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Le parrainage et le secret du vote : Loi consolidante ou déconsolidante ?

TRIBUNE LIBRE
Lundi 23 Avril 2018

Le parrainage et le secret du vote : Loi consolidante ou déconsolidante ?
Le projet de loi sur le parrainage, voté dans la douleur par l’Assemblée nationale en l’absence des députés de l’opposition boycotteurs va, si elle est promulguée, entrer dans le droit positif pour être applicable. Il faudra aussi, bien sûr, modifier le code électoral, toutes formalités laissées à la discrétion du Président de la République.

Jamais une loi n’a suscité autant de polémiques. L’opposition reste mobilisée en annonçant d’autres manifestations et même la saisine des instances de la Cedeao pour son annulation.

On peut se demander alors ce qui motive une telle levée de boucliers s’agissant d’une loi que le Ministre de la justice, professeur en droit et constitutionnaliste, Ismaïla Madior Fall, qualifie de ‘’révision consolidante’’.

Ce qui apparait en premier lieu clair, c’est que l’argument de ‘’rationalisation des partis’’ politiques ne tient pas la route. Car, les partis vont continuer à naître et la caution de 65 millions était pour le moins dissuasive.

Mais, ce qui frappe le plus, à l’analyse, c’est la violation du secret de vote qu’elle instaure d’une façon systématique. Parce que parrainer quelqu’un, c’est exprimer, clairement, son intention de voter pour lui. Or, le secret de vote est protégé au Sénégal par le code électoral pour des raisons évidentes d’ordre sociologique, politique et culturel.

Nous savons que beaucoup de personnes rechignent à déclarer qu’ils sont dans tel ou tel autre parti ou qu’ils vont voter pour le leader de leur choix, de peur de heurter un parent, un ami, un voisin, etc.

Avant, au temps des socialistes, des notables s’installaient à dessein dans les bureaux de vote pour que la plupart des citoyens expriment un suffrage qui leur soit profitable. Ils n’osaient pas faire autrement de peur d’être critiqués et même punis d’une façon ou d’une autre.

Cette pression est réelle et l’est encore, d’où l’utilité de l’isoloir.

Il s’y ajoute le fait qu’ici, l’adversité est souvent perçue comme une animosité et cela a des conséquences à tous les niveaux.

Ceux qui sont estampillés ‘’opposants’’ sont souvent mal vus, ostracisés parfois et ont souvent du mal à bénéficier de certains droits, de faveurs et à se faire recruter.
Ces pratiques d’un autre siècle sont encore en cours dans certaines localités du Sénégal où les élus locaux peuvent jouer ce rôle de ‘’chasseurs d’opposants’’, même si certains citoyens ont déjà surmonté ces obstacles.
C’était pour toutes ces raisons que le secret du vote était devenu, chez nous, un gage de liberté pour le citoyen désireux d’accomplir son devoir.

Alors, avec le parrainage, le secret ne sera plus de mise. On saura qui est qui.

Malheureusement, ce sera la porte ouverte à toutes formes d’abus. Car, il ne faut aucun doute que les détenteurs des listes auront là une belle opportunité de démarcher ceux qui sont dans d’autres listes afin de les amener à changer de camp.

Nous savons déjà que les cartes d’identité sont récupérées, des listes établies par nombre d’élus qui essaient de faire leurs propres fichiers de gens qui vont voter pour eux.

Si donc ils se rendent compte que d’autres vont le faire pour leurs adversaires, ces responsables ne vont pas rester les bras croisés. Ils vont utiliser bien sûr la carotte, mais parfois aussi le bâton.

A cela s’ajoute la confusion tant redoutée de possible doublons dans des listes différentes.

C’est pourquoi cette loi qui se veut ‘’consolidante’’ gagnerait à s’inscrire dans une perspective moins manichéennes d’hommes politiques aveuglés par le pouvoir.

Elle instaure une discrimination qui veut que pour être candidat, il faudra être connu, partout. Or, nombre de cadres ne sont connus nulle part et pourtant, leur ascension au pouvoir pourrait être profitable au pays.
Laissons alors les candidatures s’exprimer librement et les électeurs faire leur choix. Comme cela a toujours été le cas. On n’a jamais eu plus de 15 candidats dans une élection présidentielle.

Le débat est ailleurs. Il est sur l’acquisition optimale par tous de leurs cartes d’identités numérisées et dans l’instauration d’un bulletin unique.
 
 Assane Samb, Rewmi
 

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