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Le cheikh Ibn Bayyah, figure du soft power religieux mauritanien (Par Barka Ba)

PORTRAIT
Vendredi 20 Janvier 2023

Le cheikh Ibn Bayyah, figure du soft power religieux mauritanien (Par Barka Ba)
C’est un ballet singulier de personnalités qui a défilé du 17 au 19 janvier 2023, au Palais Al Mourabitoune de Nouakchott, à la périphérie de la capitale mauritanienne, où se déroulait la troisième édition de la « Conférence pour la Paix en Afrique ». Ce forum, rare en Afrique, qui réunit des sommités religieuses musulmanes, des politiques, des diplomates, des experts et des journalistes venus du monde entier, est destiné à réfléchir sur les ripostes possibles au phénomène de l’extrémisme religieux.
 
Signe de l’importance grandissante de cette rencontre, le président nigérian Muhammadu Buhari a assisté à l’ouverture de la rencontre, en présence de son homologue mauritanien Mouhamed Ould Ghazouani, tandis que ses homologues Mouhamed Bazoum du Niger et Paul Kagamé du Rwanda, s’y sont virtuellement invités en délivrant des messages par vidéo.
 
L’initiateur de ce forum est l’érudit d’origine mauritanienne, Cheikh Abdallah Ibn Mahfoudh Ibn Bayyah, 88 ans, basé entre l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis, dont la production intellectuelle est très suivie dans le monde musulman où ses avis font autorité. Actuellement président du Conseil de la Fatwa des Émirats arabes-unis, le religieux qui fut longtemps professeur à l'Université du Roi Abdulaziz de Djeddah, a été durant les années 1970 ministre de la Justice dans la régime du père de l’indépendance de la Mauritanie, Moktar Ould Daddah au pouvoir de 1958 à 1978. Issu d’une grande famille d’érudits de l’Est mauritanien, près de la frontière malienne, cet adepte de la confrérie soufie la Chadhilia ( une branche de la Qadiriyya) est l’une des rares sommités religieuses musulmanes influentes dans les pays du Golfe qui n’est pas issue des courants wahabbites ou salafistes.
 
Ce polyglotte, aussi bien à l’aise en arabe qu’en français, a connu une consécration planétaire lorsque Barack Obama, alors président des Etats-Unis d’Amérique, l’a cité lors d’un célèbre discours devant le Conseil de sécurité de l’Onu en 2014, en le donnant comme l’exemple même du guide religieux éclairé. Mais, Ibn Bayyah, est surtout célèbre pour avoir émis une fatwa qui a eu un immense impact dans le monde musulman, intitulée « Ceci n’est pas le chemin du paradis », qui démonte, sur la base d’un argumentaire islamique implacable, les thèses radicales de l’Organisation de l’Etat islamique. Le Mauritanien est aussi connu pour avoir porté la contradiction lors des « Printemps arabes » à feu Youssef Al Qaradawi, célèbre prédicateur proche de la puissante confrérie des « Frères musulmans » et star incontestée de la chaîne qatarie Al Jazira. Alors que l’égyptien naturalisé qatari, donnait sa bénédiction aux soulèvements qui allaient emporter plusieurs régimes arabes, Ibn Bayyah prenait son contre-pied en prônant la reforme au lieu de la révolution, disant en substance que même un mauvais gouvernement est préférable au désordre et à la Fitna (discorde).
 
L’une des spécificités de la Mauritanie est que ce pays, par le prestige et le rayonnement intellectuel dont jouissent dans les pays musulmans certains de ses ressortissants, est en train de développer à bas bruit un véritable soft power religieux. Outre le cheikh Ibn Bayyah, la Mauritanie est aussi le pays de naissance de Mohamed El Hassan Ould Dadaw, un des principaux guides religieux de la version mauritanienne des Frères musulmans, le Tawassoul, qui est aussi un des idéologues les plus influents de la confrérie des « Frères » et de leurs alliés au pouvoir, dont l’Emir du Qatar et le président truc Recep Tayyip Erdogan.
 
Un peu plus controversé, Mahfoudh Ould al-Walid, alias « Abou Hafs Al Mouritani», lui aussi natif du « pays aux million de poètes », surnom de la Mauritanie dans le monde arabe, était l’ami, le maitre spirituel et le conseiller d’Oussama Ben Laden, le fondateur d’Al Qaïda dont il était d’ailleurs le numéro 3 dans la hiérarchie, avant de faire amende honorable et de rompre avec le jihadisme. Un épisode raconté par le journaliste Lemine Ould M. Salem dans un livre de référence, « L’Histoire secrète du djihad. D’Al-Qaïda à l’État islamique », paru en 2018 aux éditions Flammarion. Un détail peu connu du grand public y est révélé et vaut son pesant d’or : Abou Hafs dont le père possédait plusieurs commerce

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