Un plan ambitieux mais confus
Le Premier ministre Ousmane Sonko a dévoilé vendredi son Plan national de redressement économique et social (PNRE), un document aux ambitions multiples censé relancer l’économie sénégalaise en profondeur. Toutefois, selon El Hadji Ibrahima Sall, cette volonté de transformation structurelle se heurte à un manque de lisibilité stratégique.Contrairement au Plan Sakho-Loum (1993-1995), mis en œuvre après la dévaluation du franc CFA pour restaurer les équilibres macroéconomiques, le PNRE tente de courir plusieurs lièvres à la fois : renforcer les recettes fiscales, réduire les dépenses publiques, réformer les subventions et relancer plusieurs secteurs clés comme l’agriculture, l’industrie, les infrastructures et les services sociaux. Une ambition louable mais, selon Sall, difficile à concrétiser sans une feuille de route claire.
Une absence de séquençage qui fragilise le plan
Le point noir relevé par l’ancien ministre du Plan concerne surtout l’organisation interne du projet. Pour El Hadji Ibrahima Sall, le PNRE ne présente pas de découpage temporel structuré, un élément pourtant essentiel pour tout programme multisectoriel de cette envergure.« Il n’y a pas de phasage clair, pas d’étapes identifiables pour une mise en œuvre progressive. Or, sans séquençage rigoureux, la coordination entre les différents acteurs devient chaotique et l’adhésion sociale difficile », alerte-t-il.Cette faiblesse méthodologique pourrait engendrer des résistances sociales, compromettre l’évaluation des impacts réels, et à terme, nuire à l’efficacité globale du plan. D’autres spécialistes, notamment en finances publiques, insistent également sur l’exigence de transparence budgétaire et de gouvernance claire, deux piliers fondamentaux pour garantir la réussite de toute stratégie économique.
Un risque de dispersion des efforts
En essayant de répondre à trop d’enjeux à la fois, le plan court le risque de se disperser. Mobiliser plus de ressources fiscales tout en baissant les dépenses et en lançant une relance multisectorielle suppose une capacité d’exécution et une cohérence temporelle extrêmement exigeantes, que peu de plans de relance réussissent à maîtriser sans priorisation stricte.- Le PNRE souffre d’un déficit de planification temporelle, selon El Hadji Ibrahima Sall.
- Trop d’objectifs simultanés pourraient nuire à son exécution.
- Un découpage en phases successives est jugé indispensable pour sa réussite.
Le débat est lancé. Et il est crucial. Car au-delà des slogans de rupture, c’est la crédibilité économique du nouveau pouvoir qui se joue.
