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Réorganisation de la coalition « Diomaye Président » : tensions entre Diomaye et Sonko autour de deux égéries

POLITIQUE
Mercredi 12 Novembre 2025

Réorganisation de la coalition « Diomaye Président » : tensions entre Diomaye et Sonko autour de deux égéries
Une passe d’armes politique feutrée mais significative s’est ouverte au sein du camp présidentiel. Par une lettre datée du 11 novembre, le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye a annoncé la fin de mission de Madame Aïda Mbodj à la tête de la Coalition Diomaye Président et la désignation de Madame Aminata Touré pour conduire une réorganisation de la structure. Quelques heures plus tard, le parti PASTEF – Les Patriotes, fer de lance de cette coalition, a publié un communiqué de clarification qui, tout en saluant la volonté présidentielle de renforcer la coalition, désavoue la démarche et en conteste la légitimité.
L’épisode illustre les tensions institutionnelles et politiques qui traversent l’après-victoire du 24 mars 2024, entre le parti du Premier ministre Ousmane Sonko et la présidence de la République.
Dans sa lettre adressée aux « alliés » de la coalition, le chef de l’État explique qu’il a, dès le 10 septembre 2025, notifié à Aïda Mbodj la fin de sa mission à la tête de la Coalition Diomaye Président.
Il la remercie pour « son engagement et son dévouement sans commune mesure » dans la victoire électorale de mars 2024, tout en soulignant la nécessité d’une restructuration profonde de la coalition afin de la rendre « plus opérationnelle, mieux structurée et pleinement performante ».
Le président Faye y déplore « la léthargie et les facteurs de division » constatés au sein de la coalition, malgré « l’intérêt prononcé » qu’elle continue de susciter auprès de nouvelles personnalités politiques. Il affirme que la réorganisation doit viser une coalition « plus forte, au service de la vulgarisation positive de l’action du gouvernement, sous la conduite éclairée du Premier ministre Ousmane Sonko ».
Pour conduire ce chantier, Bassirou Diomaye Faye a porté son choix sur Madame Aminata Touré, ancienne Première ministre et superviseure générale de la campagne présidentielle de mars 2024. Il vante son « expérience », son « esprit fédérateur » et sa « recherche d’efficacité ».

Cette nomination, perçue comme une tentative d’ouverture vers d’autres sensibilités politiques, marque aussi une volonté du président d’institutionnaliser la coalition autour de l’exécutif.

PASTEF salue la volonté de réforme mais s’oppose à la méthode

Quelques heures après la publication de cette lettre, le Bureau politique national (BPN) du parti PASTEF – Les Patriotes a réagi par un communiqué référencé BPN 2025-0012.
Le parti prend acte « avec satisfaction » de la volonté exprimée par le président de renforcer la coalition, mais tient à rappeler que le processus de restructuration est déjà engagé depuis plusieurs mois sous la direction de Madame Aïssatou Mbodj, désignée par la Conférence des leaders de la coalition.
Selon PASTEF, cette réorganisation, amorcée dès l’après-présidentielle, a permis la rédaction de textes préparatoires, notamment un projet de règlement intérieur et une structure rénovée, en concertation avec les différentes parties prenantes.
Le communiqué précise également qu’un nouveau nom a été proposé pour incarner la coalition post-électorale :
APTE (Alliance Patriotique pour le Travail et l’Éthique), considérant que la dénomination «Diomaye Président » avait rempli sa fonction électorale.

Une mise au point juridique et politique

Dans une série de points numérotés, PASTEF procède à plusieurs rappels de principe :
  1. Le président Bassirou Diomaye Faye n’a pas le pouvoir de démettre Aïssatou Mbodj, puisque celle-ci a été désignée par la Conférence des leaders de la coalition, seule instance habilitée à nommer ou à remplacer la coordination.
  2. La coalition « Diomaye Président » n’a jamais eu pour président Bassirou Diomaye Faye, celui-ci en ayant été le candidat, non le dirigeant.
  3. Le parti et ses alliés ne se reconnaissent dans aucune initiative coordonnée par Madame Aminata Touré, avec laquelle ils déclarent ne pas partager « les mêmes valeurs ni les mêmes principes ».
  4. Enfin, PASTEF réaffirme son objectif de fusionner avec d’autres organisations alliées et d’élargir sa base militante, dans la perspective de finaliser la nouvelle coalition APTE sous la présidence de Madame Mbodj.
Ce communiqué constitue un désaveu clair de la démarche présidentielle, tout en ménageant la relation institutionnelle : il n’y a ni attaque frontale ni rupture déclarée, mais une réticence nette à toute immixtion directe du chef de l’État dans les structures issues de la campagne.

Entre leadership institutionnel et légitimité partisane

En filigrane, ces échanges révèlent une tension plus profonde entre deux logiques :
  • d’un côté, une logique institutionnelle incarnée par le président de la République, soucieux de rationaliser le cadre politique de la majorité ;
  • de l’autre, une logique militante et idéologique, défendue par PASTEF, qui revendique l’héritage du mouvement citoyen et la légitimité de la base issue de la campagne.
La désignation d’Aminata Touré, personnalité connue pour son expérience politique et son pragmatisme, mais parfois en décalage avec les positions du PASTEF, symbolise cette tentative d’ouverture contrôlée voulue par le président Faye.
À l’inverse, la fidélité de PASTEF à Aïssatou Mbodj, militante de longue date du parti, traduit la volonté de préserver la cohérence idéologique du mouvement.

Un enjeu stratégique à l’approche de 2026

Au-delà des divergences de méthode, l’enjeu est considérable : il s’agit de savoir qui portera la structuration politique de la majorité présidentielle à moyen terme.
La création éventuelle de l’Alliance Patriotique pour le Travail et l’Éthique (APTE) pourrait consacrer une nouvelle ère de l’alliance au pouvoir, davantage institutionnalisée, tout en élargissant sa base au-delà du cercle des Patriotes.
Mais la bataille symbolique autour de la Coalition Diomaye Président reflète aussi les interrogations plus larges sur la répartition du pouvoir entre la présidence, le gouvernement et le parti.
La lettre du chef de l’État et la réplique du PASTEF traduisent une mise au point des rapports de force internes, dans un contexte où la majorité cherche à concilier efficacité gouvernementale, unité politique et fidélité aux idéaux de rupture qui ont porté la victoire de 2024.

Un dialogue encore possible

Pour l’heure, ni la Présidence ni le PASTEF n’envisagent une rupture ouverte. Les deux parties insistent sur leur volonté commune de consolidation et leur engagement envers les valeurs du projet souverainiste et réformateur qui a conduit au pouvoir l’équipe Sonko–Faye.
La séquence actuelle pourrait ainsi servir de moment de clarification, préfigurant une refonte politique plus structurée de la majorité au pouvoir.

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