Assane Diouf, entrepreneur de 53 ans et figure controversée du paysage médiatique sénégalais, comparaissait ce jeudi devant la Chambre correctionnelle du tribunal de Dakar. Poursuivi pour diffusion de fausses nouvelles, offense à une personne exerçant une prérogative du président de la République et propos contraires aux bonnes mœurs, il a défendu son statut de "lanceur d’alerte" face à des accusations jugées graves par le parquet.
L’affaire repose sur une vidéo virale diffusée sur TikTok, dans laquelle Assane Diouf évoque, sans le nommer explicitement, le Premier ministre sénégalais. À la barre, il a reconnu avoir utilisé des expressions controversées comme « jegou takussan », mais a nié toute mention directe du chef du gouvernement. « Je suis un homme libre qui parle pour le peuple », a-t-il déclaré devant les juges.
Le président du tribunal lui a néanmoins rappelé un extrait explicite de la vidéo. Malgré ses dénégations, Assane Diouf a reconnu les propos, tout en insistant : « Je n’ai jamais cité son nom. »
Le parquet a estimé que les propos visent clairement le Premier ministre, notamment lorsqu’il est question de véhicules, d’appartements, de corruption présumée ou encore d’anciens engagements militants non tenus. « Il est évident que la personne visée est protégée par la loi. Il y a offense à autorité, diffusion de fausses nouvelles et atteinte aux bonnes mœurs », a souligné le procureur, avant de requérir deux ans de prison dont six mois ferme.
La défense, de son côté, a plaidé la relativité des propos tenus dans un contexte de liberté d’expression. Les avocats d’Assane Diouf ont contesté l’existence d’infractions caractérisées, arguant que le Premier ministre ne bénéficie pas du même niveau de protection juridique que le président de la République. « Il n’a pas cité de nom. Son langage peut déranger, mais il n’est pas illégal », a affirmé Me Barro, tout en dénonçant l’instrumentalisation de la justice pour museler les voix dissidentes.
La demande de mise en liberté provisoire a été rejetée, et le jugement a été mis en délibéré au 7 août 2025.
Assane Diouf, déjà connu pour ses prises de position virulentes, se présente comme un symbole de résistance face à ce qu’il considère comme une dérive autoritaire du pouvoir.