
En pointant ceux qui, selon lui, se découvrent une conscience politique après avoir longtemps profité du pouvoir, le Premier ministre adresse un message ferme : la rupture ne saurait être une posture opportuniste. Son intervention prend alors l’allure d’un rappel à l’ordre pour ceux qui, malgré leur ralliement à la nouvelle majorité, traînent un passé politique difficilement compatible avec les valeurs de « refondation » et de « souveraineté » défendues par le nouveau pouvoir.
Cette sortie, aussi elliptique soit-elle, révèle les tensions internes qui minent la cohésion de l’attelage gouvernemental. Aminata Touré, bien que promue à un poste stratégique, incarne aux yeux de certains militants du projet Sonko-Diomaye le symbole d’une élite politique « recyclée », perçue comme un frein à une rupture véritable avec les pratiques de l’ancien régime.

En creux, les propos du chef du gouvernement tracent une ligne de fracture entre deux courants :
– Ceux qui prônent une rupture radicale, sans compromis avec les figures du passé ;
– Et ceux qui défendent une transition pragmatique, intégrant d’anciens cadres pour préserver la stabilité.
Ce clivage grandissant vient brouiller le message de renouvellement porté par le président Diomaye Faye, qui cherche à concilier gouvernance responsable et transformation structurelle.
Le tacle de Sonko agit donc comme un signal politique, adressé à ses soutiens comme à ses partenaires : la légitimité dans ce nouveau cycle ne se décrète pas, elle se construit par la cohérence des trajectoires et l’adhésion réelle au projet de rupture. Un avertissement, à peine déguisé, pour celles et ceux dont l'engagement dans la nouvelle dynamique pourrait n’être qu’un simple calcul politique.