Pape Djibril Fall étrille le gouvernement : « Est-ce qu’au Sénégal, vous vous sentez bien ? »

POLITIQUE
Vendredi 28 Novembre 2025

À l’Assemblée nationale, le député Pape Djibril Fall a livré une intervention particulièrement offensive à l’encontre du gouvernement, mettant en cause son sérieux, sa transparence et sa connexion avec le vécu quotidien des Sénégalais.
S’appuyant sur l’article 63 du Règlement intérieur, il a d’abord interpellé la présidence de séance avant de lancer une question d’ouverture qui a donné le ton :
« Est-ce qu’au Sénégal, vous vous sentez bien ? »
Une manière de souligner, selon lui, le fossé grandissant entre les dirigeants et les réalités que vivent les citoyens. « Aucune coupure d’énergie » : une phrase qui fâche Pape Djibril Fall est revenu sur la déclaration du Premier ministre du 10 novembre, selon laquelle il n’y aurait « aucune coupure d’énergie » au Sénégal. Une affirmation qu’il juge en total décalage avec la réalité.
Pour le député, tenir un tel discours, alors que les ménages et les entreprises subissent des délestages et des difficultés, illustre un « manque de sérieux » de la part de l’exécutif face aux « difficultés réelles » du pays.
Il a dénoncé ce qu’il considère comme une communication gouvernementale « déconnectée », plus soucieuse de soigner l’image que de reconnaître les problèmes. Des chiffres « fragiles » et une réalité sociale ignorée
Sur le plan économique, Pape Djibril Fall a contesté la crédibilité des indicateurs avancés par le gouvernement, parlant de chiffres « fragiles », malléables et utilisés pour dresser un tableau trop optimiste.
Selon lui, derrière ces chiffres se cachent des drames humains dont l’exécutif ne mesure pas l’ampleur :
– étudiants en difficulté,
– travailleurs licenciés,
– agents du secteur parapublic,
– Sénégalais employés dans des bases étrangères confrontés à l’incertitude.
Il a évoqué une rencontre où 143 personnes auraient exposé leurs problèmes sans obtenir de réponses ni de perspectives concrètes, accusant le gouvernement de « ne pas écouter » ceux qui subissent de plein fouet la crise. Rapport Mazars et dette publique : la bataille de la transparence Point central de son intervention : la question de la transparence financière.
Pape Djibril Fall a exigé la publication immédiate du rapport Mazars, qui ferait état d’une dette estimée à 516 milliards de francs CFA. Pour lui, le gouvernement ne peut se contenter de discours généraux là où des documents précis existent.
Il a également dénoncé l’absence d’informations régulières sur la dette publique :
« Depuis juin 2024, aucun bulletin statistique trimestriel sur la dette n’a été publié. C’est inacceptable. »
Ce silence statistique, selon lui, alimente la suspicion et fragilise la confiance entre les citoyens, les institutions et les partenaires. Promesses à Bakel et Touba : « Jusqu’à présent, nous n’avons rien vu »

En conclusion, Pape Djibril Fall est revenu sur les engagements d’investissements annoncés par le gouvernement, notamment à Bakel et Touba, pour un montant global d’environ 8 milliards de francs CFA.
Il affirme que, sur le terrain, aucune matérialisation concrète de ces promesses n’est visible à ce jour :
« Jusqu’à présent, nous n’avons rien vu », a-t-il insisté.
Le député a achevé son intervention par une formule en wolof, qui a résonné comme un avertissement politique :
« Bayilene sen yambar ji nguène neké »
(Cessez votre comportement puéril, vos fanfaronnades).
Un message sans détour à l’adresse du gouvernement, qu’il accuse de privilégier la posture et la communication au détriment de la vérité, de la transparence et de la réponse concrète aux urgences sociales.