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Benno Bokk Yakkar : Les prémices de l’implosion

POLITIQUE
Mercredi 27 Mars 2019

Benno Bokk Yakkar : Les prémices de l’implosion
Serait leur caractère opportuniste du fait de l’absence criante de ciment idéologique. Les coalitions électorales sénégalaises sont des conglomérats hétéroclites dont la logique sous-jacente s’apparente à celle des GIE (Groupements d’intérêt économique), c’est-à-dire la recherche de profits. In fine, elles n’existent que pour conquérir et se partager le pouvoir mais non pour défendre ou faire triompher les intérêts des populations.

C’est ainsi que les Assises nationales que Niasse et Tanor avaient brandies pour soutenir Macky n’étaient qu’un prétexte de légitimation d’un éventuel partage du pouvoir entre pontes politiques. L’objectif final en 2012, c’était de faire élire Macky Sall à la présidence de la République. Les partis politiques réunis au sein de Bennoo Bokk Yaakaar sont parvenus au prix de grosses pertes et de gros sacrifices compensés par de fortes récompenses à rester derrière Macky Sall, chef de la grande coalition. Cette option de rester au sein de la coalition a valu au Parti socialiste de Ousmane Tanor Dieng son divorce avec Khalifa Sall et ses lieutenants comme Barthélémy Dias mais aussi, plus récemment, Aïssata Tall Sall. Moustapha Niasse a perdu ses grosses pointures comme Malick Gakou et Mata Sy Diallo. La LD a implosé avec la naissance du courant Ligue Démocratique debout qui revendique la majorité. Même le très stalinien parti de l’Indépendance et du Travail (PIT) vient à son tour d’enregistrer une sérieuse rébellion interne menée par le Dr Mohamed Ly et ses amis. 

Certes, bien que beaucoup de politiques et de politistes aient prédit, dès les premières heures de l’Alternance, le « tassaro » c’est-à-dire la dislocation de Bennoo ladite coalition a tout de même tenu bon pendant sept ans pour faire triompher son candidat à toutes les échéances électorales depuis 2012. Sept ans, c’est la plus importante durée de vie d’une coalition politique dans notre pays depuis l’Indépendance. Modou Diagne Fada, député libéral, sur le plateau de la RTS1 où il était l’invité de l’émission Point de vue en août 2012, prédisait le divorce de ses alors adversaires de la majorité présidentielle. « Ce n’est plus un secret, BBY est parti pour imploser. Ce n’est plus qu’une question de jours. Cette coalition va éclater, avant les locales, car il faut que les partis politiques se pèsent », prédisait l’ex-ministre libéral de la Santé. Eh bien, non seulement l’implosion prédite ne s’est pas réalisée mais le prédicateur lui-même a fini par transhumer pour la rejoindre six ans plus tard !

Le PS et l’AFP dans une logique de sortie avant 2024

Seulement voilà, Macky Sall ayant été réélu et ne pouvant plus aspirer à un nouveau mandat, la donne politique change. D’ores et déjà, les premières lézardes de la coalition présidentielle commencent à apparaître. Les ambitions politiques assoupies ou tues stoïquement depuis sept ans, tant du côté de l’APR que de celui des alliés et ralliés, commencent à se réveiller. Récemment dans l’émission « Objection » de Sud FM, Bouna Mouhamed Seck, directeur de cabinet de Moustapha Niasse à l’Assemblée nationale, a précisé que « l’AFP aura un candidat en 2024 ».

Une position qui n’est toutefois pas partagée par Mbaye Dione, maire de Ngoundiane qui soutenait dans le journal L’Observateur du 12 janvier 2015 ceci : « A ceux qui pensent que l’Afp ne doit pas présenter un candidat en 2017, mais qu’elle devrait se préparer pour le faire en 2022, je voudrais juste qu’ils soient plus cohérents. Comment peuvent-ils refuser une candidature de l’Afp en 2017 et l’accepter en 2022 (Ndlr, à l’époque Macky Sall jurait encore de ne faire que cinq ans), à moins qu’après avoir contribué à réélire le Président Macky Sall, l’Afp quitte le gouvernement pour s’opposer jusqu’en 2022 afin de présenter son propre candidat ? Si nous acceptons de ne pas présenter un candidat en 2017, nous devrons l’accepter tant que l’APR sera au pouvoir et que l’AFP sera son allié».

Le PS de son côté, même s’il a réaffirmé son ancrage dans la mouvance présidentielle au lendemain de la réélection de Macky Sall, se prépare en conséquence aux joutes présidentielles de 2024 où la nécessité de présenter un candidat issu des rangs du parti de Senghor — après la parenthèse 2012-2017 — se fera sentir de nouveau. Aujourd’hui le PS tend la main à tous les bannis que sont Khalifa Sall, Bamba Fall, Barthélemy Dias, Idrissa Diallo et autres responsables socialistes proches de l’exmaire de Dakar. La réponse favorable du maire de la Médina assortie de conditions sur la libération de Khalifa Sall et sa réhabilitation politique laisse croire que les retrouvailles entre socialistes pour préparer 2024 sont envisageables. Il faut battre le rappel des troupes puisque le compagnonnage avec l’APR prendra fin bientôt.

Pour cause, même au sein de cette APR où chaque Iznogoud pense pouvoir succéder au calife Sall, la bataille de la succession fera rage. La coalition Bennoo a fait son temps. Elle va dépérir et disparaitre avec la retraite présidentielle de son actuel leader. Certes elle peut survivre jusqu’aux législatives de 2022 (histoire de bénéficier encore de quelques maroquins et postes de directions) mais pas jusqu’en 2024 où il faudra se regrouper derrière un seul leader pour espérer triompher. Le socle de solidarité illusoire sur lequel repose Bennoo risque s’effritera au gré des ambitions et des alliés et des frères de parti de Macky. La durée de vie ou de survie de Bennoo et même de l’APR ne sont tributaires que de la présence de Macky à la tête de l’Etat. Par conséquent, il ne faut pas être Cassandre pour prédire la dislocation de Benno Bokk Yaakar. Ce n’est plus qu’une question de mois…

Serigne Saliou GUEYE

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