Lutte contre le terrorisme: le Sénégal sur le qui-vive

SOCIETE
Samedi 25 Février 2017

Jusque-là, le Sénégal a été épargné de la fièvre djihadiste. Aucun attentat, aucune attaque n'est venu encore troubler le sommeil de ce pays laïc, à l'islam modéré, historiquement confrérique et qui a renforcé sa sécurité face au terrorisme qui a frappé dans les capitales voisines. Rassurés mais inquiets, les Sénégalais ont découvert avec stupeur, l'arrestation de deux terroristes présumés, probablement liés aux attentats de Grand-Bassam en Côte d'Ivoire.


L'interpellation de ces deux terroristes présumés pose plusieurs questions. Jusque-là épargné par les attaques terroristes, le Sénégal est-il devenu à son insu le lieu d'hébergement d'auteurs d'attaques perpétrées dans les pays de la sous-région ? En dépit de l'élévation du niveau de surveillance dont se targuent les autorités sénégalaises, la porosité des frontières n'épargne pas le pays au risque de laisser pénétrer sur son sol des terroristes présumés, en fuite après leur forfaiture, qui auraient dû être arrêtés à la frontière.
Autre question, le Sénégal, longtemps décrit comme un modèle d'islam modéré historiquement confrérique, est-il devenu le nid d'où essaime de potentielles recrues terroristes ?

Il y a d'abord cette enquête réalisée en octobre 2016 et dirigée par Dr. Makary Sambe, Mouhamadou Bâ, Geneviève Duchenne, Yague Hanne et Mame Seyni Mbaye auprès de 400 personnes par le Timbuktu Institute intitulé "Facteurs de radicalisation: perception du terrorisme chez les jeunes dans la grande banlieue de Dakar" qui fait peur. Malgré sa remise en cause, l'enquête fait froid dans le dos. Sur les 400 personnes interrogées par l'Observatoire des radicalismes et conflits religieux en Afrique, affilié à cet institut de recherches : au nom « de la défense de l'islam », 10% des sondés seraient prêts à s'engager dans une organisation terroriste. En rupture avec les 90% qui répriment l'idée, ils sont des candidats probables au djihadisme.

Aujourd'hui, le pays compte une dizaine de recrues combattant sous la bannière de l'Etat islamique en Syrie, sans compter les ressortissants sénégalais qui grossissent les rangs de Boko Haram ou d'Aqmi. Ces Sénégalais qui ont succombé à la tentation djihadiste mènent une intense campagne de communication pour appeler leurs compatriotes à rejoindre les rangs de Daesh.
En octobre 2016, l'arrestation à Kaolack, région sénégalaise à 190 kilomètres au sud-est de Dakar, d'un imam jugé « radicalisé » avait été diversement apprécié. Si certains ont parlé de combattre le radicalisme sous toutes ses formes dans ce pays laïc et modéré, d'autres y ont vu une attaque de lobbys contre l'islam et ses représentants.
Néanmoins, le Sénégal est sur le qui-vive. La sécurité autour des hôtels, restaurants huppés, lieux de fréquentation touristique et à forte concentration de population sont étroitement surveillés par des hommes en armes depuis que des capitales ouest-africaines comme Niamey, Abidjan ou même Bamako ont été visées par des attentats.

Pourtant, paradoxalement, le Sénégal est absent de la réunion du G5 Sahel (ndlr : Le G5 Sahel est un cadre institutionnel de coordination et de suivi de la coopération régionale en matière de politiques de développement et de sécurité) malgré le lobbying de sa diplomatie.
Source : la Tribune Afrique