Le troisième mandat, véritable symbole de la gloutonnerie de nos hommes politiques !

TRIBUNE LIBRE
Jeudi 19 Janvier 2023

«Les crimes de ceux qui mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés», martelait Victor Hugo. L’appétit de gouverner anéantit la dignité de vivre, ronge la vérité et offusque les voies de la lumière. Aujourd’hui, la question du troisième mandat agite encore l’actualité quotidienne après nous avoir coûté plusieurs vies humaines. Doit-on continuer à s’aventurer dans une dialectique de la légalité et de la légitimité du troisième mandat avec toutes les conséquences qu’elle comporte ? Quand la force et la Justice s’opposent, de quel côté faut-il se pencher ? Le président de la République évite d’orienter sa pensée vers ces interrogations. Il opte pour le silence et oublie qu’il y a plusieurs façons de mourir, et ne pouvoir s’exprimer est l’une des pires. On oublie souvent que ce n’est point la Justice qui fait les justes. Au contraire, ce sont les justes qui font la Justice. Il ne faut donc pas s’étonner de la démarche du professeur Ismaïla Madior Fall, que la mauvaise foi et l’indignité finissent par rendre méprisable aux yeux de la cité.

Qu’est-ce que cette boulimie du pouvoir si soucieuse de soi, de son entourage, prête à livrer le Peuple sans défense à la merci de sordides confrontations ? Malheur à ceux qui préfèrent leur confort à leur prochain ! Je ne pourrai qu’apporter mon désaccord à ceux et celles qui se laissaient aller à la facilité de cette maxime : les Africains ont les gouvernants qu’ils méritent, ou inversement : les Africains ont des gouvernants à leur image. L’auteur de La plus secrète mémoire des hommes faisait remarquer que nos gouvernants «ne sont pas des hommes mais des poissons : des mérous, des cabillauds, des silures, des espadons, des brochets, des morues, des soles et des poissons-clowns. Et beaucoup de requins, bien sûr. Mais le pire, quand on regarde leurs visages de poisson, c’est qu’ils semblent nous dire : à notre place, vous ne feriez pas mieux. Vous décevriez comme nous décevons». Mais pourquoi nous déçoivent-ils toujours ? La déception ne rétrécit pas seulement les joues, elle réduit et oriente viscéralement la pensée vers des horizons ahurissants. L’insatiabilité du pouvoir obscurcit toute rationalité, avilit tout honneur et mène par-delà indubitablement vers le carnage. Peignant leur futur sans nulle éclaboussure, les mécènes du troisième mandat tiennent-ils le diable en laisse ou bien est-ce l’inconscience qui s’exprime ainsi ? Le devoir de tout citoyen modèle est de ne jamais accepter l’inacceptable et par conséquent, la seule chose dont on devrait avoir peur dans de pareilles circonstances, est la peur de la peur.


M. TOP
Professeur de philosophie au lycée de Diawara