En réaction au rapport de la Cour des comptes, qui fait grand bruit au Sénégal, Aymerou GNINGUE, ancien député et ex-président du Groupe parlementaire Benno Bokk Yakaar, a tenu à relativiser son impact. Il appelle à une lecture critique et dépassionnée du document, insistant sur la nécessité d’une analyse plus globale de la gestion des finances publiques.
Selon lui, il ne faut pas se contenter d’un instantané de la situation budgétaire du pays. « Un rapport est une photographie d’un moment donné. Pour mieux comprendre la gestion des finances publiques, il faut une analyse dynamique, en confrontant les données de 2019 à 2024 », a-t-il affirmé, plaidant ainsi pour une mise en perspective des chiffres avant tout jugement définitif.
L'Assemblée nationale et la gestion budgétaire
Revenant sur le rôle de l’Assemblée nationale, Aymerou Gningue rappelle que le vote du budget et son exécution sont suivis de l’adoption de la loi de règlement, une procédure qui repose sur les rapports de conformité établis par la Cour des comptes. « Tant que j’ai été à l’Assemblée nationale, nous avons toujours voté la loi de règlement sur la base de rapports de conformité en bonne et due forme », a-t-il précisé, soulignant ainsi l’importance du cadre institutionnel existant.
L’ancien parlementaire ne nie pas la possibilité d’irrégularités, mais il appelle à ne pas faire de ce rapport un prétexte pour bloquer le pays. « Si des malversations sont avérées, identifions les responsables et traduisons-les en justice. Mais que le Sénégal ne soit pas paralysé par un débat qui ne fait pas avancer les conditions de vie des citoyens », a-t-il martelé.
Une administration trop politisée ?
Aymerou GNINGUE met également en garde contre la politisation de l’administration. Selon lui, les fonctionnaires doivent être des techniciens neutres et indépendants, capables de travailler sous tous les régimes. « Depuis que la fonction publique s’est politisée, nous avons perdu en rigueur administrative. Cela fragilise nos institutions et risque de plonger notre pays dans l’instabilité », a-t-il averti.
Quelle crédibilité pour la Cour des comptes ?
Enfin, il invite à examiner la cohérence des rapports de la Cour des comptes des dernières années. « Il faut voir ce qui a été dit en 2019, en 2020, en 2021... Si des contradictions majeures existent, alors la question de la crédibilité de ces rapports se posera également », a-t-il estimé.
Face aux nombreuses réactions que suscite le rapport 2024, Aymerou GNINGUE appelle à la prudence et à la responsabilité. Pour lui, les mesures correctives doivent être prises si nécessaire, mais sans freiner la marche du pays ni donner prise aux instrumentalisations politiques.