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L’avenir politique de Khalifa Sall en question*

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Jeudi 9 Mars 2017

Je ne rentrerai pas dans les considérations juridiques du dossier de la «caisse d’avance» de la mairie de Dakar qui vaut aujourd’hui à l’édile de la capitale de séjourner désormais à la prison de Rebeuss. J’ai mon opinion là-dessus mais le tribunal tranchera.
Sur un plan politique, cette affaire est révélatrice de plusieurs fractures ouvertes qui auront beaucoup de mal à se résorber.


Par Abdou Khadre Lo

D’abord, au sein de la famille socialiste. Après des contusions multiples sur les dernières années, la fracture est désormais tellement énorme que des retrouvailles paraissent impossibles entre les deux courants alignés derrière le Secrétaire général du Parti socialiste (Ousmane Tanor Dieng, fidèle allié du président Macky Sall) et le maire de Dakar (Khalifa Sall) qui refuse que le PS se range derrière le chef de l’Etat pour les législatives de juillet 2017 et la présidentielle de 2019. Le camp de Khalifa Sall voit la main d’Ousmane Tanor Dieng dans l’emprisonnement des lieutenants du maire de Dakar. Ils ont été arrêtés suite à une affaire interne au Parti socialiste. Il ne faut jamais dire jamais en politique mais un rapprochement entre les deux mastodontes socialistes paraît illusoire aujourd’hui. La rancune sera désormais tenace.

Ensuite, fracture plus qu’ouverte entre le camp présidentiel (y compris la coalition de partis qui le soutient) et celui du maire. Le nouvel opposant, Khalifa Sall, a tardé à se jeter ouvertement dans la bataille politique. Pendant des années, il a fait dans le clair-obscur. Depuis quelques temps et surtout après l’emprisonnement de ses proches collaborateurs, il tient un langage plus clair sur ses ambitions. Aujourd’hui, il sera un opposant radical et déclaré au régime. Le tribut est trop lourd pour qu’il ne muscle pas son engagement car vivant un sentiment d’injustice totale : être le seul maire à payer pour une pratique administrative en vigueur depuis des décennies (même si cela ne constitue pas un point de droit).

Maintenant la question est : quelle forme prendra son combat contre le pouvoir ? S’il est condamné pour détournement de deniers publics, il ne pourra plus faire face au président Sall. Il sera de facto éliminé de la course à la présidentielle de 2019 pour cause d’inéligibilité. Il se voyait en haut de l’affiche, la chute a été brutale et inattendue pour lui. Khalifa Sall n’a, à aucun moment, vu ce coup fatal venir. Comment vivra-t-il ce qui se profile comme un rêve brisé ?

Enfin, quoi qu’on en dise, cet épisode juridico-politique aggravera la fracture entre les politiques (dans leur ensemble) et les populations qui se bouchaient déjà le nez en observant les agissements souterrains des acteurs. Tous les coups sont donc permis en politique. Ces hommes et femmes sont sans état d’âme lorsqu’il s’agit de défendre des intérêts immédiats et futurs. Le visage plus que hideux de l’arène politique effrayera l’écrasante majorité des citoyens qui n’ont pas envie d’être touchés par le sang qui gicle. Comme souvent, ils se contenteront d’aller voter pour dire leur opinion.

Ce recul peut être vu comme une aubaine pour les politiciens professionnels qui jubilent à l’idée d’écarter de potentiels engagés sur le terrain politique. En somme, pensent-ils, «restez à votre place. Vous voyez bien que le jeu est trop dangereux et ne vaut pas la peine». Pourtant cette distance et ce silence assourdissant ne devraient avoir rien de rassurant. Comme par le passé, les électeurs trouveront toujours un moyen de faire partie du jeu et de façon souvent décisive. Aucune «combinazione» ne peut alors arrêter leur verdict.
  • Le titre est de la rédaction

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