Depuis plusieurs mois, le rapport de la Cour des comptes est brandi comme une arme politique. Il a permis d’exposer les dérives du passé, notamment celles liées aux dettes extrabudgétaires. Mais au lieu de s’en servir pour construire une nouvelle gouvernance financière, le gouvernement actuel semble reproduire des pratiques opaques, tout en désavouant une institution républicaine essentielle. Contrairement à ce que son nom pourrait laisser croire, la « dette cachée » n’est pas une dette introuvable. C’est une dette tenue volontairement en dehors du budget officiel de l’État — souvent portée par des entreprises publiques ou adossée à des garanties implicites. Ce mécanisme, courant dans certains pays, est devenu au Sénégal une méthode de contournement systématique des règles budgétaires.
Le rapport de la Cour des comptes, publié en février 2025, est clair : la dette publique réelle héritée s’élèverait à 18 558,91 milliards FCFA, soit 99,67 % du PIB, contre 74 % officiellement déclarés au FMI un an plus tôt. Ce n’est pas tant le montant qui choque, mais la dissimulation. Pendant des années, le peuple sénégalais a été tenu dans l’ignorance de ces engagements. On aurait pu espérer que l’alternance politique de mars 2024 inaugure une ère de transparence, de rupture avec les dérives passées. Mais entre avril et décembre 2024, la dette publique grimpe à 119 % du PIB. Aucune réforme structurelle n’est engagée. Aucun mécanisme de transparence n’est mis en place. Pire : alors que la Cour des comptes expose les pratiques opaques, le nouveau pouvoir choisit de la marginaliser.
Le recours à un audit externe confié au cabinet privé Mazars, sans débat public ni publication du contrat, constitue un désaveu grave envers la Cour des comptes. C’est un signal dangereux : comme si les institutions nationales n’étaient plus dignes de confiance. Mazars est une entreprise privée, sans mandat démocratique. Son objectif n’est pas d’informer les Sénégalais, mais de rassurer les bailleurs internationaux. Elle ne rendra aucun compte à l’Assemblée nationale, ni à la société civile. Quels seront les usages futurs de nos données économiques sensibles ? Dans un monde de compétition féroce et de guerre économique, cette externalisation est non seulement humiliante, elle est aussi risquée. Renforcer la Cour des comptes ne relève pas d’un luxe institutionnel. C’est une exigence démocratique. C’est elle — et non une multinationale de conseil — qui doit incarner l’autorité morale et juridique en matière de contrôle des finances publiques.
Nous demandons : L’annulation immédiate du contrat avec Mazars ; La réaffirmation du rôle exclusif de la Cour des comptes comme organe d’audit républicain ; L’adoption d’une loi de transparence sur les dettes extrabudgétaires, incluant plafonds, suivi parlementaire et débat annuel ; La création d’une plateforme publique de suivi en temps réel des dettes, garanties et remboursements de l’État ; Et surtout, un renforcement massif des moyens humains, techniques et juridiques de la Cour des comptes. Le peuple sénégalais n’a pas voté pour une délégation de souveraineté. Il a voté pour la transparence, la justice et la vérité.
Il est temps d’agir dans ce sens. Pas pour humilier nos institutions. Mais pour les honorer.
Le rapport de la Cour des comptes, publié en février 2025, est clair : la dette publique réelle héritée s’élèverait à 18 558,91 milliards FCFA, soit 99,67 % du PIB, contre 74 % officiellement déclarés au FMI un an plus tôt. Ce n’est pas tant le montant qui choque, mais la dissimulation. Pendant des années, le peuple sénégalais a été tenu dans l’ignorance de ces engagements. On aurait pu espérer que l’alternance politique de mars 2024 inaugure une ère de transparence, de rupture avec les dérives passées. Mais entre avril et décembre 2024, la dette publique grimpe à 119 % du PIB. Aucune réforme structurelle n’est engagée. Aucun mécanisme de transparence n’est mis en place. Pire : alors que la Cour des comptes expose les pratiques opaques, le nouveau pouvoir choisit de la marginaliser.
Le recours à un audit externe confié au cabinet privé Mazars, sans débat public ni publication du contrat, constitue un désaveu grave envers la Cour des comptes. C’est un signal dangereux : comme si les institutions nationales n’étaient plus dignes de confiance. Mazars est une entreprise privée, sans mandat démocratique. Son objectif n’est pas d’informer les Sénégalais, mais de rassurer les bailleurs internationaux. Elle ne rendra aucun compte à l’Assemblée nationale, ni à la société civile. Quels seront les usages futurs de nos données économiques sensibles ? Dans un monde de compétition féroce et de guerre économique, cette externalisation est non seulement humiliante, elle est aussi risquée. Renforcer la Cour des comptes ne relève pas d’un luxe institutionnel. C’est une exigence démocratique. C’est elle — et non une multinationale de conseil — qui doit incarner l’autorité morale et juridique en matière de contrôle des finances publiques.
Nous demandons : L’annulation immédiate du contrat avec Mazars ; La réaffirmation du rôle exclusif de la Cour des comptes comme organe d’audit républicain ; L’adoption d’une loi de transparence sur les dettes extrabudgétaires, incluant plafonds, suivi parlementaire et débat annuel ; La création d’une plateforme publique de suivi en temps réel des dettes, garanties et remboursements de l’État ; Et surtout, un renforcement massif des moyens humains, techniques et juridiques de la Cour des comptes. Le peuple sénégalais n’a pas voté pour une délégation de souveraineté. Il a voté pour la transparence, la justice et la vérité.
Il est temps d’agir dans ce sens. Pas pour humilier nos institutions. Mais pour les honorer.