Les intellectuels sénégalais à la traîne

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Lundi 18 Novembre 2019

Au Mali voisin, ce sont les intellectuels et hommes de culture qui se lèvent pour dénoncer la tutelle serrée de la France sur leur pays et contre tous ces apôtres des idées stéréotypées et des clichés qui s’embourbent dans les méandres d’un mépris morbide envers les Africains.

Salif Keita, l’homme de culture malien vient de nous démontrer que l'Afrique a suffisamment de cadres dans tous les domaines pour s’occuper de son destin, pour prendre sa défense lorsqu’elle est salie, mais pas pour vendre sa culture, ses valeurs, bref le made in Africa. On ne peut être un ressortissant du contient qui a élaboré pour la première fois une véritable charte des droits de l’homme (Charte du Mandé) et la première révolution politique qui a proclamé la bonne gouvernance comme exigence politique cardinale (Ceerno Souleymane Baal) et nourrir un complexe envers des idées et des valeurs qui viennent d’ailleurs.

Alors qu’ils devraient penser les politiques économiques et sociales, certains intellectuels sénégalais sont très souvent à la périphérie du système où ils ne servent qu’à légitimer des choix politiques parfois impopulaires et improductifs. S’ils ne sont pas confinés dans les sphères austères des universités et les instituts, ils constituent la sous-classe des intellectuels organiques.
C’est le système qui les nourrit, les fait fonctionner, de sorte qu’en dehors de celui-ci, ils perdent leur éloquence, leur lucidité et même une partie de leur science. Quand on est intrinsèquement lié au système comme les organes le sont au corps, on ne peut véritablement pas avoir une autonomie d’action.

C’est cela la grande faiblesse de certains intellectuels sénégalais : ils sont soit outrageusement moulés dans le confort du système qu’ils sont incapables de critiquer, soit ils y sont exclus par des intrigues qui leur enlève toute forme d’efficience dans la vie politique de leur pays. Ils sont soit en rupture avec la marche de la société soit noyés dans un système corrompu et destiné à uniquement produire les moyens de sa propre perpétuation.

C’est possible d’être dans les couloirs du pouvoir et garder à la fois sa lucidité intellectuelle et son courage politique. Un intellectuel, c’est d’abord une vocation de toujours soumettre les situations à l’analyse des principes universels de la raison ; c’est ensuite le courage de sortir des sentiers battus pour produire la lumière là où s’y attend le moins ; c’est enfin le pari de toujours rester aux côtés du peuple, quelle que soit la station qu’il occupe. Le prix qu’il faut payer pour réussir ce pari est la fin de la promotion de la médiocrité et des contre-valeurs.

Pape Sadio Thiam