Le patron de Tigo, Kabirou Mbodj, réclame 50 millions au journal les Echos

SOCIETE
Vendredi 12 Janvier 2018

Le journaliste Alassane Dramé et son patron Cheikh Omar Ndao étaient hier devant la barre du juge correctionnel pour diffamation à cause d’une action intentée par le patron de Tigo.


Le journaliste Alassane Dramé et son patron Cheikh Omar Ndao étaient hier devant la barre du juge correctionnel pour diffamation à cause d’une action intentée par le patron de Tigo qui leur réclame la somme de 50 millions de francs en guise de dommages. La décision sera rendue le 25 janvier.

C’est une titraille qui l’a fortement déplu : «Accusation de viol contre le patron de Tigo. Témoi­gnages qui accablent Kabirou Mbodji.» Ce titre du journal Les Echos a valu une comparution au directeur de publication Cheikh Omar Ndao et au journaliste Alassane Dramé, auteur de l’article incriminé. Ils comparaissaient hier devant le Tribunal correctionnel pour diffamation et complicité de ce chef au préjudice de Kabirou Mbodji.

Mais les prévenus, qui estiment avoir rapporté des faits qui existent, ont nié les accusations portées à leur encontre. «C’est dans l’exercice normal et naturel de notre travail que nous avons traité le procès-verbal», a indiqué d’emblée le directeur de publication. «On n’a pas trouvé nécessaire d’avoir la version de Kabirou Mbodji, car elle figurait dans le procès-verbal», s’est-il défendu.

Saisissant le ballon au rebond, Alassane Dramé dira qu’il n’a fait qu’exploiter le procès-verbal. Ce n’est pas l’avis de l’avocat Me Boubacar Wade, l’un des conseils de la partie civile, qui avance que les faits relatés ont été publiés après que Kabirou Mbodji a racheté Tigo. A en croire l’avocat, les faits publiés en 2017 datent de 2014.

«Lorsque notre client a acheté Tigo, Les Echos ne l’ont pas publié», regrette-t-il. Mais après avoir disposé des témoignages qui enfoncent Kabirou Mbodji, «ils ont fait un autre article pour dire : “Les témoignages qui accablent Kabirou“ sans recueillir l’avis de mon client avant la publication», déplore la robe noire qui soutient que ces accusations portent atteinte à l’honneur de Kabirou Mbodji. Selon son confrère Me Serigne Babacar Camara, «le choix du moment de la publication de l’article n’était pas innocent». Ils ont attendu que Kabirou Mbodji rachète Tigo pour le faire. L’avocat trouve qu’il y avait une intention de détruire son client.

Les conséquences, dit-il, de la publication de cet article sont très graves, «car Kabirou Mbodji était en train de négocier avec les banques pour compléter son financement. Mais quand l’article est paru, les choses se sont bloquées. Les structures financières ont demandé des explications à Kabirou et à sa famille», raconte le conseil du patron de Wari. Pour réparer ce préjudice, les avocats ont réclamé 50 millions. Alors que le procureur a requis l’application de la loi.

Selon Me Boubacar Cissé, le patron de Wari est accusé de viol et traîné devant le juge d’instruction. Ces faits ne souffrent d’aucune contestation. D’ailleurs, l’avocat rappelle que les faits ont eu lieu le 24 décembre 2015 et qu’il est l’avocat de la partie plaignante. «Ce jour-là, Kabirou Mbodji a violé sa nièce chez lui à l’immeuble Axa. Ce n’est pas une tentative de viol», a martelé Me Cissé qui raconte : «Arrêté, il a nié les faits avant de soutenir ne pas connaître la dame, mais les agents enquêteurs ont demandé à la victime de faire la description des lieux.

Et cela correspondait avec la maison de Kabirou.»
Selon toujours Me Cissé, même le gardien de l’immeuble a confirmé les avoir vus monter à l’étage. Et n’eut été son entregent, l’affaire allait rester lettre morte, car le Parquet avait mis le coude dessus. Il a plaidé la relaxe pure et simple des prévenus. Estimant que c’est une procédure abusive, il a réclamé 50 millions en guise de réparation. L’affaire sera délibérée le 25 janvier 2018.