Ces instruments seront renforcés en ressources, de même que dans leur gouvernance et leur processus décisionnel ».
Je le cite pour exprimer toute ma satisfaction de voir que la vision de son Excellence Monsieur le Président de la République recoupe entièrement mon point de vue sur ce domaine, au point de sembler citer au mot près une partie d’un document d’orientation stratégique conçu par mes soins et portant sur ce sujet qu’il a peut-être parcouru.
Son Programme d’urgence pour l’emploi et l’insertion socio-économique des jeunes qui va s’appuyer sur, « par souci d’équité territoriale et de simplification des procédures, un guichet unique qui sera installé dans chacun de nos 45 Départements. Dénommé Pôle-Emploi et Entreprenariat pour les Jeunes et les Femmes, il servira de cadre d’accueil, de conseil et de financement des porteurs de projets. La DER/FJ, l’ANPEJ, l’ADPME et le FONGIP entre autres, seront représentés dans chaque guichet unique afin d’apporter aux projets l’expertise, le financement et le suivi nécessaires. » Autant dire que le Président pour opérationnaliser sa vision va s’appuyer sur l’exemple des Offices départementaux pour l’emploi des jeunes, initiative lancée par nos soins à Diourbel et sur la Région de Fatick, avec une dénomination certes différente.
« La lutte contre le chômage des jeunes nécessite aujourd’hui un nouvel élan, en raison de la crise économique sans précédent qui affecte tous les pays, développés et en développement » a affirmé le Président Macky Sall. Qui ajoute que les travaux préparatoires au Conseil sur la thématique annoncée pour le 22 avril « s’appuieront sur les réalités de nos terroirs, dans un format inclusif associant la jeunesse ouvrière, artisanale, paysanne, entrepreneuriale, sportive, artistique, du secteur informel, des cultures urbaines et des loisirs», à la suite de consultations préparatoires menées dans nos 14 régions, grâce au soutien de l’administration territoriale et locale, pour établir l’état actualisé de leurs potentialités et contraintes.
Je rends gracieusement public ce document ou du moins sa partie qui concerne l’emploi des jeunes, et je rappelle qu’il a été rédigé par nos soins le 8 mars 2021.
Il est en effet important à notre sens que la vision du Président de la République puisse être comprise et appréhendée avec pertinence dans son orientation stratégique, et notre document prend bien en charge cette préoccupation.
DECENTRALISATION JEUNESSE ET EMPLOI
En associant les chefs de quartiers, l’Etat peut obtenir de chaque quartier, avec l’implication des comités de gestion ou de développement des quartiers des informations relatives non seulement aux besoins et attentes des populations, mais aussi des informations relatives aux différents corps de métiers disponibles dans ces espaces de vie.
Chaque projet de développement dans le quartier fera appel en priorité aux ressources humaines locales disponibles. Les populations elles-mêmes pourraient collaborer ensemble en fonction de leurs besoins de prestations.
Le recensement des formations qui intéressent ces jeunes de quartiers pourrait être pris en charge, et les prestataires de service, avec l’appui des acteurs institutionnels comme les 3FPT et surtout l’ONFP ainsi que la DER, suivraient alors avec des formations qualifiantes et diplômantes qui leur permettraient d’obtenir un travail, et de renoncer à la violence.
Le défi sécuritaire recouvre des enjeux hautement plus importants donc qui requièrent une approche pluridisciplinaire pour le régler, et impulser l’émergence de nos terroirs en partant du premier niveau de strate sociale, la famille, vers la première strate locale, le quartier, avant la Commune.
Cette problématique essentielle recoupe en tous points les objectifs du PSE. Il y a des initiatives de grande importance portées par les collectivités territoriales qui pourraient apporter des solutions durables et pérennes pour l’amélioration de l’accès à l’emploi des jeunes et la lutte contre le chômage.
Pour ce, il conviendrait de déléguer aux communes et conseils départementaux, sous la houlette des services techniques et la coordination du Représentant de l’Etat les prérogatives de dresser pour leurs territoires les potentialités existantes, et ensuite un tableau synoptique sur l’adéquation entre la formation et l’emploi. Partant de ce principe, développer des chaines de valeur de nature à donner des débouchés locaux aux initiatives pilotées par les jeunes, avec la possibilité ensuite de pouvoir valoriser leur travail sur le plan national et même international, car internet est devenu le plus grand marché du monde. Ces collectivités territoriales seraient les maitres d’œuvre de la politique pour l’emploi des jeunes, et les résultats dans ce domaine s’il leur était confié pourrait entre largement supérieurs à ceux des agences et directions ministérielles qui s’activent laborieusement dans cette problématique.
A titre d’exemple concret, je peux citer l’initiative des ODEJ, les offices départementaux pour l’emploi des jeunes, mis en place dans les six conseils départementaux des régions de Fatick et Diourbel, avec l’accompagnement technique des missions locales de la Région Nouvelle Aquitaine dans le cadre de la coopération décentralisée
Aujourd’hui. Cette initiative est un des symboles de la réussite des partenariats nord-sud, et elle vient de bénéficier d’un deuxième financement conséquent grâce au mécanisme conjoint de financement des projets de partenariats de coopération décentralisée logé au Ministère des collectivités territoriales.
L’Etat devrait s’inspirer de ces succès pour renforcer les acteurs de la décentralisation et accompagner la prise en charge de cette problématique hautement importante par ses mécanismes de financement existants, DER, FONFIP, système financier décentralisé.
La responsabilité du suivi et du contrôle serait sous la responsabilité des collectivités territoriales, à la tête de comités de suivi et d’évaluation où siégeront les services techniques déconcentrés.
Ce modèle éprouvé a produit des résultats avec les BTE-bourses tremplins pour l’Emploi initiées à l’époque par la Région de Fatick avec leur partenaire la région Poitou-Charentes ; il a inspiré un programme de même nature piloté par l’Agence de développement local.
Décentraliser la gestion de l’emploi des jeunes et confier cette mission aux collectivités territoriales désengorgerait Dakar et amoindrirait la pression sur les structures en charge de la question. Si l’accent est mis sur les potentialités de chaque localité pour y orienter les jeunes et financer en priorité les projets dans ce domaine, le chômage pourrait être réduit, et les tensions y relatives sensiblement circonscrites.
Il serait indiqué pour une gestion plus efficace et harmonieuse des collectivités territoriales d’encourager fortement l’usage du budget participatif.
De larges consensus pourraient davantage se concrétiser, ainsi qu’une plus grande implication citoyenne des populations, ce qui permettrait une gestion plus apaisée des cités, car les priorités dégagées par ce canevas et validées pour leur exécution seront citoyennement acceptées et accompagnées par toutes les parties prenantes.
Cissé Kane NDAO
Président A.DE.R