​ABDOUL AHAD NDIAYE DE PASTEF « Cette taxe sur le mobile money risque d’affaisser le secteur qui représente 90 % des flux financiers »

POLITIQUE
Jeudi 18 Septembre 2025



•⁠  ⁠Le mobile money représente près de 15 000 milliards de flux annuels, soit 90 % des transactions financières mais reste vulnérable, indique le député dans l’émission Tolluway de Seneweb.
•⁠  ⁠La taxe menace d’« affaisser » le secteur, avec des conséquences graves sur l’économie et l’inclusion financière.
•⁠  ⁠Les FINTECHS ont permis de formaliser progressivement le secteur informel (traçabilité, usage des QR codes), un acquis qui pourrait être compromis.
•⁠  ⁠Le député Abdoul Ahad Ndiaye exhorte l’État à associer opérateurs, associations et commission numérique de l’Assemblée nationale avant toute décision

Le député Abdoul Ahad Ndiaye, membre de PASTEF, s’est exprimé sur le projet de taxe sur le mobile money. Tout en reconnaissant la pertinence de l’initiative, il met en garde contre ses conséquences économiques et sociales, notamment sur l’inclusion financière et le secteur informel.

Un secteur vital mais fragile
« Je m’oppose à l’État parce que je connais ce secteur. Les émetteurs de monnaie électroniques sont dans un secteur très volatile. Ils sont vulnérables et le secteur peut vite s’affaisser », a déclaré le parlementaire.
Pour lui, l’importance stratégique du mobile money ne fait aucun doute : « Dans ce secteur, il y a un flux de 15 mille milliards, presque 90 % des flux financiers. C’est un secteur avec lequel il ne faut pas rigoler. C’est hyper stratégique et important. »
« Je ne suis pas contre le projet, mais je souhaite que des amendements soient proposés et qu’il y ait des échanges francs », a-t-il ajouté, tout en appelant à une concertation élargie avec les opérateurs, les associations professionnelles et la commission numérique de l’Assemblée nationale.
Inclusion financière menacée
Selon Abdoul Ahad Ndiaye, l’introduction d’une taxe mal calibrée risque de briser des années d’efforts. « L’inclusion financière doit être une réalité. Nous ne gérons pas notre monnaie et c’est un grand problème. L’argent ne circule pas parce que nous sommes dans un pays informel. L’argent n’est pas injecté dans le circuit économique », a-t-il souligné.
Il met en avant le rôle clé des fintechs dans ce processus : « Les FINTECH permettent d’avoir une traçabilité et une relation de confiance avec le secteur informel qui aide à asseoir l’inclusion financière et formaliser le secteur informel. Cela a été un travail de longue haleine avec le secteur informel pour faire accepter l’usage des codes QR. Cette taxe risque d’affaisser le secteur et mettre en péril tout ce travail. »
Fiscalité, épargne nationale et transparence
Abdoul Ahad Ndiaye reconnaît que « les opérateurs sont d’accord pour être taxés sur leur chiffre d’affaires », mais juge que les taux proposés pourraient s’avérer contre-productifs. Il appelle à une révision au niveau du décret d’application, seule marge de manœuvre possible après adoption de la loi.
Par ailleurs, il déplore que les banques locales continuent de privilégier les plus riches et de prêter uniquement sur garanties, au détriment des activités productives. « L’État doit trouver les moyens de mobiliser l’épargne nationale et d’injecter ces ressources dans l’économie réelle », martèle-t-il.
Enfin, il interpelle sur la question de la transparence des flux financiers : « Les transactions déclarées atteignent 15 000 milliards, mais l’État peine à auditer efficacement ce système. Le gouvernement doit avoir une vue accrue sur ces transactions », affirme-t-il, plaidant pour un rôle renforcé de La Poste dans le processus d’inclusion financière.
Le député regrette que les acteurs concernés aient été écartés des discussions : « J’invite les autorités à recevoir les opérateurs, les associations et la commission numérique de l’Assemblée nationale. Nous n’avons pas été consultés, c’est pourquoi je donne mon avis ici. »