C’est à bord d’un véhicule de prestige aux vitres teintées, et dans la plus grande discrétion, que l’ancien « grand argentier » du régime Sall s’est présenté aux enquêteurs. Pendant plusieurs heures, il a été interrogé dans le cadre de l’enquête sur la gestion des finances publiques sous l’ère de l’APR. Selon des sources concordantes, les limiers de la DIC cherchent à faire la lumière sur des transactions de fonds publics soupçonnés d’avoir été dissimulés ou mal gérés durant les années de gouvernance de Macky Sall, notamment à travers certains marchés placés sous la responsabilité de son ministre des Finances.
Ce n’est qu’aux alentours de 19 heures que les enquêteurs ont relâché Abdoulaye Daouda Diallo, lequel demeure toutefois « à la disposition de la justice ». D’après nos informations, d’autres hauts responsables de l’ancien régime figurent également dans le collimateur, cités dans les rapports accablants de la Cour des comptes, à l’origine de ces convocations.
Des figures de premier plan également visées
Parmi les personnalités convoquées figurent notamment Adama Racine Ndiaye, ancien directeur général du FONSIS (2015–2020), et Waly Faye, ex-patron du FONGIP. Tous deux sont des compagnons historiques de Macky Sall, membres influents de la coalition BBY.
Le travail de la Cellule nationale de traitement des informations financières (CENTIF) aurait permis de dégager de nouveaux éléments d’investigation. Mais pour l’heure, le mystère demeure sur l’existence éventuelle d’un système parallèle de gestion des fonds publics, destiné à détourner ou dissimuler des sommes colossales hors des circuits budgétaires officiels.
Deux dossiers explosifs
L’enquête confiée à la DIC se concentre sur deux affaires majeures :
Les Dépôts à terme (DAT) :
Des placements d’argent public effectués sur des comptes bloqués de 3, 5 ou 10 mois, échappant à tout contrôle régulier. Dans ce dossier, impliquant l’ancien ministre Amadou Ba, une somme vertigineuse de 87 milliards de FCFA aurait été « redécouverte » après de minutieuses investigations, alors qu’elle était restée hors des radars de la Cour des comptes.
Les Certificats d’investissements obligatoires (CIO) :
Une autre affaire retentissante, portant sur un volume de 546,7 milliards de FCFA, qui suscite de sérieuses interrogations quant à la transparence et à l’utilisation de ces fonds.
Aux côtés d’Abdoulaye Daouda Diallo et d’Amadou Ba, les noms de Birima Mangara (ex-ministre délégué chargé du Budget) et de Cheikh Tidiane Diop (ancien Directeur général du Trésor et Secrétaire général du ministère des Finances) sont également mentionnés dans ce vaste dossier judiciaire.
Une justice à l’épreuve
À mesure que les auditions se poursuivent, l’étau judiciaire semble se resserrer autour de plusieurs figures emblématiques de l’ancien régime. Reste désormais à savoir si ces investigations mettront au jour un véritable mécanisme organisé de détournement de fonds publics, ou s’il ne s’agit que d’irrégularités de gestion.
Une chose est sûre : l’affaire ne fait que commencer.
