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METTRE FIN AU DENI DE JUSTICE

TRIBUNE LIBRE
Samedi 4 Mars 2017

Macky Sall devrait pourtant se rappeler que «gouverner, c'est maintenir les balances de la justice égales pour tous».


Macky Sall : la justice remise en cause
Macky Sall : la justice remise en cause
«Un homme politique malhonnête est comme le cerf-volant : il est gonflé de vent, il se pare de belles couleurs pour séduire, et lorsqu’il vole il est en général manipulé par quelqu’un qui tire les ficelles», a dit Daniel Confland. Nous autres pauvres «gorgorlous» sénégalais en vivons l’amère expérience ! Nous avions sanctionné un régime et déboulonné le mythe Me Wade à cause de fortes suspicions de tentatives de dévolution monarchique du pouvoir. Notre alternance nous a été volée ; notre victoire a été dévoyée.
Aujourd’hui, les priorités du peuple sénégalais sont passées au cinquantième plan.

Le régime mackyen sert ceux qui paraissent au grand jour avec leurs habits de véritables vainqueurs de notre soulèvement démocratique. Ce sont les pays, et les magnats et autres capitaines d’industrie qui en réalité tiraient en souterrain les ficelles de son activisme politique financé par leurs soins, et qui passent à la caisse pendant que nous attendons qu’ils veuillent bien nous laisser la petite monnaie. C’est que nous n’avions pas retenu la véritable définition de la politique : lutte d’intérêts déguisés en débat de grands principes. Conduite d’affaires publiques pour un avantage privé !

La liste des intérêts privés dont il s’agit serait tellement longue qu’il est préférable de renoncer à l’étaler. Retenons-en simplement la tête de liste, l’un des personnages les plus emblématiques, représentatifs à lui tout seul de l’inféodation terriblement tragique de notre pouvoir à des intérêts privés : Aliou Sall, avec Frank Timis et l’affaire Pétrotim ! On nous vole, on nous spolie ; le régime de Macky Sall aura ainsi réussi à siphonner notre pétrole et notre gaz naturel ; nos terres aussi n’échappent pas à sa rapacité gourmande : plus personne ne peut désormais revendiquer l’héritage de ses ancêtres pour affirmer la légitimité de sa propriété foncière que le régime mackyen lui arrache sans état d’âme, pour l’octroyer à de spéculateurs fonciers véreux. Il avait bien raison, Cicéron, lui qui affirmait que «le droit est, pour chaque citoyen, un héritage plus précieux que l’ensemble des autres biens qui lui ont été transmis par ses ancêtres» !

C’est qu’au Sénégal, il n’y a plus d’autres lois que celle de la légitimité de l’appartenance à l’APR, à défaut d’être un membre de la famille de Macky Sall. Cela vous garantit la plus totale impunité. Nous constatons pour notre malheur que la justice n'est pas une vertu d'Etat ; Macky Sall nous en administre chaque jour la preuve ! Si en plus, la moitié de nos hommes politiques sont des bons à rien et que les autres sont prêts à tout, il y a de quoi désespérer définitivement de notre pays. Pire encore, au Sénégal de plus en plus, la politique est en train de devenir le dernier refuge des aventuriers, des prétentieux et autres ambitieux qui marchent insolemment sur les pieds d’un Macky Sall atavique.

Ils ont été fabriqués par un régime aux abois qui promeut l’incompétence, le larbinisme, le trafic d’influence et bénit les passe droits. Ceux parmi ses fidèles valets qui ont été épinglés par des rapports d’audits scandaleux dorment tranquilles donc. Surtout que les hauts fonctionnaires qui sont soupçonnés d’avoir détourné des milliards de deniers publics au point de raser les murs sont récupérés et recyclés en leaders politiques qui mettent le fruit de leur vol au service de la cause politique du régime. «Un pouvoir corrupteur perd et flétrit ceux qu’il place au-dessus des autres, c’est la corde qui élève les pendus», avertissait John Petit-Senn. Plus haute sera l’élévation en effet, plus dure sera la chute.

Ceux qui pillent nos ressources minières, sabordent notre zircon, et se signalent par leurs exploits en matière de pillages de deniers publics ne sont jamais inquiétés par la justice. Macky Sall qui place fort opportunément leurs dossiers lourds sous son coude les extraient des rigueurs d’une justice qui s’applique implacablement sur la totalité de nos concitoyens. C’est qu’au Sénégal, «la justice est une gigantesque toile d'araignée qui attrape la petite mouche et laisse passer guêpes et frelons», aurait constaté Rousseau ! Ces hommes ont tout perdu, jusqu’à leur dignité. Car, l’appât immodéré de l’argent, comme celui du pouvoir, a un prix : la dignité, assurément !

C’est qu’ils sont parfaitement surs de leur impunité : nulle dissuasion qui réprime leurs courses immodérées à la possession par le vol, par le détournement. La reddition des comptes est taboue, sous le régime de Macky Sall. Le paraitre et le bas-ventre, voilà les forces qui les font bouger. C’est une des conséquences les plus tragiques de l’absence de justice, au Sénégal. La justice est l'inhibition des valeurs biologiques par la raison. La justice étant absente, plus rien donc n’inhibe leur raison. Pour le malheur de notre pays. Pour se perpétuer au pouvoir alors, ils sont prêts à tout. Désormais la force prime le droit, et les abus engendrent un ressentiment qui grossit en une colère dont le grondement sourd annonce indubitablement une révolte à la hauteur des comportements de plus en plus insupportables de ces nouveaux parvenus.

Il est clair que tout pouvoir qui prend, au lieu de loi, la force pour appui, est à la fin renversé par elle. Le plus regrettable en cette situation est la violation du contrat moral qui liait le Président Macky Sall à son peuple. Tous les principes qu’il avait promis de réhabiliter sont foulés au pied. Et la situation a empiré. La justice est définitivement aux ordres. La dernière sortie du procureur de Macky Sall contre la République démontre clairement que l’Exécutif chez nous règne sur le Judiciaire. Macky Sall devrait pourtant se rappeler que «gouverner, c'est maintenir les balances de la justice égales pour tous».

L’autre disait que les promesses électorales n’engageaient que ceux qui y croyaient, tant il est vrai que quand les hommes politiques ouvrent leur parapluie, leur niveau de précipitation à réformer devient nettement inférieur à la moyenne saisonnière ! Macky Sall sape si profondément les fondements même de notre nation qu’il en menace son existence : «une nation périclite quand l'esprit de justice et de vérité se retire d'elle » en effet, d’autant plus que « la justice est la base de la société (…)» Aristote dixit. Combattre pour la justice c’est se révolter pour sauver notre démocratie, et sauvegarder l’existence de notre nation. Notre destin est en nos mains. Et celui du Sénégal dépend plus que jamais de la capacité de révolte de son peuple.
WAKH DEUG

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