
Le journaliste et chroniqueur Bachir Fofana a été placé en garde à vue par la Division spéciale de la cybercriminalité (DSC), suite à une auto-saisine du procureur de la République près le Tribunal de grande instance hors classe de Dakar, dans le cadre d’une enquête pour « diffusion de fausses nouvelles ».
Contrairement à ce qui avait circulé dans les premières heures, aucune plainte formelle du président de l’Assemblée nationale, El Malick Ndiaye, n’a été déposée dans ce dossier, selon les précisions apportées par les avocats du journaliste. L’affaire fait suite à des déclarations de Bachir Fofana concernant le marché controversé d’acquisition de véhicules pour les députés.
Dans ses propos, il avait évoqué un montant de 8 milliards de FCFA, s’appuyant sur des sources qu’il juge crédibles, et mentionné le nom d’un bénéficiaire présumé. Son avocat, Me Aboubacry Barro, précise : « Mon client a pleinement assumé ses propos, tenus en toute bonne foi, sur la base d’informations relayées notamment par le député Guy Marius Sagna. Il n’y a aucune intention malveillante.»
Me Barro estime que l’infraction de « diffusion de fausses nouvelles » est inappropriée et anachronique dans un État démocratique : « Il est important de distinguer entre désinformation intentionnelle et erreur d’appréciation journalistique. » Cette interpellation a suscité une vague de réactions critiques.
Plusieurs personnalités, dont Madiambal Diagne, Alioune Tine et Pape Malick Ndour, dénoncent un climat de restriction des libertés publiques et appellent à une gestion plus transparente des critiques adressées aux institutions. Alioune Tine, fondateur d’Afrikajom Center, déplore ainsi la judiciarisation de l’espace public et estime qu’une réponse politique et communicative aurait été plus appropriée. De son côté, Pape Malick Ndour parle d’une « prise d’otage politique » et critique vivement le marché des véhicules de l’Assemblée, le qualifiant de « symbole du gaspillage des deniers publics ».
La suite de la procédure dépend désormais de l’appréciation du procureur de la République. Mais une chose est claire : cette garde à vue est le fruit d’une initiative du parquet, non d’une plainte émanant du président de l’Assemblée nationale.