Kocc Barma campe sur ses positions malgré les preuves accablantes: « Je ne maîtrise pas l’informatique »

JUSTICE
Vendredi 25 Juillet 2025

« Je me répète, je n’ai pas consenti à l’exploitation de mon ordinateur portable… Je rejette donc l’ensemble des allégations ». Cette phrase, El Hadji Babacar Dioum, alias Kocc Barma, l’a répétée 14 fois lors de son interrogatoire par la Division spéciale de la cybersécurité (DSC). Une ligne de défense obstinée face à ce qui s’annonce comme l’un des plus grands scandales de cybercriminalité jamais révélés au Sénégal.
Arrêté et placé sous mandat de dépôt, l’homme derrière le célèbre pseudonyme est soupçonné d’avoir dirigé un vaste réseau de chantage numérique, de diffusion de contenus intimes, de pédopornographie et de blanchiment de capitaux. Pourtant, face aux enquêteurs, Kocc Barma adopte une posture de silence méthodique, niant toute implication malgré des éléments matériels accablants.
Selon le journal Libération, qui a consulté le rapport d’interrogatoire, les experts ont extrait de son MacBook Pro des milliers de fichiers compromettants : sextapes, identités de victimes, historiques de transactions, captures d’écran de son propre cloud… autant de preuves que l’accusé balaie d’un revers de main, évoquant un « piratage » ou niant la présence de ces fichiers.
« Mon ordinateur ne contient pas ce type de documents », aurait-il affirmé, avant d’ajouter : « Je ne maîtrise pas l’informatique. Je sais à peine utiliser Word ou naviguer sur Internet ».
Mais les analyses techniques sont formelles : des fichiers ont bien été créés ou modifiés entre 2024 et 2025, période durant laquelle plusieurs victimes auraient versé de l’argent pour éviter la publication de vidéos intimes. Deux transactions clés – en novembre 2022 et janvier 2023 – ont été identifiées dans les fichiers du suspect, venant contredire ses propos.
Malgré cela, l’accusé s’accroche à sa ligne de défense minimaliste. Ses premiers mots aux enquêteurs, répétés comme un mantra, semblent indiquer une stratégie bien rodée : éviter toute déclaration compromettante et miser sur les vices de procédure liés à la perquisition de ses appareils électroniques.
Mais l’affaire ne fait que commencer. Depuis son arrestation, la DSC et le parquet voient affluer de nouvelles plaintes. Des victimes affirment avoir été menacées, d'autres reconnaissent formellement leur présence dans les contenus retrouvés.
Face à la multiplication des témoignages et à la solidité des éléments techniques, les premières phrases de Kocc Barma pourraient ne pas suffire à le protéger. L’homme qui disait à ses victimes « je publie si tu refuses » se retrouve aujourd’hui face à une justice déterminée à faire toute la lumière.