Guillaume Soro révèle : «Ouattara était le parrain de la rébellion en 2002»

INTERNATIONAL
Dimanche 29 Décembre 2019

Avant son grand oral annoncé pour le 31 décembre soir, Guillaume Soro vient de rompre déjà le silence sur la charge de tentative de déstabilisation qui lui vaut un mandat d’arrêt délivré contre sa personne. A Paris, où il a reposé ses valises après son retour manqué à Abidjan le 23 décembre dernier, l’ex-président de l’Assemblée nationale s’est confié à l’hebdomadaire, le Journal du dimanche (JDD) dans son édition de ce jour. Le président de Générations et peuples solidaires (Gps) remet en cause les procédures en cours contre lui et dénonce l’indifférence de la France dont le président finissait un séjour en Côte d’Ivoire un jour avant ces événements.

Guillaume Soro ne cache pas son amertume contre Emmanuel Macron dont il dit n’avoir posé aucun acte dans le sens de la consolidation de la démocratie en Afrique. « Je suis surpris. Le président français s’est rendu en Côte d’Ivoire, y a fêté son anniversaire, mais il n’a pas eu la capacité de dire à ses hôtes qu’il était important de respecter la démocratie à ses hôtes. J’espérais qu’un président comme lu in ait davantage de courage et de maturité pour le faire », martèle Guillaume Soro, qui reproche à Emmanuel Macron, en parlant de « sentiment anti-français », de s’afficher « avec des septuagénaires honnis par leurs peuples », allusion faite au président ivoirien Alassane Ouattara. Soro se dit « choqué et horrifié » de l’attitude de l’actuel chef de l’Exécutif en Côte d’Ivoire, lequel a mis la justice à ses trousses après avoir fait arrêter des siens dont des députés sans lever leur immunité. Il s’en prend, a propos, à l’opinion française dont il dénonce le silence. « Je suis aussi choqué que l’opinion française ne réagisse pas ». Et l’interlocuteur du JDD de faire des révélations sur le séjour de Macron à Abidjan.

Selon lui, c’est la multinationale, ‘’Bouygues’’, qui a organisé la visite du président français en Côte d’Ivoire. Cette visite aurait des relents de business cachés qu’il dévoile au grand public. « On sait l’influence de Bouygues dans la sphère politique française. Au nom de contrats juteux, on est donc prêt à fermer les yeux sur le piétinement de la démocratie en Afrique », indexe l’ancien Premier ministre, candidat déclaré à la présidentielle de 2020 en Côte d’Ivoire, déterminé à aller jusqu’au bout de son ambition.

Guillaume Soro ne veut en rien renoncer à sa candidature quoique de plus en plus compromise par les procédures engagées contre lui. « Je suis et reste candidat à la présidence de la République », maintient l’ex-dauphin du président Ouattara, qui annonce une résistance à la De Gaulle depuis l’extérieur. « Je vais organiser la résistance comme le Général De Gaulle l’a faite depuis Londres. Après avoir créé une crise post-électorale en 2010, M. Ouattara vient d’inventer la crise pré-électorale. Il faut que la classe politique s’organise pour combattre cela ». Pour ce faire, Guillaume Soro compte sur ses alliés, dont le président du Pdci-Rda, Henri Konan Bédié, qu’il appelle à la « sauvegarde de la démocratie en Côte d’Ivoire ».

Revenant sur les charges de déstabilisation portées contre lui, le président de Gps dénonce « une manipulation » du pouvoir en Côte d’Ivoire, « une instrumentalisation de la justice pour écarter un candidat sérieux à l’élection présidentielle». Il trouve « ridicule » et « suspect » que les autorités ivoiriennes attendent pendant qu’il est dans le ciel pour regagner à Abidjan, pour émettre un mandat d’arrêt contre lui, alors que pendant six mois qu’il séjourné en France, rien n’a été fait. « Et puis, voir M. Ouattara, parrain de la rébellion en 2002 m’accuser aujourd’hui de déstabilisation est une belle ironie de l’histoire », révèle Guillaume Soro au sujet de l’actuel président de la Côte d’Ivoire.

Avec Abidjan.net