Le lancement du Dialogue national prévu ce 28 mai 2025 met en lumière l’isolement croissant de l’Alliance pour la République (APR) et de son fondateur, l’ancien président Macky Sall. Alors que son parti avait appelé au boycott de cette initiative, les défections se multiplient au sein même de ses anciens alliés et collaborateurs.
Autrefois colonne vertébrale de la coalition au pouvoir de 2012 à 2024, l’APR semble désormais abandonnée par nombre de figures de poids. Aly Ngouille Ndiaye, président du PSD–Njariñ et ancien ministre de l’Intérieur, a annoncé sa participation au Dialogue, allant jusqu’à fédérer plusieurs acteurs de l’opposition pour parler d’une seule voix. Il sera rejoint par un autre ex-titulaire de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, qui s’est également affranchi de la ligne de son ancien mentor, notamment après un rapprochement entre Ousmane Sonko et l’homme d’affaires Harouna Dia, à Ouagadougou.
La rupture s’est accentuée avec l’adhésion d’Amadou Bâ, ex-candidat de la coalition présidentielle à la dernière élection, et actuel leader de la plateforme Nouvelle Responsabilité (NR). Dans un communiqué, NR justifie sa participation par un « sens du devoir républicain » et sa volonté de contribuer à un Sénégal « uni, stable et prospère ». Une prise de position qui sonne comme un désaveu pour Macky Sall, dont Amadou Bâ fut pourtant le dauphin désigné.
D’autres anciens alliés ont également confirmé leur présence au Centre international de conférence Abdou Diouf (CICAD), notamment :
Idrissa Seck et le Rewmi, ex-pilier du Conseil économique, social et environnemental (CESE) ;
Aminata Mbengue Ndiaye, du Parti socialiste, longtemps fidèle au président Sall ;
Mbaye Dione, nouveau leader de l’Alliance des forces de progrès (AFP) ;
Modou Diagne Fada, président de LDR YEESAL, qui considère le dialogue comme une « tradition républicaine à préserver » ;
Et même plusieurs députés issus de l’ancienne majorité présidentielle.
Pourtant, jusqu’à début mai, l’APR semblait disposée à prendre part à la concertation. Mais le 9 mai, lors d’une conférence de presse remarquée, le porte-parole du parti, Seydou Guèye, a dénoncé un « simulacre de dialogue » motivé selon lui par des « règlements de comptes politiques ». Ce revirement brutal coïncidait avec la convocation d’Amadou Sall, fils de Macky Sall, par le Pôle judiciaire financier.
Depuis, le climat s’est encore tendu. Mansour Faye, beau-frère de l’ancien président, a été placé sous mandat de dépôt par la Haute Cour de justice, renforçant les soupçons au sein de l’APR d’une instrumentalisation de la justice contre ses cadres.
En refusant de participer au Dialogue national, l’APR semble aujourd’hui s’isoler, tandis que ses anciens alliés convergent vers un cadre qui, malgré les tensions, apparaît comme un espace de refondation démocratique. Ce boycott, jugé contre-productif par certains observateurs, pourrait accentuer le déclin de l’ancien parti présidentiel, désormais en perte de repères et de soutiens.
Dialogue national : le grand vide autour de Macky Sall
POLITIQUE
Mercredi 28 Mai 2025
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