La disparition de mon oncle Momar Lo laisse un vide immense, non seulement dans ma vie, mais aussi dans celle de tous ceux qui ont eu le privilège de croiser son chemin. Bien plus qu’un père, il fut un guide, un maître, un passeur. C’est lui qui m’a transmis le goût de la lecture, la soif d’apprendre et le désir insatiable de connaissances.
Grâce à lui, nous bénéficions d'un capital social hors du commun à domicile. Romans, grands classiques de la littérature, biographies d’auteurs majeurs, pamphlets et vieux magazines et journaux (Wal Fadjri, Sud Hebdo, Promotion, Échos du Sénégal, Dakar Matin etc.) qui témoignaient d'un Sénégal que nous n'avions pas connu, nourrissaient dès l’adolescence ma curiosité intellectuelle et forgeaient la lectrice compulsive que je suis devenue.
Altruiste et généreux, d’une dignité sans faille, il a consacré sa vie aux autres, en particulier à défendre la cause de la veuve et de l'orphelin. Enseignant d’exception, il a formé des générations entières de « Jolof Jolof », qui continuent aujourd’hui de lui témoigner respect et gratitude. Son engagement syndical, au sein de l’UDEN dont il dirigea la section communale de Linguère, fut celui d’un homme de principes, défenseur farouche des droits de ses collègues et des causes justes.
Homme de gauche, fidèle à ses idéaux, il a participé à toutes les luttes politiques du Sénégal aux côtés de la Ligue Démocratique d’Abdoulaye Bathily. Mais jamais il ne céda aux séductions du carriérisme. Il n’a jamais transhumé, jamais accepté de poste lucratif, jamais tiré le moindre bénéfice personnel de son engagement. Sa dignité fut sa seule récompense, et son intégrité, sa marque indélébile.
Poète, écrivain, acteur culturel et sportif, il portait haut l’ambition d’une société éclairée par les arts et l’effort collectif. Son œuvre publiée en témoigne : il avait le verbe sensible, la plume altière, et savait donner aux mots la puissance des valeurs qu’il incarnait.
Sa générosité, constante tout au long de sa vie, s’est encore illustrée lors de notre ultime rencontre, il y a deux semaines à Dakar: cloué au lit par la maladie, il trouvait encore la force de distribuer de l’argent à ses visiteurs, comme pour rappeler que donner, jusqu’au bout, restait son geste naturel.
Je veux exprimer ici ma reconnaissance infinie à ses anciens élèves qui, chacun dans sa spécialité, se sont mobilisés pour lui assurer les meilleurs soins possibles. Leur dévouement est à l’image de ce qu’il leur avait transmis : savoir, rigueur, humanité. Beaucoup disent lui devoir quelque chose ; pour ma part, je lui dois tout. Aucun hommage ne saurait dire avec justesse l’étendue de ma dette intellectuelle et morale envers lui.
Que Dieu, dans Sa miséricorde infinie, accueille mon oncle Momar Lo au plus élevé des paradis. Puisse-t-il y trouver la paix, la lumière et l’éternelle reconnaissance d’un peuple et d’une famille qui ne cesseront de se souvenir de lui.
Ndeye Khady LO
Grâce à lui, nous bénéficions d'un capital social hors du commun à domicile. Romans, grands classiques de la littérature, biographies d’auteurs majeurs, pamphlets et vieux magazines et journaux (Wal Fadjri, Sud Hebdo, Promotion, Échos du Sénégal, Dakar Matin etc.) qui témoignaient d'un Sénégal que nous n'avions pas connu, nourrissaient dès l’adolescence ma curiosité intellectuelle et forgeaient la lectrice compulsive que je suis devenue.
Altruiste et généreux, d’une dignité sans faille, il a consacré sa vie aux autres, en particulier à défendre la cause de la veuve et de l'orphelin. Enseignant d’exception, il a formé des générations entières de « Jolof Jolof », qui continuent aujourd’hui de lui témoigner respect et gratitude. Son engagement syndical, au sein de l’UDEN dont il dirigea la section communale de Linguère, fut celui d’un homme de principes, défenseur farouche des droits de ses collègues et des causes justes.
Homme de gauche, fidèle à ses idéaux, il a participé à toutes les luttes politiques du Sénégal aux côtés de la Ligue Démocratique d’Abdoulaye Bathily. Mais jamais il ne céda aux séductions du carriérisme. Il n’a jamais transhumé, jamais accepté de poste lucratif, jamais tiré le moindre bénéfice personnel de son engagement. Sa dignité fut sa seule récompense, et son intégrité, sa marque indélébile.
Poète, écrivain, acteur culturel et sportif, il portait haut l’ambition d’une société éclairée par les arts et l’effort collectif. Son œuvre publiée en témoigne : il avait le verbe sensible, la plume altière, et savait donner aux mots la puissance des valeurs qu’il incarnait.
Sa générosité, constante tout au long de sa vie, s’est encore illustrée lors de notre ultime rencontre, il y a deux semaines à Dakar: cloué au lit par la maladie, il trouvait encore la force de distribuer de l’argent à ses visiteurs, comme pour rappeler que donner, jusqu’au bout, restait son geste naturel.
Je veux exprimer ici ma reconnaissance infinie à ses anciens élèves qui, chacun dans sa spécialité, se sont mobilisés pour lui assurer les meilleurs soins possibles. Leur dévouement est à l’image de ce qu’il leur avait transmis : savoir, rigueur, humanité. Beaucoup disent lui devoir quelque chose ; pour ma part, je lui dois tout. Aucun hommage ne saurait dire avec justesse l’étendue de ma dette intellectuelle et morale envers lui.
Que Dieu, dans Sa miséricorde infinie, accueille mon oncle Momar Lo au plus élevé des paradis. Puisse-t-il y trouver la paix, la lumière et l’éternelle reconnaissance d’un peuple et d’une famille qui ne cesseront de se souvenir de lui.
Ndeye Khady LO