​Un authentique PIKINOIS s’en est allé ! (Aziz KANE*)

TRIBUNE LIBRE
Dimanche 7 Juin 2020

Le mardi 26 mai 2020  peu après la prière du crépuscule, la triste nouvelle est tombée : Aly  Bâ vient de tirer sa révérence en Allemagne où il était allé pour se soigner.

La terre s’est dérobée sous mes pieds, je n’arrive toujours pas à admettre une telle réalité qui a eu l’effet d’une bombe dans le landerneau Pikinois. J’ai pensé à mère Bandel Ly sa maman et non moins complice et à son aimante épouse Sarata qui, je l’imagine, sont restées dignes mais complètement dévastées par cette insoutenable disparition.
 
Pikine vient de perdre un de ses plus attachants fils et un de ses plus obstinés défenseurs. En effet, Almamy s’était entiché, depuis sa prime jeunesse, de Pikine au point de s’autoproclamer comme un ténor commis d’office au plaidoyer de la banlieue en général, et de Pikine en particulier, contre les poncifs et stéréotypes affublés aux banlieusards.
 
Dans cette veine, j’ai été témoin d’un plaidoyer de haut vol, où Aly indiquait aux princes qui nous gouvernent, que Pikine recelait de jeunes et brillants esprits qui ont fait leur sillon dans tous les secteurs de la vie économique du pays. C’était à l’occasion d’une visite de courtoisie au domicile familial de Monsieur Malick Gakou , président du Gand parti, dans lequel il militait à l’époque.
 
Ce « gouailleur-railleur » va nous manquer horriblement. Démiurge,  il était l’animateur des retrouvailles dominicales, avec ses amis d’enfance chez mère Ndeye Meissa DIOP à la Cité Icotaf 1.
Amis que lui seul parvenait à réunir, malgré les vicissitudes et les rigueurs de la vie de chefs de familles qu’ils étaient devenus.
 
Aly Bâ ne s’était pas seulement contenté de théoriser la « Pikinité », il l’a tout autant pratiquée !
 A cet égard, il ouvrait grandement les portes de sa maison à tout compatriote débarquant à Cologne, en offrant non seulement le gîte et le couvert mais aussi en prodiguant conseil pour une intégration fast track,
 
Transposant ainsi, son altruisme et  le don soi dans le climat tempéré de Cologne pour le grand bien de ses concitoyens.
Enfant de Pikine, il s’était confronté, via ses humanités, à la rigueur germanique pour devenir l’ingénieur en aménagement urbain et paysager, métier qui aurait pu lui donner l’opportunité de faire toute sa carrière professionnelle au pays de Goethe.
 
Que nenni, il avait décidé de répondre à l’appel irrésistible de « son » Pikine natal en décidant d’y revenir.
Après tant d’années en Allemagne, il est demeuré, plus que jamais, le Pikinois généreux et bon vivant qu’il a toujours été. Sa pikinité tropicale ne s’est pas tempérée loin s’en faut !  Cela va sans dire que la froideur distante germanique a glissé sur ce banlieusard bon teint et n’a pas impacté sur son humour pince-sans-rire et amateur impénitent de la socialisation.
 
Aly Bâ avait une relation mythique avec la ville de Pikine. Quand l’envie de humer l’air de Pikine lui prenait, même en jour ouvrable, il pouvait braver les longues files de bouchon rien que pour assouvir ce prurit irrépressible pour ensuite rentrer chez lui a Ouakam, tard dans la soirée.
 
Almamy est un pieux de l’amitié et de la solidarité. Il rend un culte à l’amitié et prend un plaisir à assurer l’office tous les dimanches entre dévots de l’amitié sincère. Aly était une colonne dans le cénacle de Pikine way of life.
 
 Adepte de la gaudriole, si vous le rencontrez pour la première fois, il pourrait  très vite s’adonner à des plaisanteries. C’était sa façon à lui de briser la glace et de débrider l’atmosphère pour les intimidés ou autres coincés.
 
Hédoniste patenté, il vous refilait sa contagieuse joie de vivre et sa bonne humeur.
 
Aly Ba était un esprit éclectique, au point de nous gratifier des publications de haute  facture que sa modestie ne nous a permis de découvrir que sur le tard un des talents cachés du joyeux bonhomme.
 
Dans l’éclatement des valeurs de générosité ; de solidarité agissante et l’errance des conduites qui affligent notre société, la posture d’Aly Bâ en était l’anti modèle dans tous les actes qu’il posait.
 
Amateur de bonne bouffe et de foot, en grand supporter de Bayern, il connaissait les méandres du foot européen.
Son éternel sourire et son charme enjôleur de bon vivant vont, très franchement, nous manquer à jamais. PIKINE te pleurera pour toujours l’artiste !
 
Qu’il me soit permis de présenter mes sincères condoléances à sa maman, à son épouse et à ses enfants, sans oublier ses frères et sœurs ainsi que tous les Pikinois.
 
Repose en paix jeune frère ! Que la terre de Pikine te soit légère. Puisse Allah SWT t’accueillir dans son paradis le plus céleste !
 
Abdoul Aziz KANE,  Consultant
HANN MARINAS – BEL AIR