Le bâtonnier Me Mbaye Guèye liste les maux de la justice: " Le Procureur a trop de pouvoirs"

JUSTICE
Jeudi 8 Novembre 2018

« On ne peut pas encore parler au Sénégal de pouvoir judicaire parce qu’en réalité, la justice n’est pas encore arrivée à prendre son indépendance ». Le constat est de Me Mbaye Gueye, le bâtonnier de l’ordre des avocats du Sénégal.
Il participait mercredi à une journée de réflexion organisée par la Ligue sénégalaise des Droits humains (Lsdh).
 
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Selon lui, la justice ne pourra acquérir son indépendance que si certains préalables sont remplis. ​
«Je considère que le Procureur a trop de pourvoir. Lorsque la police ou la gendarmerie arrête un citoyen sénégalais et le défère devant le procureur de la République, c’est à un juge indépendant de décider du sort de cette personne. Il ne revient pas au parquet de décider s’il doit aller en prison. C’est une pression que le parquet met sur la personne, et c’est inacceptable. Et ceux qui minimisent ce que je suis en train de dire n’ont pas eu à se frotter avec la police ou la gendarmerie. Il nous faut davantage respecter les personnes arrêtées », a constaté le boss des avocats

Et d’ajouter : « nous n’avons pas choisi l’approche autorité judiciaire, nous avons choisi pour la justice qu’elle soit un pouvoir judiciaire. Or un pouvoir regroupe certaines choses que la justice n’a pas. Lorsque, pour un pouvoir son budget relève d’un autre pouvoir, cela pose problème », a déclaré Me Mbaye Gueye. 

(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Le bâtonnier de l'Ordre des avocats d’ajouter : «Lorsque les acteurs de ce pouvoir sont recrutés et payés par un autre pouvoir, je me demande comment on peut affirmer que c’est un pouvoir et un pouvoir indépendant.» 

A l’en croire, il faut éclairer la lanterne des Sénégalais sur l’orientation que l'on veut donner à la justice à savoir si elle doit être une autorité ou un pouvoir. Dans le second cas, relève-t-il,  «il nous faut aller vers des réformes beaucoup plus profondes pour parvenir à côté du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif à un troisième pouvoir réel à savoir le pouvoir judiciaire». 

Mais en l’état actuel des choses, «le pouvoir judiciaire n’est pouvoir que théoriquement, mais dans la pratique, ce n’est réellement pas un pouvoir.»
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