«Souleymane Ndéné Ndiaye est dans le cadre d’une alliance politique et non d’une transhumance»

POLITIQUE
Mardi 9 Mai 2017

Depuis qu’il a annoncé sa décision de travailler aux côtés du président de la République, Souleymane Ndéné Ndiaye est seul à monter au front pour parer les coups qui pleuvent sur sa personne. C’est pourquoi, Moussa Faye, chef d’entreprise, conseiller et proche collaborateur de Ndéné, a décidé de rompre le silence pour défendre son mentor.


(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Lessentiel : Aujourd’hui Souleymane Ndéné Ndiaye a rejoint la mouvance présidentielle. Transhumance ou alliance ?

Moussa Faye : D’emblée, je dirai que nous ne sommes pas dans le cadre d’une transhumance mais d’une saine pour ne pas dire d’une sainte alliance. Il faut rappeler que l’amitié entre les deux, qui a duré plusieurs décennies, a beaucoup pesé dans cette alliance. Souleymane Ndéné a toujours revendiqué cette amitié même quand il était Premier ministre et que Macky traversait le désert. C’est pourquoi, aujourd’hui que les rôles sont inversés, c’est-à-dire que Macky ait conquis le pouvoir et que le PDS l’ait perdu, jamais Souleymane, chef de parti, n’a versé dans la surenchère des diatribes contre le chef de l’Etat.
 
Toutefois, il n’a pas non plus été complaisant vis-à-vis du pouvoir. C’est donc dire qu’il s’était inscrit dans la dynamique d’une opposition républicaine. Maintenant le président de la République a fait appel à ses compétences et son expérience lors de la présentation de ses condoléances à Samuel qui a perdu sa mère. Et il est de son devoir de répondre, après cinq ans de gouvernance plus ou moins laborieuse, aux sollicitations d’un ami et surtout à l’appel du président du Sénégal. Si l’idée de transhumer l’animait, il l’aurait fait très tôt après la perte du pouvoir en 2012. Mais il avait préféré garder sa ligne qui est de s’opposer à la politique gouvernementale. Et il l’a manifesté quand cela était nécessaire.

(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Mais sa communication radicale laissait entendre qu’il ne rejoindrait jamais le pouvoir ?

Il n’a pas rejoint le pouvoir, il s’est joint au pouvoir. Il faut faire la différence entre les deux termes. Certes, il faut reconnaitre que des peccadilles ont été commises dans sa façon de communiquer, comme il a eu d’ailleurs l’humilité de le reconnaitre, mais ce serait aussi pertinent de convoquer le contexte d’émission de ses propos pour en appréhender tout le sens. Il avait juré qu’il ne transhumerait jamais, c’est-à-dire qu’il ne fondrait jamais l’Union nationale pour le peuple (UNP)/Bokk Jëmu dans l’Alliance pour la République. Et jusqu’au moment où je vous parle, il n’y a aucune opération officieuse ou officielle qui acte une fusion de l’UNP dans l’APR.
 
(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Par conséquent, ce serait politiquement déshonnête de vouloir sauter sur une occasion pour falsifier ses propos d’antan et le clouer au pilori. A dessein, certains journalistes et hommes politiques veulent l’acculer jusque dans ses derniers retranchements pour lui faire payer une faute politique qu’il n’a jamais commise. Si rejoindre la mouvance présidentielle en préservant toute la souveraineté de son parti, c’est transhumer, il y a lieu de revoir le chant sémantique de ce vocable animalier.

Pourquoi ne l’a-t-on pas dit à propos du PS version Ousmane Tanor Dieng, l’AFP de Moustapha Niasse, le PIT d’Amath Dansokho et autres partis de Bennoo Siggil Senegaal ? Ces partis ont rejoint l’APR dans l’entre-deux tour quand le peuple les a désavoués au premier tour. Aujourd’hui, Souleymane a pris une option, et il l’assume. Il est dans le cadre d’une alliance politique et non d’une transhumance comme veulent le faire croire certains. Qui connait sa trajectoire et son courage politique sait que Souleymane Ndéné est quelqu’un qui ne se déballonne jamais.

(adsbygoogle = window.adsbygoogle || []).push({}); Il a été Premier ministre d’Abdoulaye Wade. Aujourd’hui que ferait-il avec un poste moins prestigieux ?

Servir son pays dans un poste quelconque ne peut en rien être dévalorisant. Le poste de Premier ministre est une nomination au même titre que les autres ministres. C’est le primum inter pares, c’est-à-dire premier parmi ses pairs. Donc, un ex-PM doit même pouvoir servir dans un poste quelconque, pourvu que ce soit au service des citoyens. Le mot «ministre», selon l’étymologie latine et l’acception cléricale, signifie «serviteur».
 
Alors, il n’y a pas de suprématie de poste quand il faut servir le pays même s’il y a un ordre protocolaire dans l’organigramme gouvernemental. En France, le premier Premier ministre du président Hollande, Jean-Marc Ayrault, s’est retrouvé aux Affaires étrangères. Et cela n’a pas été l’objet d’un débat. Souleymane Ndéné est un patriote qui continuera de servir son pays sans avoir de fixation sur un poste.

Propos recueillis par Serigne Saliou Guèye