L’arrestation du chroniqueur Badara Gadiaga par la Division Spéciale de la Cybercriminalité (DSC) a provoqué une vague d’indignation et de mobilisation populaire ce mercredi. Accusé de « discours contraires aux bonnes mœurs », le journaliste a été placé en garde à vue après s’être présenté à la convocation, comme il l’avait lui-même annoncé la veille sur ses réseaux sociaux.
L’entrée de Badara Gadiaga dans les locaux de la DSC a tourné à la démonstration de force populaire. À l’heure dite – 15h précises –, le chroniqueur s’est présenté comme prévu, mais il était attendu par une foule compacte de citoyens, militants et défenseurs de la liberté d’expression. Brandissant pancartes, smartphones et slogans de solidarité, les manifestants ont transformé l’instant en un véritable happening politique.
Le soutien de la société civile ne s’est pas fait attendre : plusieurs leaders associatifs, membres d’ONG comme Jamra, ainsi que des citoyens engagés ont tenu à se rendre physiquement devant la DSC pour exiger la libération immédiate du journaliste.
La convocation de Badara Gadiaga intervient dans un climat tendu, quelques jours après une altercation médiatique houleuse avec le député Amadou Ba (membre du parti au pouvoir, Pastef) sur le plateau de l’émission Jakaarlo, diffusée sur TFM. Ce débat télévisé, visiblement sorti de son cadre, est à l’origine des poursuites engagées contre le chroniqueur, accusé par certains proches du pouvoir de propos offensants.
Pour beaucoup, cette convocation judiciaire serait une tentative d’intimidation d’une voix critique, dans un contexte où les libertés d’expression et de presse semblent sous pression.
La mise en garde à vue de Badara Gadiaga a été immédiatement dénoncée par plusieurs organisations de la société civile. Des critiques pointent une dérive autoritaire, accusant le pouvoir en place de chercher à museler les chroniqueurs et journalistes indépendants. Les soutiens de Gadiaga rappellent que les débats télévisés sont, par essence, des espaces de contradiction, où les opinions divergentes doivent pouvoir s’exprimer librement.
Dans une vidéo publiée sur ses réseaux sociaux la veille, Badara Gadiaga déclarait :
« Je vais répondre à cette convocation. J’ai toujours dit qu’il n’y a pas d’alternative à la justice. Je ne suis pas comme Ousmane Sonko qui avait fui sa convocation. »
« Je préfère cent ans de prison dans la dignité à une seconde de liberté sans honneur. »
Cette garde à vue soulève des inquiétudes croissantes quant à l’utilisation des dispositifs de cybercriminalité à des fins politiques. Plusieurs organisations appellent déjà à la libération immédiate de Badara Gadiaga et à une clarification des critères justifiant de telles poursuites.
Alors que la procédure suit son cours, le soutien populaire dont bénéficie Gadiaga témoigne d’une forte vigilance citoyenne face aux atteintes à la liberté d’expression dans un contexte politique déjà très polarisé.