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Les faux-frères

POLITIQUE
Lundi 13 Août 2018

La recherche d’un consensus ne saurait empêcher les arbitrages nécessaires dans un gouvernement - Mais à quoi assiste-t-on ? - Un spectacle désolant où les ministres semblent rivaliser d’adversité réciproque


Les faux-frères

On n’entre pas dans un gouvernement après avoir réussi à un examen ou un concours. Il n’est pas exigé d’un ministre de convaincre un jury de ses qualités et compétences intrinsèques. Les profils peuvent donc être variés, divers et les personnalités peuvent se heurter dans un gouvernement. Il n’en demeure pas moins que le principe fondamental pour instaurer la cohésion est de jouer collectif. Les talents individuels, les atouts de chacun sont mis, de bon cœur, au service du groupe, de l’objectif assigné au gouvernement. Comme dans tout groupe humain, des personnalités se distinguent, mais cela ne doit pas se faire au détriment du groupe ou pis, pour porter tort au groupe et aux objectifs qui sous-tendent son action. Il demeure une acception générale que «la solidarité gouvernementale ou ministérielle est un comportement collectif qui fait que chacun des membres du gouvernement est solidaire des décisions prises par le gouvernement, les assume et en porte la responsabilité. Il ne peut s’y soustraire qu’en démissionnant ou être sanctionné par une exclusion du gouvernement».

La foire d’empoigne de Mahammed Boun Abdallah Dionne

Seulement, à regarder les comportements des membres du gouvernement, le principe de solidarité gouvernementale est la vertu la moins partagée par l’équipe dirigée par Mahammed Boun Abdallah Dionne. On constate en effet que pour de nombreux ministres, la solidarité gouvernementale signifierait simplement de ne pas s’attaquer au président de la République ou au Premier ministre. En revanche, ils s’autoriseraient toutes les effronteries, toutes les arrogances et toutes les mesquineries à l’encontre de leurs collègues ministres. C’est ainsi qu’on peut voir dans l’actuel gouvernement des ministres parler de leurs collègues du gouvernement en mal dans des rencontres publiques ou des émissions de radio ou de télévision, ou à travers les colonnes des journaux. On a fini par créer un environnement où chacun est libre ou se donne le permis ou la licence de s’en prendre vertement à son collègue sur la place publique, sans aucune précaution de langage. Les cas sont légion. On a pu se demander si certaines personnes se rencontrent autour d’une même table en Conseil des ministres. Or, toutes les questions dont l’examen ou le traitement provoquent des divergences profondes entre membres d’un gouvernement devraient être discutées pour arrêter une position définie par le gouvernement.

En d’autres termes, un gouvernement ne saurait souffrir de cacophonie et une ligne claire et précise doit être déterminée sur toutes les questions et chaque membre du gouvernement est tenu de s’y conformer. Dans cet esprit, s’il y a des divergences profondes autour d’une question entre les ministres concernés, le Premier ministre et/ou le président de la République ont le devoir de les arbitrer, de systématiser une position qui s’imposera à tous. La recherche d’un consensus ne saurait empêcher les arbitrages nécessaires dans un gouvernement. Mais à quoi assiste-t-on ? Un spectacle désolant où les ministres semblent rivaliser d’adversité réciproque. On a pu se demander si certains ministres ont l’étoffe pour occuper les éminentes fonctions qui leur sont confiées. A la vérité, si l’on en juge par leur comportement de tous les jours, on ne peut pas ne pas déplorer que les costumes ou les camisoles peuvent apparaître beaucoup trop amples pour certains ministres. On a vu par exemple un Mame Mbaye Niang s’en prendre, à chacune de ses nombreuses sorties, au ministre de l’Economie, des finances et du plan, Amadou Ba. Si l’on en croit les publications régulières des journaux, de telles attaques qui sont récurrentes s’exprimeraient même jusqu’en Conseil des ministres.

Agacés par de telles attaques, les proches de Amadou Ba et même les services de son ministère voudraient répliquer, mais le chef de l’Etat les en empêche, leur demandant de calmer la situation, en quelque sorte de faire le dos rond. C’est quoi demander à quelqu’un de ne pas répondre à son collègue qui l’attaque sur la place publique, si l’autorité qui intime l’ordre n’empêche pas la récidive ? Amadou Ba a fini ainsi par apparaître comme un punching-ball. Le paroxysme de l’absence de solidarité gouvernementale a été atteint quand il s’était avéré que des groupes d’étudiants avaient été manipulés par d‘autres membres du gouvernement pour s’attaquer à tel ou tel autre ministre. Les syndicats sont aussi poussés par des ministres pour s’en prendre à d’autres ministres. Ils sont rares, les ministres qui assument leurs responsabilités. On cherche le plus souvent à montrer que la faute est aux autres. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Mary Teuw Niane, s’est permis de s’essuyer les souliers sur le dos du ministre des Finances dans l’affaire des grèves des étudiants des universités. Les médias renseignent que les attaques avaient été si virulentes ou cruelles même, et d’autres ministres pensaient trouver l’occasion de faire un tir groupé pour asséner un coup fatal au ministre des Finances, au point que le président de la République avait été obligé de s’émouvoir en Conseil des ministres de cette absence de solidarité gouvernementale. Une telle situation semble libérer toutes les effronteries et audaces. Ainsi, dans les jours qui ont suivi, Mary Teuw Niane n’a pas hésité à récidiver en posant sur la place publique un débat d’arbitrage budgétaire. Et puisqu’il n’y a plus de limite, il poursuivra, bille en tête, en s’en prenant une autre fois au ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam. Si les accusations portées contre Amadou Ba ou Serigne Mbaye Thiam sont avérées, ces ministres ne devraient plus siéger en Conseil des ministres. Toutes choses égales par ailleurs, si de telles graves accusations publiques s’avèrent être de la fable, leurs auteurs devraient en payer le prix. Qui ne se rappelle pas qu’une Fatou Tambédou avait été limogée le 11 juillet 2015 du gouvernement pour peut-être bien moins que cela ?

Dieu souffle aux oreilles des responsables de l’Apr

Le ministre de l’Hydraulique, Mansour Faye, n’a pas lui non plus été épargné par ses collègues du gouvernement dans la situation de pénurie d’eau qui continue de frapper certaines localités du pays. Ils étaient nombreux à chercher à le charger comme pour se dédouaner de leurs propres carences…
Tout le monde tire à hue et à dia. Cela finit par déborder le gouvernement et des combines sont fomentées çà et là en vue de travailler à déstabiliser tel ou tel rival politique. L’aveuglement est tel que d’aucuns n’ont même plus conscience qu’en cherchant à se mener des guerres, ils s’affaiblissent les uns les autres et en conséquence ils vont fragiliser le pouvoir du Président Macky Sall. Des groupes de députés fomentent des complots pour attendre de pied ferme un ministre qui doit passer devant l’Assemblée nationale afin de l’accabler et lui faire sa fête. A quoi rimerait leur adversité s’ils travaillaient à leur propre perte ? Les responsables de l’Alliance pour la République (Apr), parti du Président Macky Sall, deviennent les adversaires de leur propre camp. Des adversaires du parti présidentiel se livrent à des combats fratricides à Dakar, à Kolda, à Podor, à Matam, à Kaolack, à Louga, à Touba. C’est comme qui dirait «ils seraient en train de scier la branche sur laquelle ils sont assis». Leurs alliés politiques ne sont pas épargnés. Par exemple, comment un Me Djibril War, au lieu de se féliciter de la décision du Parti socialiste de soutenir la candidature du Président Macky Sall, n’a trouvé rien de mieux à dire ou à faire que de verser dans la provocation en disant que si Ousmane Tanor Dieng et ses camarades avaient pris une autre décision, ils entendraient les responsables de l’Apr ? On aura beau alerter sur les risques encourus par le camp du Président Macky Sall, comme par exemple dans une chronique en date du 2 août 2015, intitulée «Macky Sall ou la tentation du suicide collectif», mais il semble que les prêtres de l’Apr ont fini de parler avec les dieux.


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