Menu


Anta Babacar Ngom à l’Assemblée nationale« Le secteur industriel s’effondre sous vos yeux »

ECONOMIE
Mardi 2 Décembre 2025

Anta Babacar Ngom à l’Assemblée nationale« Le secteur industriel s’effondre sous vos yeux »
Face au ministre de l’Industrie et du Commerce, lors de l’examen du budget de son département, la députée Anta Babacar Ngom a livré un diagnostic sans concession de la situation industrielle du Sénégal. Pour elle, le secteur industriel sénégalais est “à l’agonie”, pris dans une spirale de fermetures d’usines, de dettes intérieures étouffantes et de perte de compétitivité. « Le secteur industriel s’effondre sous vos yeux »
En séance plénière, la députée a planté le décor d’entrée de jeu :
« Le secteur industriel s’effondre sous vos yeux, tous les jours. Plus d’une centaine d’entreprises ont fermé et les autres sont en quasi-faillite. »
Anta Babacar Ngom fustige une gouvernance économique fondée sur les “slogans, incantations et effets d’annonce”, sans véritable politique industrielle structurée. Elle rappelle un principe de base, souvent oublié dans le débat public :
« Le Sénégal ne se développera jamais sans ses entreprises sénégalaises. Aucune économie au monde ne s’est construite sans un secteur privé national respecté, impliqué et soutenu. »
Ce discours intervient dans un contexte où plusieurs indicateurs économiques confirment un ralentissement marqué par une crise profonde du BTP, avec des centaines de milliards d’arriérés de paiement de l’État ; un gel ou ralentissement de nombreux projets d’infrastructures, entraînant des arrêts de chantiers et des licenciements massifs ; des tensions sur les finances publiques et recours accru à l’endettement.

“Les champions nationaux existent déjà” : un message au Président Diomaye Faye

La députée a également réagi à l’annonce récente du président de la République, Bassirou Diomaye Faye, qui a fait du lancement de l’initiative « Sunu Champion » un axe majeur de sa communication au Conseil des ministres. Ce programme est censé promouvoir l’émergence de champions nationaux dans des secteurs stratégiques de l’économie, dans une logique de « patriotisme économique » et de souveraineté.
Anta Babacar Ngom dit accueillir positivement cette orientation, mais nuance :
« Les champions nationaux existent déjà depuis plus de 50 ans. Ce sont des hommes et des femmes qui ont bâti des usines, innové, employé des millions de Sénégalais. Ils ont pris des risques colossaux et traversé toutes les crises, souvent seuls et incompris. »
Pour elle, l’enjeu n’est pas seulement de “créer” de nouveaux champions, mais d’abord de reconnaître et d’appuyer ceux qui existent déjà : groupes industriels historiques, PME locales, entreprises familiales qui ont résisté aux crises successives et continuent de soutenir l’emploi.
Elle insiste sur la dimension politique du rapport État–secteur privé :
« Ces acteurs n’attendent qu’une chose : qu’on les respecte, qu’on les écoute et qu’on les considère comme des alliés stratégiques, pas comme des acteurs que l’on consulte tardivement. Nous sommes vos alliés naturels, pas vos adversaires. »

Dette intérieure : « l’État étrangle son propre secteur privé »

L’un des points les plus sensibles de son intervention concerne la dette intérieure, notamment envers le secteur du BTP.
Anta Babacar Ngom rappelle que plus de 300 milliards de FCFA d’arriérés concernent à eux seuls les entreprises de construction et de travaux publics. Ce chiffre recoupe les estimations du Syndicat des entrepreneurs du BTP (SPEBTP), qui alerte depuis 2024 sur une dette supérieure à 300 milliards, montée en flèche après avoir été partiellement apurée.
Plus récemment, des acteurs du secteur évoquent même des encours dépassant 350 à 650 milliards de FCFA, selon les sources et la méthode de calcul, tant la crise s’est aggravée avec la suspension de nombreux projets et les retards dans le règlement des factures.
Les conséquences sont lourdes : chantiers à l’arrêt, machines immobilisées, PME en faillite, salaires impayés, et des pertes d’emplois directes et indirectes dans un secteur qui peut peser entre 500 000 et 600 000 emplois en comptant les emplois indirects.
D’où le constat sans détour de la députée :
« L’État étrangle son propre secteur privé en lui retirant les ressources nécessaires à sa survie. Les banques financent désormais les obligations d’État au lieu de financer l’économie réelle. »
En jargon économique, c’est ce qu’on appelle un “effet d’éviction” : l’État, en accumulant des arriérés et en émettant massivement de la dette, finit par concurrencer le secteur privé sur l’accès au crédit, tout en ne payant pas ce qu’il doit aux entreprises.

De la parole aux actes : un test pour le gouvernement

En conclusion, Anta Babacar Ngom a interpellé directement l’exécutif sur sa responsabilité historique :
« Les paroles ne suffisent plus. Le Sénégal attend des actes. Le secteur privé attend des actes. Et l’histoire jugera votre capacité à agir. »
Derrière cette phrase, plusieurs questions structurantes pour la relance industrielle du Sénégal :
  • L’État va-t-il apurer rapidement la dette intérieure, en particulier envers le BTP, pour éviter un effondrement en chaîne de ses entreprises ?
  • L’initiative « Sunu Champion » sera-t-elle un outil concret (accès facilité au financement, protection des secteurs stratégiques, marchés publics réservés, promotion à l’export), ou un programme de plus sans impact réel ?
  • Le gouvernement acceptera-t-il de repenser sa relation au secteur privé national, en le considérant comme un partenaire à part entière de la stratégie « Sénégal 2050 », et non comme un simple prestataire de la commande publique ?

Pourquoi l’intervention d’Anta Babacar Ngom est un signal fort

Sur le fond, l’intervention de la députée met des mots politiques sur une réalité chiffrée :
  • un secteur industriel fragilisé par les coûts, la concurrence et l’instabilité réglementaire ;
  • un BTP en crise profonde, révélateur d’une économie au ralenti ;
  • un État qui doit arbitrer entre ses contraintes budgétaires et l’urgence de sauver ses entreprises.
Sur la forme, le message est calibré pour résonner dans le débat public :
  • défense de la souveraineté économique ;
  • valorisation des entrepreneurs sénégalais ;
  • critique des politiques jugées déconnectées de l’économie réelle ;
  • exigence de cohérence entre les annonces présidentielles et ce qui se passe au quotidien dans les usines, les ateliers et les chantiers.
Pour un gouvernement qui veut faire de « Sunu Champion » le symbole d’un nouveau patriotisme économique, cette intervention sonne comme un rappel à l’ordre : on ne construit pas des champions nationaux sur des bases fragilisées par les retards de paiement, la perte de confiance et l’absence de visibilité.

 


Nouveau commentaire :

POLITIQUE | ECONOMIE | SOCIETE | CULTURE | SPORT | INTERNATIONAL | PEOPLE | TV & RADIO | TRIBUNE LIBRE | CONFIDENTIEL | COUP DE COEUR | COUP DE GUEULE | PORTRAIT | LETTRE DU JOUR | VU SUR FACEBOOK | FORCES ARMEES ET POLICE | FAITS DIVERS | INSOLITE | ILS ONT OSE LE DIRE | MEDIAS | EDITORIAL | COMMUNIQUE | NECROLOGIE | PUBLIREPORTAGE | NTIC | SANTE | JUSTICE | DIPLOMATIE | DIPLOMATIE | GUEST EDITORIALISTE | ENVIRONNEMENT | INSTITUTIONS | RELIGION | EDUCATION | AGRICULTURE | PAROLE DE CAMPAGNE | Antivirus, la chronique d'Abdoulaye Der | COVID-19 | Assemblée Nationale | Echos des Locales 2022







google.com, pub-1148023042834496, DIRECT, f08c47fec0942fa0