Les autorités saoudiennes ont annoncé, samedi 19 mai, l'arrestation de "sept personnes ayant tenté de porter atteinte à la sécurité et la stabilité du royaume (...) et de saper l'unité nationale", sans préciser leur identité.
Selon l'ONG Human Rights Watch (HRW), il s’agit de sept militants des droits des femmes, détenus depuis mardi. Parmi eux figurent Loujain al-Hathloul, Aziza al-Youssef et Eman al-Nafjan, trois femmes connues pour leur lutte contre l'interdiction de conduire et le système de tutelle masculin en Arabie Saoudite.
"Contacts suspects avec des parties étrangères"
Une enquête "est en cours pour identifier toutes les personnes impliquées" et prendre les mesures légales appropriées, a indiqué un porte-parole des services de sécurité saoudiens cité par l'agence officielle SPA.
Il a accusé les personnes arrêtées d'avoir entretenu "des contacts suspects avec des parties étrangères", apporté un soutien financier à "des éléments hostiles à l'étranger" et recruté des fonctionnaires.
L'Arabie saoudite, seul pays au monde qui interdisait aux femmes de prendre le volant, s'est engagé, sous l'impulsion du prince héritier Mohammed Ben Salmane, dans des réformes visant à une plus grande participation des femmes dans la vie économique et sociale.
Système de tutelle masculin
Le 26 septembre 2017, le pays a annoncé que les femmes seraient autorisées à conduire puis a fixé au 24 juin la levée de l'interdiction.
Mais les Saoudiennes restent encore soumises à de nombreuses restrictions, principalement à un système de tutelle masculin : elles ont ainsi besoin de l'accord d'un homme membre de leur famille pour voyager, étudier ou exercer certains métiers.
Sarah Leah Whitson, responsable de HRW pour le Moyen-Orient, estime que "les véritables réformateurs saoudiens qui osent défendre publiquement les droits de l'Homme et l'émancipation des femmes" continuent de vivre dans un "climat de peur", malgré l'annonce des réformes.