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Crise à la Sodav : C’est une forfaiture

TRIBUNE LIBRE
Lundi 20 Février 2017

Les Sénégalais ont appris, avec étonnement, la «supposée révocation» du Directeur gérant de la Sodav, le weekend dernier. «Supposée révocation» parce que après avoir commis leur forfait et envahi la presse à coup d’interviews et d’articles commandités avec des arguments qui frisent le ridicule, les forces obscures qui combattent le Directeur gérant ont omis de tout révéler. En réponse à leur initiative, le Directeur gérant, par voie de son dévoué, a assigné Mme la présidente de la  CA et le directeur intérimaire présumé, à comparaitre au tribunal du travail, le 21 février 2017, par voie d’ordonnance de comparution datée et signée par la présidente du tribunal, le 16/02/2017, signifiée et notifiée par huissier de justice, accompagnée d’un commandement de surseoir à la passation jusqu’après la comparution.

Pourtant, animés par une impatience inexplicable, des membres du Conseil d’administration de la Sodav ont forcé la porte du bureau du Directeur Gérant et se sont empressés de changer la serrure au mépris de la notification faite à eux d’attendre l’audience fixée au 21 février 2017.
Au-delà de tout ce que l’on peut penser ou croire, cette affaire pose la problématique de la responsabilité des différents acteurs et parties prenantes.
Bouna Manel Fall a pris fonction au mois d’octobre 2016, soit plus de deux ans après avoir été nommé Directeur gérant par le conseil d’administration de la nouvelle société de gestion collective du droit d’auteur et des droits voisins. Inutile de revenir sur les détails de sa désignation : il est nettement sorti du lot, suite à un appel à candidature qui a même fait concourir des postulants de l’étranger. L’establishment ne voulait pas de cet élément indépendant. Il est connu pour n’être d’aucun bord, de n’être inféodé à nul groupe de pression, de ne se soumettre à aucun cercle d’intérêt. Ce profil de gestionnaire libre dérange jusque dans les plus hautes sphères de l’oligarchie culturelle. C’est à contrecœur que les forces qui l’ont combattu ont assisté à sa prise de fonction. Depuis, il s’est mis à l’ouvrage, fort de la pertinence de sa vision et de ses compétences propres. Devant la décision qui a été prise par le conseil d’administration (dont la composition peut interloquer plus d’un au vu des profils de ses membres), il reste droits dans ses bottes de soldat et assume les responsabilités qui lui ont été assignées.
Mêmes ceux qui le combattent ont reconnu dans une interview pourtant à charge (Le Journal Enquête du 18 février 2017) qu’il a fait mieux que son prédécesseur en augmentant les recettes et en baissant les dépenses. Pourtant, comble d’incohérence, ils l’accusent de fautes de gestion. Ce qui est une contrevérité. Les véritables raisons qui ont poussé le CA à vouloir se débarrasser de Bouna Manel seront bientôt connues.

Qu’en pense le personnel ? Les langues commencent à se délier. Il est fait état de l’engagement du Directeur gérant. Il est assidu et ponctuel. Mieux, il émarge tous les jours au plus tard à 7h 40 mn, excepté le jour où la voiture de fonction lui a joué un tour l’obligeant ainsi à la laisser au niveau de la station d’essence en face du lycée Seydou Nourou Tall. Il a su, en quelques mois, rassurer les agents et donner du cœur à l’ouvrage aux troupes. En somme, il a imprimé une nouvelle dynamique de travail à ses collaborateurs. Il promu une véritable culture de l’effort et du mérite. D’où les résultats probants qu’affiche la Sodav en un trimestre. Pourquoi devant une telle attitude qui incite au travail, le CA s’empresse de vouloir révoquer le Directeur de la  Sodav ? Pourquoi ses collaborateurs observent un mutisme complice sur son «révocation» ? Ce personnel risque, pourtant, d’être le premier sacrifié sur l’autel de la convoitise débordante de gens de petite vertu. Il appartient au personnel de la Sodav de s’assumer et de défendre ses intérêts qui sont intimement liés au manager qui gère leur organisation.     

Et les ayants-droits ? On imagine leur incompréhension. Que se passe-t-il dans « leur maison » ? Ils ne savent assurément pas. Et ce n’est pas en restant dans la position de spectateurs que cela s’améliorera. Il est question de leurs revenus, de leurs conditions de vie, de leur avenir. La Sodav est au confluent des formes d’expression culturelles du Sénégal. Avec les droits numériques, la manne financière que peut engranger la société de gestion collective des droits est plus que considérable. Elle sera énorme. De quoi donner le tournis aux rapaces qui n’ont  d’yeux que pour l’argent. Ils en bavent même, rien que d’y penser. Heureusement, des leaders d’opinion (Habib Faye de l’Association des acteurs de l’industrie musicale, en l’occurrence et bien d’autres) ont pris sur eux le soin de dénoncer ce qu’ils appellent un complot ourdi par une « oligarchie » voulant garder la main haute sur l’industrie culturelle. C’est en fait une forfaiture qui s’accomplit sous les yeux des acteurs culturels et ils seraient coupables de rester les bras ballants. C’est à eux de prendre en charge la préservation de leurs aspirations légitimes. Et à ce niveau, les membres du conseil d’administration qui ont la bonne information et qui se sont abstenus de participer à cette forfaiture doivent éclairer leurs frères et sœurs qui sont embarqués dans le même navire qu’on veut couler. 

Qu’en est-il de l’autorité de tutelle ? L’autorité est faite pour être exercée. L’abus d’autorité est intolérable, à tous points de vue. Mais il y a pire : l’indolence de l’autorité. Les Africains sont adeptes des deux extrêmes. Dans le cas présent, le ministre, Mbagnick Ndiaye, qui a en charge le portefeuille de la Culture doit prendre toute sa responsabilité. La suite à donner à ce dossier lui incombe. Il doit prendre la pleine mesure des enjeux.
Jean-Marie Sène

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