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AVIS D’INEXPERT : Du cadre juridique de l’accès du journaliste à l’information

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Mercredi 20 Décembre 2017

Jean Meissa Diop, l'inexpert expert
Jean Meissa Diop, l'inexpert expert

Si les journalistes – d’investigation ou simples – avaient été plus curieux… ils auraient épargné au Sénégal nombre de polémiques dans lesquelles ceux se font entendre le plus ceux qui en savent le moins. Par ces temps d’affaire Khalifa Sall, du nom du maire de Dakar, emprisonné suite à des accusations sur sa gestion de fonds dont il reste à déterminer le régime juridique, la presse d’investigation aussi teigneuse que perspicace – par ces temps donc, le public aurait su la différence entre une caisse d’avance et une caisse noire.
Mais, l’une étant prise pour l’autre par l’un et l’autre camps, apporter un éclairage objectif risque d’être perçu comme un parti-pris. Et pourtant, et pourtant… Il faut bien que cet écheveau soit démêlé, parce que trop d’intérêts et d’enjeux politiques surtout s’y affrontent contribuant à rendre l’affaire plus complexe avec des implications internationales comme cette sortie de la mairie de Paris qui excipe de ce que le maire de Dakar occupe des fonctions au sein de l’Association des maires francophones pour dénoncer l’emprisonnement de leur homologue dakarois.

Voilà une situation, un cas d’école, du genre qui fit dire au regretté Mohamed Diop, professeur de journalisme, enseignait à ses étudiants que «tout ce que deux personnes ne savent pas, mérite une enquête». Ils doivent se compter sur les doigts d’une main (au propre comme au figuré) les Sénégalais qui peuvent définir ce qui différencie une caisse noir d’une caisse d’avance de la mairie de Dakar. La balle est alors dans le camp du journaliste, à ce dernier d’investiguer. Certes, il «n’est pas celui qui sait, mais celui qui sait comment savoir», pour reprendre une maxime chère aux journalistes. Mais, qu’il est parsemé d’embûches le chemin que le professionnel de l’information doit emprunter pour accéder au savoir et à l’information.

C’est d’ailleurs ce thème de la loi sur l’accès à l’information qui a été au centre des discussions organisé jeudi dernier 14 décembre à Dakar à l’initiative conjointe du projet Excellence-Ethique-Journalisme et l’Ecole de journalisme et de métiers de l’internet (Ejicom). « Lois sur l’accès à l’information : quels enjeux pour les médias et la citoyenneté ? », a été le libellé de la rencontre qui avait regroupé des journalistes, des juristes, des organismes de défense de la liberté de presse… Au Sénégal, le journalisme d’investigation ou journalisme tout à fait ordinaire pourra rarement lever de gros lièvres tant que se dressera devant lui cet obstacle qui dénie quasiment au journaliste le droit et le devoir d’être curieux pour le compte du citoyen. «Délégation de curiosité», résume la plaquette de présentation du prestigieux prix français du reportage Albert Londres.

Mais, à notre avis, l’inexistence d’une loi garantissant au journaliste l’accès à l’information ne devrait pas être un prétexte ni un obstacle pour le professionnel dans la mesure de ce qui lui est permis. C’est si vrai que malgré l’inexistence de cette loi, d’admirables travaux d’investigation ont été menés dans ce pays. Mais, il persiste toujours une épée de Damoclès sur l’enquêteur selon qu’il ait eu accès à tel ou tel document au prétexte que celui-ci est pénalement protégé ou que sa détention par le journaliste enquêteur est assimilé à un vol de documents – protégés ou pas. 

Lors des débats au panel, réagissant à une intervention sur les controversés «chantiers de Thiès» de 2014, notamment le coût d’abattage d’un baobab tarifé à 500 mille francs, le magistrat Cheikh Bamba Niang a déploré le défaut de sagacité des journalistes qui ne sont pas allés interroger la loi sur les chantiers public au Sénégal. Cette loi, souligne M. Niang, date de… 1969 ! Il n’y a pas, au Sénégal, une loi qui réprime la surfacturation. Tout cela sur les chantiers autant que dans l’affaire Khalifa Sall - pose le problème de la capacité de tel journaliste à décrypter tel document pour en extraire une information crédible.

Jean Meïssa DIOP
 

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