Depuis près de trois bonnes années, la scène politique sénégalaise est archi dominée par le Président Macky Sall et Ousmane Sonko, son challenger de fait aujourd’hui incarcéré. Les autres acteurs sont pratiquement largués et restent à la remorque des deux Leaders en se limitant à occuper l’actualité à doses homéopathiques.
Mais à trois mois d’un scrutin présidentiel qualifié de mère des batailles, le Chef de l’Etat et l’intrépide opposant seront paradoxalement absents des starting-blocks ; l’un pour avoir renoncé gaillardement à un troisième mandat et l’autre pour avoir eu mailles à partir avec la justice.
Une situation où l’inédit le dispute au burlesque surtout que les deux protagonistes n’ont jamais lâché du lest pour autant. Ils restent l’Alpha et l’Omega du jeu politique en se démultipliant à qui mieux-mieux comme pour transférer leur duel épique sur le terrain de leurs deux poulains choisis avec minutie.
La politique, c'est avant tout le champ de la stratégie et de l'adaptation à toute sorte de situation. Acculé jusque dans ses derniers retranchements par l’opinion publique et la communauté internationale, Macky Sall a renoncé au second quinquennat pour jeter son dévolu sur Amadou Ba, son candidat à lui.
Ousmane Sonko en a fait de même en se résolvant à lancer Bassirou Diomaye Faye sans doute pour susciter l'émotion des Sénégalais...Nous sommes en plein dans le domaine de l’affectif et de la psychologie. Un candidat en prison, ça ne court pas les rues et cela peut provoquer une vague de sympathie et surtout une adhésion populaire. C’est connu, dans une situation d’adversité, les humains sont généralement du côté de leurs semblables supposés plus faibles. C’est la raison pour laquelle Bassirou Diomaye bénéficie largement de ce contexte particulier.
Autant dire que le combat de titans Macky/ Sonko qui tient en haleine le pays depuis plus deux ans se prolongera effectivement à travers la bataille Amadou Ba/ Diomaye Faye ...ces deux candidats incarnant la poursuite de la confrontation de leurs mentors par procuration.
Macky et Sonko à la fois hors-jeu et maîtres du jeu pour reprendre le titre inspiré de l’édition du jeudi 23 novembre 2023 du Quotidien l’Info.Par des calculs politiciens insidieusement élaborés dans leurs officines, il est évident qu’ils rêvent tous les deux de ce que nous appelons le scénario Medvedev. Le Chef de l’Etat actuel est relativement jeune et pourrait à juste raison avoir l’ambition de revenir aux affaires en 2029. Idem pour Sonko pour qui une victoire de Bassirou Diomaye pourrait être considérée comme sa propre consécration au regard des circonstances actuelles.
Mais cette guerre des chiffres qui fait rage du côté de leurs états –majors politiques respectifs est pour le moins puérile. Amadou Ba et ses partisans parlent avec emphase de 3 millions de signatures sur le parrainage au moment où le Pastef dissous évoque 1 million de parrains en moins de 48 heures en faveur d’un Bassirou Diomaye qui tient visiblement à gagner un statut de Lula Sénégalais.
Ce jeu d’échecs est complété par la campagne de débauchage des délégués régionaux du candidat Boun Abdallah Dionne. Cette initiative est contreproductive pour Amadou Ba car l’opinion publique a fini de rejeter cette vile forme de dégradation des valeurs qui ne dit pas son nom.
Quid du camp des politiciens professionnels comme Idrissa Seck, Khalifa Sall Karim Wade et les autres ? Ils sont sans doute un peu isolés par Macky, Sonko et leurs deux favoris du moins dans le domaine de la communication mais leur silence assourdissant signifie quelque part qu’ils privilégient le travail de terrain et le contact direct avec les citoyens. Ce qui reste une stratégie sage et compréhensible.
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