Coordination PS/Sénégal en France : Ousmane Tanor Dieng impose ses hommes

POLITIQUE
Vendredi 7 Avril 2017

Le Secrétaire général du Parti socialiste (PS), Ousmane Tanor Dieng, manœuvre discrètement pour garder la main sur la plus emblématique et symbolique des coordinations à l'extérieur de son parti, celle de France en l'occurrence.


Ousmane Tanor Dieng

Dans un contexte marqué par une balkanisation sans précédent du PS, agrémenté par l'emprisonnement d'un de ses principaux challengers, le maire de Dakar Khalifa Sall, et le lancement prochain du mouvement de son autre rivale, le maire de Podor Aissata Tall Sall, il vient de donner des directives pour l'installation du nouveau bureau de la coordination de France, avec les noms des personnes qui le composeront.

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Mais les pro-Khalifa Sall et pro-Aïssata Tall Sall y sont exclus. Le site Afrique Connection a pu se procurer la «lettre circulaire» que Tanor Dieng a adressée à ses camarades de France, qui se retrouvent ce samedi à Paris avaliser sa décision. Mais les clans opposés au Secrétaire général national ne comptent pas «avaler ça comme ça».

Depuis 2006, le PS en France tente désespérément de renouveler ses instances. Alors que son parti n'a jamais été aussi fractionné en des clans rivaux, le Secrétaire général du PS, Ousmane Tanor Dieng, tente de garder la main, dirigée par un bureau provisoire depuis plusieurs années. Le mois dernier, il avait envoyé deux éclaireurs pour prendre le pouls. Au terme d'une réunion très tendue par moments, Cheikh Seck, l'un des deux émissaires de Tanor Dieng, tranchait en ces termes :

«Nous vous avons offert la chance de choisir un des vôtres par consensus, vous n’avez pas réussi à vous entendre. Maintenant le parti va prendre sa responsabilité. Dès que nous serons arrivés à Dakar, vous allez recevoir la décision (...) le fait d’imposer une équipe à la coordination de France est aussi dû à la caducité des cartes militant et du fichier qui date de 2009». C'était le 4 mars dernier.

Six jours plus tard, la sentence tombera. Une «lettre circulaire  portant organisation de la coordination de France» a en effet été signée le 10 mars à Dakar par le Secrétaire général Ousmane Tanor Dieng (OTD). Elle est libellée à l'attention des Secrétaires nationaux du Ps aux Sénégalais de l'extérieur et aux questions migratoires et ses camarades de France.

Dans cette lettre, OTD attaque : «Préoccupé par la situation qui prévaut au sein de la coordination de France, et soucieux d'y apporter une réponse qui préserve l'unité et la cohésion, j'avais demandé aux membres du Secrétariat national aux Sénégalais de l'extérieur et aux questions migratoires, d'échanger, à ce sujet, avec les camarades, sur cette question (…) Après avoir recueilli toutes les informations utiles, relatives à une relance des activités de la structure, il a été retenu de mettre en place une direction collégiale provisoire souple.»

Cette direction, poursuit Tanor, est «présidée par le camarade Abdourahmane Diallo, (et) comprendra les camarades suivants : Seydou Ly, coordonnateur de Vision Socialiste France Malick Faye Secrétaire Général du MEES France, Abdoulaye Sène, coordonnateur sortant, Mme Mingué Nidiaye, Secrétaire générale d'Agora des socialistes de France.»

 «Après concertations avec les principales composantes du parti, le camarade Abdourahmane Diallo procédera à l'élargissement de la nouvelle structure à d'autres personnes ressources», a précisé le Secrétaire général du PS, et président du Haut conseil des collectivités locales (HCTT).

Après avoir énuméré les différentes missions assignées à la direction provisoire, parmi lesquelles «la mise en place de sections sur l'ensemble du territoire français en vue d'assurer un bon maillage et une meilleure prise en charge des préoccupations des militants de base», Tanor Dieng conclura sa lettre en ces termes :

«Je sais pouvoir compter sur chacun d'entre vous, pour la mise en œuvre correct de cette présente circulaire, persuadé que vous êtes tout aussi soucieux de préserver les intérêts de notre parti, dans ce contexte politique particulier.»

Les socialistes de tous bords sont convoqués ce samedi à Paris pour mettre en œuvre le plan de Dakar. On remarquera que dans ce nouveau bureau, ne figure que des responsables de sections, de structures et de courants connus pour leur proximité avec Ousmane Tanor Dieng, et qui le revendiquent à travers leurs sorties dans la presse et les réseaux sociaux. Point de partisans favorables à Khalifa Sall, le maire de Dakar, actuellement en prison.

Encore moins ceux acquis à la cause d'Aissata Tall Sall, la députée-maire de Podor (nord), qui devait initialement lancer (avant un report à une date ultérieure) ce samedi à Dakar, son mouvement dans la perspective des Législatives de juillet prochain et de la présidentielle de 2019. «C'est comme si nous nous ne faisons pas partie des mouvements affiliés au PS», ironise un soutien d'un de ces deux édiles.

Ces deux mouvements ont décidé de prendre part à la réunion de ce samedi. «Ils (Cheikh Seck et Karim Mbengue) étaient venus pour nous imposer ce bureau la dernière fois (le 4 mars), mais comme ils ont vu qu'on était nombreux, et que l'ambiance n'était pas propice, ils ont alors reculé en disant une fois Dakar qu'ils allaient nous envoyer leur décision», soutient une des «bannies». Qui promet que «ça ne va pas être avalé comme ça» ce samedi. «Ça ne va pas être facile», admet un autre qui dénonce «ces méthodes» de Tanor Dieng. Ambiance avant l'heure !

 Source : Afrique Connection