De la hauteur, Monsieur le Secrétaire d'Etat

Quand j'ai lu le texte vitriolé que vous avez adressé allusivement à Mamadou Sy Tounkara, Bécaye Mbaye et Pape Alé Niang, respectivement chroniqueur et journalistes à la 2STV en guise de réaction aux propos railleurs du premier qui vous demandait d'aller passer le bac si vous aspirez être juge, j'ai cru un instant que ce n'était pas le secrétaire d'Etat Yakham Mbaye qui déblatérait de tels propos. Tellement ils sont hors-sujet, insultants et irrespectueux pour quelqu'un de votre rang. N'oubliez pas M. le Secrétaire d'Etat que vous êtes dans le gouvernement de la République et tout propos impudent qui sort de votre bouche engage vos collègues. Vous ne pouvez plus vous comporter comme le journaliste teigneux, polémiste, va-t-en-guerre connu naguère dans la presse écrite.
Libre à Mamadou Sy Tounkara et Pape Alé Niang de vous flétrir même violemment sans verser dans la surenchère des insanités parce que vous vous situez à une station qui vous expose quotidiennement aux critiques les plus virulentes. Vous ne pouvez pas répondre du tac au tac à la palanquée de diatribes qui pleuvent et doivent pleuvoir sur vous parce que vos responsabilités ministérielles vous exigent l’éthique de la retenue et vous interdisent de descendre à l’étiage de la vulgarité. Les citoyens sénégalais ne peuvent pas assister indifféremment sans s’indigner à votre crêpage de chignon, à vos joutes scripturaires qui n’ont rien à envier aux querelles de chiffonniers ou de borne-fontaine.
Que la 2STV ait failli aux règles éthiques et déontologiques dans la diffusion d’une information, il incombe à l’autorité de régulation compétente qu’est le Conseil National de Régulation de l'Audiovisuel (CNRA) d’enclencher les procédures idoines et d’engager au besoin des poursuites afférentes. Nous ne sommes ni en Corée du Nord, ni en Russie, ni en Guinée équatoriale, ni Birmanie, ces dictatures communistes ou totalitaires où la liberté de presse, la liberté tout court n’est même pas encore à l’état embryonnaire mais au Sénégal où les deux alternances de 2000 et 2012 ont été possibles grâce en partie aux médias indépendants. L’ère du contrôle de l’Etat sur tous les médias, des censures formelles ou voilées, du recours à la violence, de l’embastillement et du harcèlement et de l’acharnement sur les journalistes est révolue. Alors M. le Secrétaire d’Etat, tempérez votre ardeur et prenez un peu de la hauteur. La République l’impose au Secrétaire d’Etat que vous êtes !