Né à Keur Samba Kane dans la région de Diourbel, Mohamed Moustapha Fall a eu la chance de voir son père le contraindre à aller à l'école. Mais cela ne suffit pas pour être mathématicien. Son amour pour les mathématiques, il le doit à ses enseignants. De l'école primaire au moyen-secondaire, le jeune homme a su trouver, quelque part en lui, la passion pour les calculs et la technologie, et cela dès ses premières années... Peut-être parce que ses enseignants ont trouvé la méthode qu'il fallait. Avec cette conviction qu'il a de vouloir percer dans un cercle très jaloux, où il n'y a pas de place pour les paresseux, Mouhamed a été le premier de sa famille à fréquenter l'université.
Mais apprendre les mathématiques demande bien plus que des efforts. Pour Moustapha, diplômé de l'Université Gaston Berger (Ugb) de Saint-Louis du Sénégal, il a fallu de la passion, en plus d'un grand courage. Influencé par ses enseignants, il sort major de sa promotion en 2004 à l'Ugb, où il a d'ailleurs été sélectionné pour le programme qui mène à l'obtention d'un diplôme en mathématiques du Centre International Abdus Salam de Physique Théorique (CIPT), à Trieste, en Italie. Dans la Péninsule, il a également réussi le très compétitif et très prestigieux examen d'entrée à l'École Internationale Supérieure d'Études Avancées (en italien, Scuola Internazionale Superiore di Studi Avanzati - SISSA) en 2006.
Sa thèse de Doctorat en poche, en 2009, le voilà parti pour la Belgique, dans la peau d'un assistant à l'Université Catholique de Louvain (Ucl), à Louvain-La-Neuve.
Pour ne pas se détourner de son objectif d'antan, Moustapha poursuit son chemin dans les mathématiques pures, à savoir l'analyse géométrique qui relie les équations aux dérivées partielles et la géométrie différentielle.
De retour au bercail, Moustapha est titulaire, depuis 2013, de la Chaire attribuée aux Mathématiques et ses applications à l'African Institute for Mathematical Sciences (AIMS) du Sénégal.
On lui doit toute une série d'articles de recherche, une trentaine publiée dans des revues internationales de mathématiques et physiques.
Lauréat du Next Einstein Forum, Moustapha se projette dans ses calculs, avec l'ambition de rendre « accessibles les mathématiques.
Tout le monde peut faire des mathématiques et le premier contact entre l'élève et l'enseignant est une condition sine qua non pour faire aimer la science aux jeunes », dit-il.
Lui qui pense aussi que la science ne se développera pas sans cette passion-là, s'engage à être un «ambassadeur pour la transformation de l'enseignement des sciences mathématiques », qui commencerait «dès le bas âge ».
Moustapha croit dur comme fer que le prochain Einstein pourrait ne pas être physicien. Il se contente d'ailleurs de donner son point de vue : « Ce sera peut-être quelqu'un qui aura eu un impact sur le développement de l'Afrique, comme Einstein a impulsé la science physique et les mathématiques ».
Toujours est-il que Moustapha déplore « le manque de collaboration entre chercheurs en Afrique, ce qui constitue un handicap. Il nous faut encourager une collaboration africaine ».
Sud Quotidien
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