Au Sénégal, rares sont les amitiés qui ont résisté à l’épreuve du pouvoir. Nombre d’exemples montrent que les liens d’amitié résistent rarement à l’épreuve du pouvoir.
En 1962, le président Senghor et Mamadou Dia ont fini leur duo dans une sorte de chaos. Une motion de censure contre le président du Conseil Mamadou Dia s’est soldée par une conflit au sommet de l’Etat. Mamadou Dia et cinq de ses compagnons sont jugés coupables d’avoir voulu fomenter un coup d'État. L’aventure s’arrête le 17 décembre 1962.
Une autre amitié s’est fracassée au roc de la realpolitik. Il s’agit des liens entre le président Abdou Diouf et son Premier ministre Habib Thiam. Arrivé au pouvoir par le jeu de l’article 35 de la Constitution, Abdou Diouf nomme Habib Thiam Premier ministre. En 1983, après la Présidentielle, Diouf se sépare dans la douleur de son PM. “Je n’ai pas d’objection majeure à soulever puisque tu as déjà pris ta décision. Mais je pense que si tu m’en avais parlé auparavant, nous aurions pu en faire un thème de la campagne électorale et, ainsi, le peuple sénégalais aurait été moins surpris”, relate Habib Thym dans son ouvrage “Par devoir et par amitié”. Dans cet ouvrage, Habib Thiam se souvient de la réunion du Comité central où avait été scellé son sort de président de l'Assemblée nationale. “Cet instant fut des plus rudes de ma vie”, écrit-il. Son amertume et sa douleur sont parties du fait que lui Premier n’était pas au courant de la composition du bureau de l’Assemblée, alors que sur le papier que détenait Abdou Diouf, il a reconnu, en rouge, les écritures de Jean Collin, sans doute, l’instigateur de la composition du bureau de l’Assemblée nationale.
Devenu président de l’Assemblée nationale, Habib Thiam devra avaler une autre couleuvre. Le mandat de cinq ans du président est brutalement ramené à un an renouvelable. Habib Thiam se bat sans succès contre cette réforme à mi-chemin. Il finit alors, par dépit de la “politique politicienne”, démissionner de toutes ses fonctions politiques à l’exception du parti socialiste comme le lui a demandé Abdou Diouf, visiblement impuissant devant cette nouvelle cabale qu’il attribue de Jean Collin.
Plus récemment, en 2013, Oumar Guèye, alors ministre du Tourisme et des Transports aériens, a quitté le parti d'Idrissa Seck. L'ancien porte parole de Rewmi a parallèlement créé son mouvement dénommé ''Vaste rassemblement pour le progrès du Sénégal''.
Oumar Guèye a par la même occasion annoncé la mise sur pied d'un mouvement national de soutien au président Macky : le Vaste rassemblement pour le progrès du Sénégal (VRPS). Selon Oumar Guèye, qui estime que "l'heure n'est pas au discours ni aux critiques sans fondements mais au travail, comme le veut le président de la République", il faudrait une vaste union autour de Macky Sall.
Sans le nommer, Omar Guèye a lancé des pics au maire de Thiès en précisant que "le pays n'a pas besoin de discours ni de paroles et encore moins de critiques et de jets de pierres". "Nous qui avons été à l'origine de la création de la coalition Benno Bokk Yaakaar, nous qui avons pris conscience qu'il faut nécessairement accompagner le président de la République dans son oeuvre de construction nationale, nous avons décidé de mettre en place une structure qui s'occupera de progrès parce qu'il faut du progrès, qui s'occupera de rassembler également toutes les Sénégalaises et Sénégalais qui auront la même vision dans un vaste rassemblement", a déclaré l'ex-président de la communauté rurale de Sangalkam..
M. Guèye a indiqué que sa nouvelle structure, "mise en place, va être structurée et va travailler à renforcer la démocratie, le progrès autour de la mouvance présidentielle". Car, a-t-il ajouté, ce dont a besoin le pays "c'est une union autour du président de la République parce que sa réussite est la réussite du Sénégal". Pour l'ex-bras droit d'Idrissa Seck, "Macky Sall est le nouveau commandant de bord du bateau Sénégal, nous devons prier Dieu pour qu'il puisse amener à bon port le bateau, dans l'intérêt de tout le peuple".
Une longue amitié marquée par des homonymes d’Idrissa Seck dans la famille d’Oumar Guèye venait de s’arrêter.
Aujourd’hui, tous les regards sont tournés vers le tandem Diomaye Sonko. C’est le froid entre les deux hommes depuis plus d’une semaine. Une histoire de coalition semble être à l’origine des divergences. Au Téra meeting, Sonko a annoncé avoir appris des velléités de remplacer Aïda Mbodji, présidente de la coalition Diomaye Président par Aminata Touré. “Aïda Mbodji reste la coordonnatrice de Diomaye Président”, martèle-t-il. Il révèle, ensuite, qu’un rapport épingle la dame qui s’apprête à prendre les rennes de Diomaye Président. Inacceptable, s’écrie-t-il, estimant que cette dame et un ministre soupçonné de surfacturation n’ont pas de place en leur sein. Deux jours, le chef de l’Etat rame à courant. Il rend public un courrier où il annonce que Mme Aminata Touré président désormais la coalition Diomaye Président à la place d’Aïda Mbodji. Depuis lors, un déchaînement sans précédent affecte Facebook où le président Bassirou Diomaye Faye est la cible des critiques et des railleries les plus audacieuses. Dans ce climat, nombreux sont ceux qui redoutent la cassure estimant que les divergences entre les deux hommes sont encore plus profondes. Pourtant un garçon et une fille du président de la République portent le nom du PM Sonko et de sa mère.