Pourquoi Waly Seck est-il mis en cause ?
Le dossier est lié au volet financier de l’affaire dite Farba Ngom–Tahirou Sarr, dans laquelle apparaît le nom d’Amadou Sall, fils de l’ancien chef de l’État.Dans ce cadre, les enquêteurs s’intéressent à une somme de 210 millions de FCFA versée à Waly Seck et provenant de Woodrose Investment Ltd, une société contrôlée, selon le dossier, par Amadou Sall. C’est ce montant qui a servi de base à la consignation de la caution déposée par l’artiste pour bénéficier d’une mise en liberté provisoire en septembre 2025.
Les juges cherchent à déterminer si cette somme correspond à une simple transaction commerciale licite (vente de véhicule) ou si elle pourrait s’inscrire dans un schéma de blanchiment de capitaux.
Les charges retenues contre Waly Seck
Sur le plan judiciaire, Waly Seck a été :
- Inculpé pour association de malfaiteurs en bande organisée et blanchiment de capitaux
- Placé sous régime de liberté provisoire, moyennant le versement d’une caution de 210 millions de FCFA
- Soumis à au moins une interdiction de sortie du territoire, détail qu’il a lui-même évoqué et qui a suscité des réactions dans le débat public sénégalais.
L’audition devant le collège des juges d’instruction
Ce mardi matin, Waly Seck a comparu devant le président du collège des juges d’instruction du pool judiciaire financier, Idrissa Diarra, en présence du procureur de la République, Ibrahima Faye.Il s’agissait d’une audition au fond dans le cadre du dossier lié à Amadou Sall, volet financier de l’affaire. L’entretien a duré moins de vingt minutes.
Interrogé sur les faits d’association de malfaiteurs en bande organisée et de blanchiment de capitaux, le chanteur a catégoriquement nié les accusations. D’après des sources proches du dossier, il a construit sa défense autour de deux axes :
- Sa bonne foi
- La régularité de la transaction qui lui est reprochée.
La transaction automobile au cœur du dossier
Au centre du dossier se trouve la vente d’un véhicule de luxe à Amadou Sall.Devant les juges comme dans sa communication publique, Waly Seck explique le schéma suivant :
- Il dit avoir importé la voiture lui-même, l’avoir payée par virement à « plus d’une cinquantaine de millions de FCFA ».
- Il affirme avoir utilisé le véhicule pendant plus d’un an.
- Il explique ensuite l’avoir vendu à Amadou Sall pour un montant de 210 millions de FCFA.
« Je n’ai rien à me reprocher. J’ai vendu ce véhicule à Amadou Sall, et la transaction s’est faite avec tous les papiers en règle. Il n’y a eu aucune manœuvre illégale de ma part. »Le montant de 210 millions de FCFA correspond précisément à la somme consignée comme caution pour sa mise en liberté provisoire, ce qui renforce l’intérêt des juges pour l’origine et la nature des fonds.
La séquence médiatique : “Je suspends mes activités musicales”
L’affaire ne se joue pas seulement dans les bureaux du pool judiciaire financier ; elle se déroule aussi dans l’espace public et sur les réseaux sociaux.
Le 12 septembre 2025, dans une vidéo largement relayée, Waly Seck apparaît le visage fermé, le ton grave. Il annonce :
« Je suspends mes activités musicales jusqu’à nouvel ordre. »Cette déclaration fait suite aux rumeurs et commentaires l’accusant de complicité dans un montage de blanchiment d’argent impliquant Amadou Sall. Dans cette vidéo, il précise :
- « C’est ma voiture, je l’ai importée, j’ai fait mon virement, je l’ai payée à plus d’une cinquantaine de millions, je l’ai conduite durant plus d’une année et je l’ai vendue. »
- « J’ai acquis mon véhicule, le fils du président l’a voulu, on a discuté et j’ai le droit de le vendre. C’est mon droit le plus absolu. »
« Franchement je n’en peux plus », répète-t-il.Cette dimension émotionnelle a contribué à faire de l’affaire Waly Seck un sujet très suivi, à la frontière entre judiciaire, politique et médiatique.
Un dossier emblématique des nouveaux enjeux financiers et politiques
L’affaire s’inscrit dans un contexte plus large :- La montée en puissance du pool judiciaire financier, chargé des dossiers complexes de blanchiment de capitaux et de détournements présumés impliquant des personnalités politiques et économiques.
- Une sensibilité accrue de l’opinion aux questions de flux financiers suspects, particulièrement lorsqu’ils touchent des proches d’anciens dirigeants.
- La confrontation entre justice et tribunal des réseaux sociaux, où rumeurs et accusations circulent à très grande vitesse, parfois bien avant que les juges ne se prononcent.
Où en est l’affaire aujourd’hui ?
À ce stade :
- Waly Seck reste poursuivi pour association de malfaiteurs en bande organisée et blanchiment de capitaux.
- Il demeure libre sous caution, avec des restrictions de mouvement déjà évoquées (notamment l’interdiction de sortie du territoire).
- L’audition au fond devant le collège des juges d’instruction vise à clarifier :
- la nature exacte de la transaction autour du véhicule,
- le rôle de la société Woodrose Investment Ltd,
- et la responsabilité éventuelle de l’artiste dans l’origine et l’utilisation des fonds.
