Aujourd’hui, j’ai rendu visite à deux figures emblématiques de la liberté d’expression au Sénégal : Badara Gadiaga et Abdou Nguer. Détenus d’opinion, ils m’ont accueilli avec une force morale impressionnante, portés par la conviction profonde de leur innocence. Leur sérénité en prison est le reflet d’une certitude : leurs dossiers sont vides, et leur incarcération injustifiée.
Badara Gadiaga, chroniqueur redoutable, est un maître du verbe, aussi à l’aise en français qu’en wolof. Son éloquence, sa capacité à manier les images et les proverbes, font de lui une voix incontournable dans le paysage médiatique sénégalais. Son rôle dans l’émission Jakarloo sur TFM a marqué les esprits, et son impact sur l’opinion publique est indéniable. Ancien militant du M23, engagé contre le troisième mandat, Badara est un acteur de la démocratie. Son arrestation soulève une question cruciale : cherche-t-on à le réduire au silence ?
Abdou Nguer, quant à lui, transforme sa détention en une opportunité d’apprentissage. Armé de son manuel Bled CM2, il fait de l’espace carcéral un lieu d’éducation. Inspiré par la devise de Nelson Mandela affichée à Rebeuss, il incarne la résilience et la quête de savoir. Chroniqueur en langue wolof, il a élevé le niveau du débat public par sa culture, sa capacité d’argumentation et sa volonté de comprendre l’humain. Lui aussi, on l’écoute, on le respecte. Lui aussi, on a voulu le faire taire.
Ces deux hommes ne devraient pas être derrière les barreaux. Ils doivent être libérés immédiatement et sans condition. Leur détention injustifiée alimente un climat politique et médiatique lourd, toxique, fait d’invectives et de haine. Leur libération serait un geste fort pour apaiser les tensions et amorcer une réconciliation nationale.
Le Sénégal a besoin de paix, de sérénité et de stabilité. Le peuple a voté pour un projet de redressement national. Pour qu’il réussisse, il faut rassembler, unir et civiliser les relations entre pouvoir et opposition. Il est temps d’expurger la langue politique des insultes et des violences verbales.
Président Diomaye, Premier ministre Sonko, la Nation vous regarde. Elle vous appelle à incarner cette paix, à faire preuve de grandeur. Libérez Badara Gadiaga et Abdou Nguer. C’est un acte de justice. C’est un acte de démocratie. C’est un acte de paix.