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Babacar Justin Ndiaye : «Avec Macky Sall, la confiance prend difficilement le rendez-vous»

POLITIQUE
Dimanche 26 Mai 2019

Babacar Justin Ndiaye : «Avec Macky Sall, la confiance prend difficilement le rendez-vous»
Observateur averti de la scène politique sénégalaise, Babacar Justin Ndiaye jette un regard avisé sur le dialogue national initié par le président de la République, Macky Sall. Il étudie avec «L’Obs» les différents profils proposés pour piloter les travaux. Sans langue de bois. 

L’opposition et le pouvoir s’accordent sur la nécessité de choisir une personnalité indépendante et neutre pour piloter le dialogue national. Est-ce possible de trouver cet oiseau rare ?

Attention, ne nous enlisons pas dans les mots et les terminologies ! La politique ne rime pas avec la grammaire. A mon avis, une personnalité forte et consensuelle est préférable à une personnalité indépendante, neutre et…introuvable. Pour piloter un conclave aussi global et vital que le dialogue national, il faut, à mon avis, symboliser une force tranquille et bénéficier d’un consensus sans restrictions – restrictions notamment mentales – de la part de tous les participants. En clair, la personnalité ou le duo de personnalités retenues doivent se distinguer par leurs itinéraires remarquables, leurs profils lisses, leurs expertises établies par une immense expérience et accessoirement par leurs âges avancés qui sont, sous nos cieux, des brevets de sagesse. Vous avez là quelques esquisses d’épures ou de portraits qui montrent effectivement que ces oiseaux ne sont pas aussi nombreux que les papillons.  Je vous précise que le profil lisse est le profil sans aspérités, celui qui suscite l’adhésion quasi-automatique. A la manière de l’aimant qui attire le fer.

La société civile a désigné Babacar Guèye et Mazide Ndiaye, tandis que le pôle des non-alignés a choisi les Professeurs Alioune Sall et Babacar Kanté. Les noms de Famara Ibrahima Sagna, Ousmane Camara et Serigne Diop sont avancés. Ces personnalités ont-elles les profils recherchés pour conduire le dialogue ? 

Oui, oui et oui…Ils correspondent globalement aux profils ciblés. J’en connais personnellement certains. Le Professeur Babacar Guèye que j’ai côtoyé dans le Groupe d’experts du Forum civil (alors présidé par Me Mame Adama Guèye) est un esprit supérieur et fécond. Un juriste qui travaille pour le Sénégal et pour d’autres pays africains. Mazide Ndiaye est la figure emblématique des Ong et surtout, l’homme des engagements les plus variés sur le terrain du développement à la base. Donc, un citoyen en perpétuelle immersion dans la société sénégalaise. Je lis assidument et écoute attentivement Alioune Sall et Babacar Kanté, sans vraiment les connaître. Maintenant, j’allonge votre question en ces termes : ces trois personnalités (Famara Ibrahima Sagna, Ousmane Camara et Serigne Diop, Ndlr) seront-elles capables de «dompter» ce type de conclave, en y obtenant le nécessaire consensus et y injectant la dose sérénité et, par ricochet, de discipline indispensable ?

Quelle est votre réponse à cette question supplémentaire ? Deuxièmement, connaissez-vous les autres personnalités signalées par les médias ?

Ma réponse est prudente. Voilà pourquoi je penche pour les quatre anciens ministres, Ousmane Camara, Famara Ibrahima Sagna, Madani Sy et Serigne Diop. Voyez-vous, j’ai eu l’honneur et le privilège de rencontrer Ousmane Camara et Famara Ibrahima Sagna et d’échanger longuement avec les deux. Une vraie conversation-marathon. Les générations actuelles et notamment celle du Président Macky Sall, doivent beaucoup à Famara Ibrahima Sagna et à Ousmane Camara. Ils ont constitué la crème technocratique qui a épaulé les Présidents Senghor et Dia dans l’édification du Sénégal de l’aube et du zénith des indépendances. Au-delà du «système» auquel ils ont appartenu, Ousmane Camara et Famara Sagna ont servi la Nation. Aujourd’hui, tous les deux ont l’âge et l’aisance, c’est-à-dire de réels gages qui les placent au-dessus de tout soupçon, pour présider de façon consensuelle et rassurante, le dialogue national. Le seul hic est que ces deux hommes sont d’un âge peu compatible avec une corvée ou un sacerdoce physique. Même autorité morale et profil lisse pour l’ex- Recteur et ancien ministre Madani Sy qui n’a jamais appartenu à la camarilla politique. Pour la petite histoire, le Professeur Madani Sy a décroché l’agrégation en Droit avant Abdoulaye Wade. Quant au Professeur Serigne, il a un parcours politique qui l’installe au carrefour de tous les consensus pour présider le dialogue national. En effet, Serigne Diop a été successivement député du Pds (Parti démocratique sénégalais), chef de parti, ministre du Président Diouf, ministre du Président Wade, aux côtés du ministre Macky Sall, et Médiateur de la République. Si l’on y ajoute sa retenue légendaire, on voit bien qu’il n’offusque point l’opposition.

Quelle lecture faites-vous de la position de l’opposition, qui a choisi de ne pas répondre à l’invitation du ministre de l’Intérieur, et de la volonté affichée du Président Macky Sall d’appliquer les conclusions prochainement issues du dialogue ?

En gros, l’opposition balance entre le non, le oui et le oui-mais…La barrière à sauter s’appelle la confiance. Or, la confiance est comme la virginité d’une femme. Une fois perdue, jamais retrouvée. Avec Macky Sall, la confiance prend difficilement le rendez-vous. Justement, Macky Sall qui a signé puis appliqué de façon sélective la charte des Assises nationales, va-t-il allègrement et totalement matérialiser les conclusions du dialogue national ? «Laissons l’avenir venir», chantait Tino Rossi.
 

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