noyer un poisson.
Vous aviez dignement franchi les portes de la prison de Rebeuss, tournant le dos, non à la liberté, mais à l’infamante compromission à laquelle ils ont voulu vous engager. Merci pour cet acte de courage et d’honneur.
«A Athènes, on conduisait au supplice Aristide, et tous les gens qui le croisaient baissaient les yeux et gémissaient, sentant qu’on s’attaquait là non pas à un homme juste mais à la justice même ; il se trouva pourtant quelqu’un pour lui cracher au visage. Il aurait pu être affecté parce qu’il savait qu’aucun homme à la bouche pure n’aurait osé le faire. Mais non ; il se nettoya le visage et dit en souriant au magistrat qui l’accompagnait : «Demande à cet individu de ne pas bailler aussi malencontreusement la prochaine fois.»
C’est Sénèque qui, dans ses Consolations, le rappelait à sa tendre mère, Helvia qui peinait à supporter l’exil ordonné du fils par Claude.
Il faut de la folie dans certains actes pour mieux rehausser le degré de splendeur d’une honorabilité à laquelle ils s’attaquent. En votre qualité d’homme de culture qui enseignait les hauts faits de civilisation aux apprenants m’amène à ne pas étaler des exemples.
Vos geôliers ont pactisé avec le diable. Leur inculture les privent de percevoir le lumineux sens de la sérénité.
Vous aviez compris autant que Dr. Babacar DIOP, Secrétaire Général de la JDS que «Si Victor Hugo a écrit Les Misérables, un message universel destiné à tous ceux qui ont un cœur d’homme, c’est pour défendre les droits de ceux qui sont réduits à vivre dans l’obscurité de la misère.»
C’est dans cet élan que vous aviez accepté d’aller en prison que de dévoiler les noms de ceux et celles qui ont bénéficié de l’appui de votre institution.
Mon engagement pour les valeurs du socialisme trouve sa raison sous le toit de mon père. C’est dans mes débuts de lycéen que mon oncle, feu Balla Moussa NDAO a béni mon choix de vivre sous les couleurs du Parti Socialiste. Aujourd’hui, je suis au regret de constater avec vous des tentatives de certains à vendre l’âme socialiste pour des sinécures. Fort heureusement, il existe toujours des militants pour un P.S debout et intègre. Mon défunt oncle m’a inculqué des principes et convictions. L’un d’eux c’est le courage de mes idées dont je dois faire montre en toute circonstance.
Dans votre cellule où il vous est interdit de prendre part à la prière en public dans la mosquée de la prison, acte pourtant encouragé par le prophète de l’Islam, vous pouvez faire vôtres ces lignes de Sénèque : « Jamais ta tendresse ne s’est souciée de tes intérêts : tu ne peux donc pas regretter en la personne de ton fils qui t’a été enlevé, des avantages dont tu n’as jamais considéré qu’ils te concernaient, du temps où il avait la jouissance de tous ses droits. »
Votre étoile brille et brillera toujours par la grâce du Tout-puissant.
Ibou Dramé SYLLA
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