
Présent à Londres au forum Africa Debate, le directeur du département Afrique du FMI a appelé Dakar à plus de transparence budgétaire. L’institution conditionne désormais tout soutien financier à la publication de données fiables, après les révélations d’un déficit largement sous-estimé sous le régime précédent.
Réunis à Londres lors du forum Africa Debate, les dirigeants africains et représentants d’institutions financières ont fait face à un sujet brûlant : la soutenabilité des dettes publiques sur le continent. C’est dans ce cadre qu’Abebe Aemro Selassie, directeur du département Afrique du Fonds monétaire international (FMI), a tiré la sonnette d’alarme concernant le Sénégal.
Dans une déclaration relayée par Reuters, il a évoqué « des zones d’ombre » dans la gestion budgétaire de l’ancien régime sénégalais, affirmant que le FMI attend des chiffres consolidés et des explications détaillées avant d’envisager la reprise de sa coopération. « Nous restons engagés, mais nous avons besoin d’informations fiables », a-t-il déclaré.
Depuis l’alternance de mars 2024, le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye a lancé un audit complet des finances publiques. Résultat : le déficit budgétaire et le niveau d’endettement auraient été largement sous-évalués par l’administration précédente. Alors que les chiffres officiels évoquaient un ratio dette/PIB de 74 % fin 2023, les estimations réelles se situeraient autour de 100 %, soit près d’un quart de dette dissimulée.
Cette situation qualifiée de « dette cachée » remet en cause la crédibilité des rapports transmis aux bailleurs internationaux, et explique en partie la suspension partielle des décaissements du FMI depuis 2023.
Dans ce contexte, le Fonds conditionne la reprise complète de son programme d’assistance financière à une clarification rapide de la situation budgétaire. « Nous espérons avancer aussi vite que possible, mais la transparence est une condition non négociable », a insisté Abebe Selassie.
Le dialogue technique entre Dakar et le FMI se poursuit, mais aucune décision ne sera prise sans la finalisation de l’audit et la présentation d’un plan d’assainissement crédible.
Le gouvernement sénégalais s’apprête à réformer sa stratégie de gestion de la dette, tout en renforçant les efforts pour mobiliser davantage de ressources fiscales internes. Selon plusieurs experts présents à Londres, la confiance des bailleurs et des investisseurs dépend désormais de la capacité du Sénégal à restaurer la sincérité de ses comptes et à faire preuve d’une transparence irréprochable.