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Le Sénégal, un pays en panne

TRIBUNE LIBRE
Samedi 11 Mars 2017

Le Sénégal, un pays en panne
Si l'avancement d'un pays se mesure à l'aune de la bonne marche des secteurs clés pour son développement et sa stabilité tels que l'économie, la santé, l'enseignement et la justice...il appert que notre cher Sénégal se trouve dans un cul-de-sac depuis des années puisque ces secteurs-là y sont en panne.

Après un moment de tergiversation, parce que ne sachant par secteur commencer, c’est naturellement que j’ai jeté mon dévolu sur la Justice. Car, en plus d’être le soubassement du contrat social qui lie les citoyens d’un même pays, elle est la sempiternelle garante de la stabilité et de la paix sociale de celui-ci. Mais malheureusement, depuis quelques années, la justice sénégalaise est en passe d’être mise en bière et enterrée parce qu’ayant été dévoyée de son chemin pour être mise au service de basses ambitions personnelles ou partisanes.

Dès lors, une grande partie de la population a perdu confiance en elle puisque la jugeant inique en plus d’être à la solde d’un pouvoir exécutif qui en fait une arme de guerre pour combattre quiconque se dresse sur le chemin de sa réélection. Ce jugement est loin d’être infondé au vu de ce qui se passe dans le pays depuis quelque temps. En effet, cette justice a montré différentes facettes selon l’accusé en face d’elle. Elle a été clémente lorsqu’il s’est agi de poursuivre ou de juger ceux qui sont du côté du pouvoir ou sont célèbres, et draconienne lorsqu’il a été question des opposants et des personnes  anonymes.

L’enseignement n’est guère mieux loti. La baisse de niveau des élèves tant décriée depuis des années et les grèves récurrentes ont vidé les écoles publiques de beaucoup de leurs élèves au profit des écoles privées, qui poussent dans le pays comme des champignons. Le comble de l’ironie est que certaines de ces écoles privées sont parfois mises sur pied et gérées par des enseignants du public, c'est-à-dire fonctionnaires de l’État; ce qui ouvre inexorablement la voie menant aux conflits d’intérêts. Au niveau du supérieur, la situation n’est pas plus reluisante.

Outre la baisse de niveau notée chez nombre d’étudiants et les problèmes d’orientation des nouveaux bacheliers, beaucoup d’universités ont dépassé leur capacité d’accueil. Les années académiques s’enchevêtrent et les grèves sont devenues endémiques, sans mentionner la destruction des biens publics par certains étudiants lors leurs nombreuses manifestations de colère. En un mot c’est tout le secteur de l’enseignement qui est malade aujourd’hui dans le pays.

Au niveau de la santé, la panne de la seule  machine de radiothérapie dans le pays n’est que la partie visible de l’iceberg du manque de matériels criard dans de nombreux hôpitaux. De plus, il existe au Sénégal un paradoxe que le bon sens à toujours du mal à cerner: plusieurs médecins sont en chômage pendant qu’il manque de personnels soignants dans de nombreuses parties du pays ; pendant que des femmes meurent encore en donnant la vie; pendant que, dans certains endroits, il faut faire plusieurs dizaines de kilomètres pour espérer se faire soigner.

Sur le plan économique, même si on nous présente souvent des chiffres d’une hausse de la croissance, on attend toujours qu’ils aient un impact sur la vie quotidienne des Sénégalais. Car le chômage, la paupérisation grandissante et l’augmentation incontrôlée des prix  des denrées de première nécessité rendent la vie des populations de plus en plus dure. L’insécurité économique qui résulte de cette situation de pauvreté a eu des effets dévastateurs sur les comportements sociaux de sorte que les indices phares à la bourse des valeurs sociales sont en chute libre. Cette chute des valeurs a entre autres pour corollaires la banalité des meurtres et des agressions, l’indiscipline mortelle sur les routes et la dépravation des mœurs sur les réseaux sociaux et l’érection en mode des sextape…

Si à la situation chaotique déjà mentionnée, on ajoute les détournements mirobolants des deniers publics par certains dirigeants, la politisation de toutes les sphères du pays, les pannes d’électricité et les pénuries d’eau, le comble de l’impasse est atteint.

En définitive, dans une société où la santé est chancelante, l’enseignement déprécié, le bien public spolié, la justice en capilotade, les valeurs en crise, les promesses de développement qui peuvent y être faites ne sont qu’une tromperie. Au contraire, tous les ingrédients - qui menacent la paix sociale et la stabilité qui ont toujours fait la bonne réputation du pays dans le monde -, sont réunis pour une explosion sociale. Fort heureusement la situation n’est pas une fatalité parce que le peuple reste toujours souverain. De plus, c’est souvent lorsque les peuples sont poussés dans leurs derniers retranchements qu’ils puisent à leur tréfonds une énergie extraordinaire capable de  balayer tous les dirigeants sur son passage. Il faut juste que notre peuple soit conscient qu’une carte d’électeur peut constituer une arme de destruction massive pour un gouvernement qui se croit éternel et inamovible.

Bosse Ndoye
Montréal
momarboss@gmail.com



 

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