Non-Lieu en faveur d’Aïda Ndiongue : Les révélations de l’ordonnance de la CI-CREI

JUSTICE
Mardi 6 Mars 2018

Libération a pris connaissance du contenu de l’ordonnance de la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CI-CREI) accordant un non-lieu total à Aïda Diongue mise en examen pour enrichissement illicite présumé. En plus de « laver » totalement l’ex sénatrice libérale, la CI-CREI a ordonné la main levée sur les bijoux saisis dans ses coffres mais aussi sur la rondelette somme de 9 milliards de FCFA provenant d’une souscription de bons du trésor ivoirien arrivée à échéance depuis 2017.


Conformément au réquisitoire définitif du procureur spécial prés de la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), la Commission d’instruction de ladite Cour a octroyé le non-lieu à Aïda Diongue du Parti démocratique sénégalais (PDS). 
A la lecture de l’ordonnance, obtenue par Libération, il faut reconnaître que les magistrats n’ont détecté aucun indice pouvant asseoir que cette dernière se serait enrichie illicitement, même si elle a brassé 16 milliards de FCFA suite à des marchés de l’Etat. 

L’instruction a d’abord confirmé que tous les fonds retracés dans les comptes de l’ancienne sénatrice proviennent du Trésor public via le PCRPE, le Plan Jaxaay... 
D’ailleurs, Ramatoulaye Diagne de la Cbao-Attijari a attesté que si la banque n’avait pas fait de déclaration de soupçons à la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF), c’est parce que Aida Diongue, qui se trouve être une Personne politiquement exposée (PPE), n’a jamais fait de dépôt en espèces. 
Tous les fonds retracés dans ses comptes provenant de virements ou de chèques trésor. 
Pour les bons de caisse, la banque a confirmé que Aida Diongue avait commencé à y souscrire depuis 2003 du temps de la BST. 

Quid des bijoux de valeur ? Là aussi, l’ordonnance révèle des attestations de propriété de la Douane française dont certaines datent des années 90. 
Ces bijoux ont été achetés pour la plupart à cette époque à Genève, en Suisse. Même la célèbre bijouterie Yoro Lam du Sénégal a versé des attestations qui démontrent que ces biens sont acquis depuis des années et des années. 
Concernant les maisons, Aida Diongue en a trois. L’ordonnance révèle que sa maison des HLM a été achetée en...1974. 

Et que, alors fonctionnaire, elle versait 10.000 FCFA par mois. Sa maison de Dagana a été acquise pour la modique somme de 2 millions de FCFA depuis des lustres alors que son domicile de Hann Maristes a été régulièrement acheté auprès de Mame Birame Diouf. 
S’agissant du fait que la responsable libérale gagnait systématiquement les marchés du Plan Jaxaay, l’ordonnance estime que même si cela peut heurter la conscience, il n’en demeure pas moins que c’est toujours après dépouillement des offres que ses sociétés étaient déclarées adjudicataires. 
Qui plus, les marchés étaient régulièrement exécutés comme constaté par les éléments de la Division des investigations criminelles (DIC) lors d’un transport sur les sites. 

Par ailleurs, le point concernant son parc automobile avait été «évacué» lors de l’enquête préliminaire puisqu’il n’y avait pas de quoi fouetter un chat selon les enquêteurs. 
Cerise sur le gâteau, Aida Diongue va empocher la rondelette somme de 9 milliards de FCFA qui n’a rien à voir avec les montants bloqués à la Caisse des dépôts et consignations (CDC). En effet, elle avait acheté des bons du Trésor ivoirien pour 8 milliards de FCFA. Cette souscription est arrivée à terme depuis 2017 et le Trésor ivoirien avait viré l’argent – 1 et 8 milliards en intérêt - dans ses comptes logés à la Cbao. Mais l’argent avait été bloqué par la CI-CREI qui a signé une mainlevée.

Source : Libé