Nouvel an, nouveaux engagements. Nouveaux mensonges

GUEST EDITORIALISTE
Samedi 23 Décembre 2017

Par Demba Ndiaye seneplus

Décembre ! Décembre est un mois paradoxal. Il rend heureux les enfants, tout en ruinant les parents. On enterre l'année écoulée avec ses rêves brisés, ses espoirs déçus. Mais comme on ne se refait pas (portant on aimerait), on jure la main sur le cœur, qu'on ne refera pas les bêtises de l'année qui s'achève ; qu'on ne fumera plus, qu'on ne fera plus le mauvais homme ou la mauvaise femme. Bref, on fera mieux, on sera une meilleure personne; un meilleur citoyen. Bref, on sera un autre, parce que celui de l'année qui s'achève était un vrai faux jeton.. 

Comme les enfants, on croit au père Noël. On ne sera pas ce qu'on a été, on ne fera pas, on ne fera plus, ce qu'on a fait. On sera un autre homme. Oui, un père Noël au lieu d'un père fouettard.
On va même jusqu'à rêver d'un président qui change et change de politique ainsi que de pratiques de gouvernance. Vous savez, gouvernance vertueuse et transparente, la patrie avant le parti, reddition des comptes, etc. Toutes ces banalités républicaines qui doivent aller de soi dans une république. Mais bon, on sait que celui qui avait juré de faire tout cela, a tourné casaque. En nous tournant tous, au passage, en bourriques.

On a souhaité de nouveaux députés pour une nouvelle assemblée; une meilleure justice à défaut d'une nouvelle justice; une meilleure police pour discipliner les chauffards-tueurs de nos routes; des forces de l'ordre qui ne figurent pas aux premières places des prédateurs mais qui agissent comme des redresseurs de torts. Nous formulons des vœux pour des juges courageux à défaut dune justice pour tous...

Décembre! Ce prétentieux bûcher de nos erreurs, de nos fautes, de nos faiblesses, de nos prétentions, ne voilà t-il pas qu'il se pose aussi, en fixeur, starting block de nouveaux rêves. Un président qui rêvait tellement de son nouveau jouet (on est en décembre non?) qu'il n'a pas attendu le père Noël et l'inaugura à marche forcée.  Parce qu'il n'écouta que la fausse musique de collaborateurs arrivistes. On préféra lyncher les aiguilleurs en grève, qui avait pourtant suivi les règles en déposant un préavis. Des laudateurs-mange mil du président ont même suggéré avec force qu'on les sanctionnât.

Décembre, c'est aussi le mois des soldes. Soldes des engagements pris, des accords signés. On se paya une grève des enseignants, des grèves, puisque chaque regroupement syndical y va de sa piqûre de rappel. Comme rappel des indemnités, des primes du bac, des harmonisations... Mais aussi, (et là on fait dans l'innovation) le rétablissement des salaires ponctionnés par des ordinateurs devenus fous. Celui que l'on présente comme "l'un des meilleurs ministres" de l'Economie de la Cedeao a regardé ses services racketter des enseignants en ponctionnant leurs salaires. On a appris depuis, qu'il y avait au cœur de ce ministère des truands, faussaires, qui arnaquaient depuis des années les râleurs de l'école. Depuis on les a virés. D'accord, mais il faut qu'on rétablisse  les salaires dans leur intégralité. Pour l'année scolaire sans grève, le ministre Mbaye Thiamine devra faire appel à son collègue du supérieur, mathématicien, pour trouver une formule magique.

Décembre des sales coups. Fratricide. Des Sall. Qui verra des soutiens inattendus. Des mères et des grands-mères qui s'envoient des missiles mystiques! Comment a-t-on pu permettre de telles bévues, dérapages. Quelle est cette presse qui publie à peu près n'importe quoi? Jusqu'où nous mènera-t-elle? Jusqu'à quand la CNRA se bornera-t-elle " à rappeler à l'ordre " des usurpateurs de fonction ?

Décembre et ses faucons, décidèrent aussi, et surtout, de maintenir le maire de Dakar en prison jusqu'à l'année prochaine. Après qu'un juge refusa ses immeubles comme caution alors que la liste est longue de ceux et celles qui ont usé du même mode de consignation. Politique cette affaire de caisse d'avance? Partiale et sélective cette justice? Honni qui ose y penser. Aller, un engagement pour janvier et le nouvel an: je ne croirais plus rien; je ne croirais plus aux promesses vertueuses du premier d'entre nous...Ah ces bûchers ardents des vertus et des promesses; des rêves et des espoirs. Allez citoyen, mûris un peu; doutes beaucoup; résistes aux avalanches de mensonges.

On veut sans doute réserver un bûcher incandescent en janvier à Khalifa, lui qui rêvait de faire de Dakar le premier territoire d'un "Khalifat" nommé Sénégal. Lèse-khalife. Il y en un déjà. Et celui la, les seuls "K" qu'il autorise et accepte, c'est celui dans son nom.
Nouvel an, nouveaux engagements. Nouveaux mensonges; nouveaux deals Saleté d'époque !  Khalifa, y a toutes les "chances" (n'est ce pas!) que la justice le condamne en janvier; et, la certitude que son parti l'expulse de ses rangs, achevant ainsi sa politique de collabo qui a donné des gages de sa loyauté au Maître. Les mauvais penseurs au gnouf. Silence bouffons !

Moi, ce qui m'embête dans l'affaire, c'est qu'on ne saura jamais s'il "était  un adversaire sérieux" pour le deuxième mandat du candidat Macky. Parce que comme Karim Wade, il sera probablement forclos pour la présidentielle 2019. Faudra attendre 2024. Si Monsieur ne brigue pas un troisième mandat. Parce qu'avec "wax waxeet comme valeur et éthique, on ne sait jamais! On sait que les majorités mécaniques servent à légitimer les coups tordus; comme les coups d'État.

Et comme le M n'aime pas les K, ses adversaires et poursuivants directs: Karim et Khalifa. ... Nous aussi nos détestons les "Khalifa". Fussent-ils laïques. Mais nous haïssons plus ceux qui abusent de leur khalifat pour embastiller leurs adversaires. Ce n'est ni démocratique, ni républicain.

Oui, en décembre, nous ne voulons ni un père Noël agent commercial, grand baratineur devant les citoyens; ni un père fouettard, qui s'assoit sur la République et embastille les républicains. Surtout s'ils ne sont pas de sa mauve République. Ce que la dame a zappé durant sa récente sortie. Mais avec la réponse claire, nette, cinglante de vérité d'Ibrahim Seck du Forum Civil, on peut entrer dans la nouvelle année en se disant: heureusement qu'ils existent, nous donnant des raisons de ne pas désespérer.
Allez, Bonne année 2018, quand même !