"Le fagot de ma mémoire" : Souleymane Bachir Diagne rend hommage à sa mére

CULTURE
Dimanche 19 Décembre 2021

Le philosophe sénégalais Souleymane Bachir Diagne a rendu hommage à ses parents, principalement sa mère dans son livre ‘’Le fagot de ma mémoire’’, publié en mars dernier, aux éditions ‘’Philippe Rey’’ (France).


’Ce livre est un hommage principalement à ma mère et à mon père’’, a-t-il dit, lors de la présentation de son œuvre, vendredi, au musée des civilisations noires à Dakar, à l’occasion du ‘’Book club’’, une cérémonie dédiée aux livres et organisée par la directrice de ‘’Intelligence magazine’’ Amy Sarr Fall.

« Le fagot de ma mémoire  a eu un succès auquel je ne m’attendais pas. Je me disais cela intéressera mes amis, ma famille. Ça n’a pas été le cas. Ce livre a été porté. Des amis français m’ont dit, ‘’mais tu ne devrais pas t’en étonner. Parce que ce message que tu as, à la fois sur un Islam des lumières et également sur cette exigence d’universalité de faire l’humanité, ça correspond à ce qu’en philosophie, on appelle l’esprit de notre temps’’. Ce qui risquait de m’arriver, c’aurait été d’être écrasé moi-même par le fagot de ma mémoire. Parce qu’il aurait dépassé la perspective qui était la mienne en l’écrivant. Donc, ce qu’il fallait que je fasse, c’est en écrire un autre », a-t-il expliqué, soulignant qu’il a déjà terminé ce manuscrit.

En attendant sa parution prévue en mars, « cet engagé de la pensée » s’est soumis à son exercice favori, séduisant son auditoire essentiellement composé d’élèves et d’étudiants, à côté d’amis et d’anciens élèves de l’auteur dont El Hadji Hamidou Kassé, ministre conseiller en Art et en Culture auprès du chef de l’Etat, Macky Sall.

Pour rappel, « le fagot de ma mémoire » retrace l’itinéraire du philosophe sénégalais de Saint-Louis à New York, en passant par Ziguinchor, Dakar et Paris. Cinq villes sur trois continents que rien ne semble lié à première vue, mais qui constituent des lieux de rencontres et de brassages d’hommes de cultures et de religions différentes. D’où l’exigence d’universalité de l’auteur !

En effet, livrant le fond de sa pensée, il défend plus que jamais l’universel : « Dans le Coran, il est dit que Dieu voudra créer des tribus différentes pour que vous vous entre-connaissiez. C’est-à-dire que des différences ont été établies, culturelles, de langues, mais la différence doit être une raison d’aller vers l’autre, d’essayer de connaître l’autre. Tout se passe comme si Dieu nous confiait la responsabilité, à nous humains, à partir de ces tribus, de créer l’humanité. L’humanité n’est pas un État, c’est une tâche. Nous avons le devoir et la tâche de devenir humain individuellement et de devenir humains collectivement. C’est-à-dire que je réalise mon humanité individuelle en aidant à la réalisation collective que nous devons constituer. »

Dans son argumentaire, le spécialiste de la philosophie islamique et professeur aux départements de français et de philosophie de l’université Columbia de New York a tenté de réveiller ce « réflexe académique », chez les apprenants, celui «de toujours chercher à comprendre » et «ne pas s’indigner», tout simplement.

La preuve, a-t-il rappelé, « c’est ce que j’ai rencontré dans mes enseignements sur l’Islam, (aux États-Unis) qui n’ont eu jamais autant de succès qu’après le 11 septembre (2001) ».