Alioune Badara Cissé met le feu sur l'administration

GUEST EDITORIALISTE
Lundi 26 Février 2018

Me Alioune Badara Cissé a décidemment le courage de ses idées. Intervenant lors d’une rencontre à Ziguinchor, le médiateur de la République a parlé comme n’importe quel opposant du moment le ferait.

Parlant des marches, il a enjoint à l’administration territoriale de favoriser leur tenue comme le stipule la Constitution et que les demandeurs n’ont besoin que d’une déclaration.

Même son de cloche sur le chapitre des cartes d’électeurs dont des citoyens n’ont pu entrer en possession lors des législatives de 2017. Voici ce qu’il en dit : «Ce qui s’était passé au mois de juillet lors des élections législatives, tout le monde sait que c’est anormal. Les cartes d’électeurs étaient introuvables. Le Gouvernement a le devoir de résoudre ce problème, parce que c’est inadmissible.
Je demande aux autorités de la République du Sénégal et au ministère de l’Intérieur, de prendre en charge cette question ».

La même chose que des adversaires du régime de la trempe de Mamadou Diop Decroix, Idrissa Seck, Ousmane Sonko, ne cessent de dire et de répéter.

Sa démarche est trop rare pour ne pas être relevée. Appartenant au parti au pouvoir dont il aurait été même n°2, Alioune Badara Cissé, ancien Ministre des Affaires étrangères, aurait pu faire comme tous les caciques du régime : Dire que Macky a raison à tout moment et en toute circonstance. Les Sénégalais sont tellement habitués à ces prises de position partisanes et tendancieuses à bien des égards pour ne pas être choqués. Ils auraient pensé que l’homme est du sérail et que sa réaction coule de source.

Mieux, l’homme aurait pu se dire que Macky pourrait encore lui donner des responsabilités beaucoup plus alléchantes dans l’attelage gouvernemental et qu’il a intérêt à lui tresser davantage les lauriers au lieu de s’attirer ses foudres dans un contexte de précampagne électorale.

Au demeurant, il aurait pu se dire que s’il naviguait à contre-courant, il pourrait perdre son poste de médiateur, lequel est assez intéressant dans un contexte où il en avait eu pour son grade lui qui, vraisemblablement, a été mis au frigo pendant un bon moment après le poste mirobolant de ministre des Affaires étrangères.

Alors, une telle attitude est à saluer ne serait-ce que parce que Macky ne saurait s’entourer de gens qui lui disent toujours que ‘’ça marche’’. Et qu’un jour, comme Abdou Diouf, il dise que : ‘’Je ne savais pas’’.

Il est important en effet que l’entourage de nos hauts responsables soit constitué d’individus qui ont une haute portée de l’intérêt général et un sens élevé républicain. Me Cissé en fait-il partie ? Nous n’en savons rien, mais le geste qu’il vient de poser l’élève à un haut niveau de citoyenneté.

Cela ne veut pas dire que la rébellion doit s’installer autour du Président de la République. Mais que ceux qui l’empêchent de voir la couleur des choses ne lui racontent pas d’histoires.

Lorsqu’un Policier ose gifler publiquement un citoyen, il est important que les hautes autorités en soient informées et que des mesures correctives soient prises.

Les abus et autres excès de pouvoir dont le Médiateur a une profonde connaissance du fait de la saisine permanente de citoyens, font que des institutions comme Amnesty International pointent du doigt notre pays.

Lorsque des poursuites sélectives sont opérées, lorsque le Président lui-même dit maladroitement qu’il a mis le coude sur certains dossiers, lorsque que l’on signe des protocoles d’exil avec un citoyen gracié, lorsque les élèves sont dans la rue parce que les enseignants sont toujours en grève, lorsque des paysans n’arrivent pas à écouler leurs stocks d’arachide et les bradent sur le marché noir à vils prix, lorsque les gens meurent dans hôpitaux faute de soins parce qu’ils n‘ont pas les moyens, lorsque la famine s’installe dans de nombreuses contrées, etc., il est important que quelqu’un mette de côté la politique politicienne et dise au Chef de l’Etat ce qui se passe.

C’est ce que Me Alioune Badara Cissé a fait.

Assane Samb